Exmar en eaux plus calmes

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Après avoir frôlé le naufrage en 2020, puis avoir été rescapée par la vente, lucrative, du FLNG Tango l’an dernier, l’action Exmar navigue enfin en eaux plus calmes. Elle demeure néanmoins un investissement risqué.

Depuis le versement d’un super dividende provenant du produit de la cession du FLNG Tango à ENI, le cours oscille entre 7 et 8 euros, ce qui est loin d’être excessif à l’aune du bénéfice par action (BPA) de 1,25 euro de 2023. Ce bénéfice ne dépendant pas de transactions exceptionnelles, son versement pourrait bien avoir un caractère récurrent. Le premier trimestre de 2024 confirme la tendance : le BPA s’élève à 0,38 euro. Si l’on prend pour hypothèse un BPA de 1,25 euro, le ratio cours/bénéfice est très intéressant, à 6. Toutefois, Exmar opère dans un secteur cyclique et reste donc un investissement risqué et volatil.

Le profil de risque de l’armateur s’améliorera si les prochains résultats s’avèrent du même acabit que les derniers. Dans la division maritime, le chiffre d’affaires (CA) et le cash-flow opérationnel ont légèrement augmenté, en glissement annuel, sur l’année 2023 et au premier trimestre de 2024, grâce à des tarifs de location relativement élevés. La flotte d’Exmar transporte principalement du gaz de pétrole liquéfié et de l’ammoniac. Ce composé chimique joue un rôle important dans la transition écologique, puisqu’il permet de transporter par bateau de l’hydrogène vert produit à partir de l’énergie solaire au Moyen-Orient ou en Afrique du Nord. Ses applications sont nombreuses (conception d’engrais…). Dans les ports, il est reconverti en hydrogène. En ce qu’il sert également de carburant pour les navires, il contribue à la neutralité carbone du transport maritime. L’an dernier, Exmar a été le premier à commander deux navires-citernes à gaz qui peuvent également fonctionner à l’ammoniac ; deux navires supplémentaires, commandés en mars, seront livrés en 2026. Au total, Exmar attend désormais 10 navires-citernes à gaz.

L’entreprise mise donc sur une hausse de la demande d’ammoniac dans son secteur, même si de nombreux ports doivent encore augmenter leur capacité de stockage de ce gaz pour que les investisseurs donnent leur feu vert à des projets de production d’hydrogène vert. Exmar n’est pas non plus le seul armateur à faire construire de nouveaux navires. Les commandes de pétroliers de taille moyenne, les plus utilisés dans le secteur, représentent 24 % de la flotte mondiale. Reste à espérer que le pari de l’ammoniac sera gagnant, sans quoi on entendra vite parler de surcapacité.

La division infrastructures se porte bien aussi, avec un cash-flow opérationnel de 75 millions de dollars en 2023 et de 13 millions d’euros au premier trimestre de 2024. Tous ses actifs sont en service : le navire phare FSRU Eemshaven fait office de terminal GNL flottant aux Pays-Bas. Au Congo, Exmar fournit des services de soutien à un projet d’envergure, pour lequel l’italien ENI déploie également le FLNG Tango. Lors de la publication de ses derniers trimestriels, la direction d’Exmar a déclaré envisager de nouveaux projets tels que le FLNG Tango – autant dire qu’après le parcours chaotique de ce dernier et même s’il s’est bien vendu, les investisseurs sont inquiets.

Conclusion

Les tarifs maritimes favorables et la pleine utilisation des navires d’infrastructure permettent de pérenniser le BPA de 1,25 euro. Le ratio cours/bénéfice, à 6, reste attrayant. Mais comme l’activité d’Exmar est cyclique, nous ne pouvons nous permettre d’aller au-delà d’un conseil neutre.

Conseil : conserver/attendre

Risque : élevé

Rating : 2C

Cours : 7,4 euros

Ticker : EXM

Code ISIN : BE0003808251

Marché : Euronext Bruxelles

Capit. boursière : 442 millions EUR

C/B 2023 : 8

C/B attendu 2024 : 6

Perf. cours sur 12 mois : -32 %

Perf. cours depuis le 01/01 : -3 %

Rendement du dividende : 11 %

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