2023, année de misères pour Sibanye-Stillwater
Tout, vraiment tout, est allé mal, pour le groupe minier, en 2023. Heureusement, il avait connu quelques belles années, lorsque les prix des platinoïdes étaient élevés, si bien que son bilan est encore relativement bon.
Sibanye Gold, aujourd’hui Sibanye-Stillwater, est né il y a 10 ans de la scission des mines d’or, en Afrique du Sud, de Gold Fields. En 2023, ces mines n’assuraient toujours qu’un quart des recettes du groupe. Sibanye-Stillwater s’est en effet diversifié dans les métaux du groupe platine (MGP ; parmi eux, le platine, le palladium, le rhodium et le ruthénium), puis, parce que les prix de ces derniers sont hautement volatils, davantage dans les métaux pour batteries (le nickel et le lithium). La direction pensait que l’or et les platinoïdes dégageraient des flux de trésorerie suffisamment abondants pour que le groupe puisse investir dans les matériaux pour batteries. Mais ce ne fut pas le cas. L’année 2023 a été catastrophique.
L’an passé en effet, le prix du palladium est repassé sous la barre des 1.000 dollars l’once troy. Début 2022, dès après l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le métal avait atteint un cours inédit de plus de 3.400 dollars. Le platine a quant à lui plongé sous 900 dollars. La demande de ces deux métaux a baissé dans le sillage du recul de celle des catalyseurs pour moteurs à combustion interne. Le groupe a par ailleurs connu de nombreux problèmes de nature opérationnelle. Les mines censées fournir des flux de trésorerie positifs ont énormément déçu. Au 3e trimestre, les mines d’or ont été tout juste rentables, et la marge d’Ebitda, ultra faible. Plus d’un tiers de l’or a été produit à perte. Pour ne rien arranger, les prix des métaux pour batteries ont chuté (-40 % pour le nickel et, par rapport à son plus haut, -80 % pour le lithium) et les coûts de production sont élevés. En Afrique du Sud, une restructuration est prévue dans les mines de platinoïdes. Quatre puits seront fermés et 4.000 personnes, licenciées. En outre, la fermeture du puits aurifère Kloof 4 a été annoncée – jusqu’à 3.000 postes sont menacés. La production d’or devrait s’établir dans le bas de la fourchette prévisionnelle (de 625.000 à 660.000 onces troy , contre 1,1 million il y a deux ans). Et même si le métal jaune a atteint des cours record, les actifs aurifères du groupe dans ce pays sont à peine rentables, puisque le coût de production total ne devrait pas y être inférieur à 2.056 dollars par once. La situation n’est pas meilleure aux Etats-Unis : à Stillwater (Montana), les coûts ont grimpé en flèche par suite des indexations salariales et d’une longue fermeture après des inondations et un incendie. Là aussi, une restructuration aura lieu. En France, la raffinerie de nickel à Sandouville est également déficitaire.
Au 1er semestre, le bénéfice net ajusté a chuté de 37 %, à 7,8 milliards de rands sud-africains (ZAR). Les résultats annuels seront publiés début mars. Comme le groupe a connu quelques belles années lorsque les prix des platinoïdes étaient élevés, son bilan est encore relativement bon. Au sortir du 1er semestre, il accusait une légère dette nette (de 262 millions ZAR, soit moins de 14 millions de dollars au cours de change actuel). Il a néanmoins eu besoin d’un surplus de liquidités au 2d semestre. Il a annoncé l’acquisition de l’américain Reldan, actif dans le recyclage des métaux (précieux). En outre, les coûts de la 2e phase du projet de lithium Keliber sont plus importants que prévu. C’est pourquoi le groupe a émis en novembre une obligation convertible échéant en 2028 afin de lever 500 millions de dollars. En septembre, il a versé un dividende intermédiaire, cependant inférieur de 62 % à celui de 2022. La politique de dividende est désormais incertaine. Le groupe distribuait entre 25 % et 35 % de ses bénéfices, mais le CEO Neal Froneman a laissé entendre en octobre que le versement d’un dividende final était peu probable.
Conclusion
Sibanye-Stillwater en a bavé, ce qui se reflète dans l’évolution du cours de son action. Laquelle est très bon marché, à moins de 0,7 fois le chiffre d’affaires et à 2,5 fois l’Ebitda. Elle ne se reprendra que lorsque les prix des métaux précieux se seront redressés et que les restructurations auront porté leurs fruits. Par ailleurs, tant que le cash-flow disponible sera négatif, le groupe devra lever de l’argent frais. Au vu de son potentiel de redressement , le titre est digne d’achat, mais c’est un investissement risqué.
Conseil : acheter
Risque : élevé
Rating : 1C
Cours : 4,49 dollars
Ticker : SBSW
Code ISIN : US8257242060
Marché : NYSE
Capit. boursière : 3,3 milliards USD
C/B 2023 : 8
C/B attendu 2024 : 11
Perf. cours sur 12 mois : -61 %
Perf. cours depuis le 01/01 : -17 %
Rendement du dividende : 4,9 %
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