Engie : la baisse du bénéfice n’est pas préoccupante
Pas d’inquiétude : la baisse du bénéfice est due à la baisse de la contribution exceptionnelle du pôle gestion de l’énergie. En termes sous-jacents, l’activité fait mieux que prévu. Les perspectives pour 2024 ont même été revues à la hausse.
L’interprétation des résultats d’Engie demande un peu de gymnastique cérébrale. Malgré une baisse de 7 % au premier semestre de 2024, le bénéfice net récurrent est meilleur que prévu. Le recul est dû surtout à la baisse de la contribution au bénéfice du pôle de gestion des risques pour les grands clients sur les marchés de l’énergie. Grâce à la volatilité de ces marchés en 2022 et 2023, ce pôle a profité d’une manne de bénéfices à l’époque, mais le calme est revenu et cette contribution exceptionnelle au bénéfice est en berne : elle passe de 3,1 milliards d’euros au premier semestre de 2023 à 1,9 milliard d’euros un an plus tard. La contribution annuelle au bénéfice récurrent du pôle tomberait à 1-1,5 milliard en 2026.
Le bénéfice net récurrent refluera donc en 2024 et 2025 mais les chiffres sous-jacents ne déçoivent pas. Les perspectives pour 2024 ont même été revues à la hausse : la société table sur un bénéfice net récurrent de 5 à 5,6 milliards d’euros, au lieu de 4,2 à 4,8 milliards d’euros. Cette forte révision à la hausse est crédible : Engie a déjà 3,8 milliards d’euros en poche grâce à un premier semestre excellent. Le bénéfice par action s’élèverait à 2,5 euros, soit un ratio cours/bénéfice (C/B) très attrayant de moins de 7, au cours de 15,7 euros.
La plus forte contribution au bénéfice récurrent vient des énergies renouvelables. Le groupe compte un portefeuille de 43 gigawatts. Quatre gigawatts devraient s’y ajouter cette année et l’an prochain. Pour les prochaines années, 95 gigawatts d’éoliennes et d’énergie solaire sont en préparation. Grâce aux fortes précipitations en France et au Portugal, les centrales hydroélectriques ont elles aussi fort contribué à la croissance bénéficiaire de ce pôle.
La part croissante des énergies renouvelables dans le système électrique accroît la volatilité des prix et le besoin de stockage et de back-up flexibles, pour faire face à la nature volatile de la production d’énergie renouvelable. Engie dispose d’un grand nombre de centrales au gaz naturel flexibles et d’un parc de batteries en plein essor, ce qui lui permet d’exploiter les pics de prix de l’électricité. La contribution au bénéfice des capacités flexibles a crû de 25 % au premier semestre de 2024. Les acteurs ayant, à l’instar d’Engie, un parc de production diversifié et flexible, ont une longueur d’avance grâce à la transition énergétique.
Les centrales nucléaires belges ont été les vedettes inattendues du parc de production. L’énergie nucléaire ne s’inscrit plus dans la stratégie mais au premier semestre de 2024, les centrales nucléaires ont dégagé un bénéfice d’exploitation de 770 millions d’euros, soit trois fois plus qu’à la même période l’an dernier, grâce à une disponibilité élevée et à l’extinction de la charge excédentaire.
La contribution au bénéfice de l’exploitation des réseaux de gaz naturel et de la vente d’énergie aux ménages a reculé, en raison surtout de la douceur relative de l’hiver et des économies d’énergie soutenues du côté des ménages.
Conclusion
La baisse du bénéfice n’est donc pas préoccupante. Par ailleurs, Engie est bien positionnée pour gérer la nature volatile de la production d’énergie renouvelable. Le bénéfice croîtra à nouveau à partir de 2026 et la valorisation sera très attrayante, avec un ratio C/B inférieur à 7. Nous maintenons notre conseil positif.
Conseil : acheter
Risque : moyen
Rating : 1B
Cours : 15,8 euros
Ticker : ENGI FP
Code ISIN : FR0010208488
Marché : Euronext Bruxelles
Capit. boursière : 38,1 milliards EUR
C/B 2023 : 7
C/B attendu 2024 : 7
Perf. cours sur 12 mois : + 6 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -2 %
Rendement du dividende : 8 %
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