Enel : l’Europe d’abord

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En plus d’avoir renouvelé sa direction, Enel procède à des mutations géographiques et sectorielles qui semblent devoir porter leurs fruits.

La société nationale d’électricité est dirigée depuis six mois par un nouveau CEO (Flavio Cattaneo) et un nouveau CFO (Stefano de Angelis), un changement souhaité par le gouvernement italien, son principal actionnaire (23,6 %). Une décision apparemment opportune, puisque Enel a pu revoir il y a trois semaines ses bénéfices prévisionnels pour l’exercice. Quant à sa stratégie à plus long terme, elle vient d’être annoncée à l’occasion du Capital Markets Days annuel.
Enel va continuer à desservir six pays principaux, dont l’Italie et l’Espagne sont les plus importants, mais investir davantage dans les réseaux électriques et moins dans les capacités de production d’énergies renouvelables ; 75 % de ses investissements seront consacrés à l’Europe et moins de 20 %, à l’Amérique latine (45 % encore en 2020-2022). Entre 2024 et 2026, les investissements atteindront 26,2 milliards d’euros. Ces mutations géographique et sectorielle visent principalement à améliorer le profil de risque du groupe et la prévisibilité de ses résultats (les réseaux électriques sont une activité réglementée, y compris sur le plan tarifaire). Enel continuera à investir dans l’électricité verte.
Les charges d’exploitation doivent diminuer de 1 milliard d’euros par rapport à 2022, pour atteindre 5,9 milliards par an d’ici 2026. Les frais de financement (3,1 milliards cette année) vont suivre le même chemin. Le taux d’intérêt moyen sur l’encours de la dette devrait passer de 4 % à 3,8 % dans les années qui viennent, ce qui, si l’endettement diminue effectivement, correspondra à 2,5 milliards de charges de financement en 2026.
L’exercice devrait s’achever sur un endettement net de 60-61 milliards d’euros, soit un ratio d’endettement (dette nette/cash-flow d’exploitation, ou Ebitda) de 2,7-2,8. Les ventes d’actifs (8 milliards) vont faire tomber l’endettement net à 53 milliards dans les mois qui viennent, pour un ratio d’endettement qui devrait tourner autour de 2,3 en 2026. A l’issue du troisième trimestre, la direction avait relevé l’Ebitda de l’exercice à 21,5-22,5 milliards et le bénéfice net, à 6,4-6,7 milliards. Ces objectifs sont maintenus, mais les activités cédées ne contribueront bien sûr plus au bénéfice. Enel a insisté, lors de la journée des investisseurs, sur le fait que le dividende de 0,43 euro par action proposé sera le minimum et que le dividende sera augmenté chaque année à partir de 2024. Si les prévisions – réalistes – se concrétisent, l’Ebitda de la période 2024-2026 frôlera les 44 milliards d’euros, dont 26,2 milliards (nets) seront consacrés aux investissements. Subsisteront donc théoriquement quelque 17,5 milliards d’euros de flux de trésorerie disponible, qui pourront être distribués aux actionnaires. Un dividende de 0,43 euro par action coûtera à Enel moins de 4,4 milliards par an, ce qui laisse de la marge pour son augmentation progressive.

Conclusion

Sa nouvelle stratégie fait d’Enel une entreprise moins risquée, aux résultats plus prévisibles. L’accent mis sur le désendettement et la volonté d’obtenir une note ‘‘investissable’’ plus solide encore, méritent d’être soulignés. Même corrigé des cessions, le bénéfice de 2023 reste estimé à 0,59 euro par action, pour un ratio cours/bénéfice inférieur à 11. La croissance des bénéfices en 2024-2026 sera relativement modeste, mais la valorisation, le chiffre d’affaires et l’amélioration du profil de risque justifient le maintien de la recommandation d’achat.

Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 6,54 euros
Ticker : ENEL IM
Code ISIN : IT0003128367
Marché : Milan
Capit. boursière : 66,46 milliards EUR
C/B 2022 : 11
C/B attendu 2023 : 11
Perf. cours sur 12 mois : +34 %
Perf. cours depuis le 01/01 : +30 %
Rendement du dividende : 6,6 %

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