Profiter de la chute démesurée de Newmont Corporation
Vous cherchiez une bonne affaire dans le secteur aurifère ? Le cours de l’action Newmont est repassé sous la barre des 30 dollars après la publication des résultats annuels, ce qui n’était plus arrivé depuis le début de l’année 2019 – à l’époque, une once troy d’or coûtait environ 1.500 dollars, aujourd’hui, c’est plus d’un tiers de plus.
Tant le rapport annuel que les perspectives ont été mal accueillis, mais c’est surtout l’annonce de la baisse du dividende qui a provoqué le plongeon de l’action. Jusqu’à présent, Newmont distribuait chaque année un dividende ordinaire de 1 dollar (0,25 dollar par trimestre) et un dividende spécial dont le montant dépendait de l’ampleur des flux de trésorerie (pour 2023 : 0,15 dollar par trimestre, soit 0,6 dollar). C’est ce bonus qui va disparaître. Le dividende représente une dépense de 1,8 milliard de dollars, supérieure au cash-flow disponible, depuis que Newmont a acquis Newcrest (pour 17 milliards de dollars) et que partant, le nombre d’actions en circulation a augmenté. La dette nette s’élevait au 31 décembre à 8,8 milliards de dollars, montant que Newmont entend réduire le plus rapidement possible. La réduction du dividende s’inscrit dans cette stratégie. Le groupe lancera néanmoins un programme de rachat de ses actions (pour 1 milliard de dollars, en deux ans).
Newmont avait annoncé, après l’acquisition de Newcrest, vouloir céder des actifs. Nous savons désormais qu’il s’agit de six mines opérationnelles (Musselwhite, Eleonore, Porcupine, CC&V, Akyem et Telfer) et de deux projets de développement (Coffee et Havieron), qui devraient lui rapporter près de deux milliards de dollars. L’année 2023 n’a pas été terrible pour le groupe, sur le plan opérationnel. Il a eu à faire face à des problèmes techniques (dans l’usine d’Ahafo, au Ghana), sociaux (les travailleurs ont mené une grève de plusieurs mois à Peñasquito, au Mexique) et à des feux de forêt (la mine Eléonore, au Québec, a dû être évacuée). Les réductions de valeur, les coûts liés aux fermetures des mines et les dépenses liées à l‘acquisition ont entraîné une perte nette exceptionnelle de 3,21 dollars par action. Coûts exceptionnels inclus, le bénéfice s‘élève à 0,5 dollar par action, dépassant les attentes (0,46 dollar). Le flux de trésorerie d’exploitation a été positif de 2,75 milliards de dollars en 2023. La production à périmètre comparable a chuté de 6,9 % en glissement annuel, à 5,55 millions d’onces troy. Le coût total de production a grimpé à 1.444 dollars, contre 1.211 dollars par once troy en 2022, ce que la hausse du prix de vente d’une once a quelque peu compensé. La marge par once troy d‘or vendue a tout de même chuté à 510 dollars (581 dollars en 2022). Elle ne devrait pas descendre plus bas. Son niveau cette année, à l’instar de la production, dépendra du rythme de cession des actifs et de l’évolution du cours de l‘or. Se fondant sur tous les actifs qu’il détient actuellement, Newmont anticipe une production d’environ 6,93 millions d’onces troy. Le coût de production devrait à nouveau baisser, à 1.400 dollars en moyenne ; dans les actifs essentiels, il est plutôt proche de 1.300 dollars. Sur la base du prix actuel de l’or (2.040 dollars au moment où nous écrivions ces lignes), la marge devrait s’accroître.
Une nette amélioration des chiffres est à prévoir à partir de 2025, lorsque Newmont ne comptera plus que des actifs aux marges élevées. Par ailleurs, Ahafo North devrait entrer en production au cours du second semestre de 2025 (300.000 onces troy d’or attendues par an, à un coût de production total inférieur à 1.000 dollars) et en 2026 commencera l’expansion de Tanami, en Australie (600.000 onces troy dès 2027).
Conclusion
Les actionnaires n’ont pas digéré la réduction annoncée du dividende. Pourtant, la mesure vise à réduire la dette. En outre, les rachats d’actions prévus sont plutôt une bonne nouvelle, tout comme la cession prochaine des actifs devenus non essentiels ; Newmont ne se concentre plus sur les plus productifs mais sur ceux qui dégagent les plus belles marges. L’action se négocie à moins de 7 fois les flux de trésorerie attendus pour cette année et à 6 fois ceux escomptés pour 2025 (sur la base des prix actuels de l’or), soit bien en deçà de sa moyenne historique (12), en dépit de la perspective de marges plus élevées !
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 29,87 dollars
Ticker : NEM US
Code ISIN : US6516391066
Marché : NYSE
Capit. boursière : 45,3 milliards USD
C/B 2023 : 60
C/B attendu 2024 : 11
Perf. cours sur 12 mois : -31 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -27 %
Rendement du dividende : 3,3 %
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