Un labo pour expérimenter l’Internet des objets à l’école
La révolution de l’Internet des objets est en marche. SAM Labs ambitionne d’aider les écoles à prendre part à cette révolution. Fondée par un Belge, cette start-up londonienne commercialise des modules que les enfants connectent en quelques clics pour réaliser leurs propres objets 2.0.
Ordinateurs, smartphones, montres, assistants vocaux, etc., de plus en plus d’appareils se connectent au Web. Cette révolution de l’Internet des objets ne s’arrête pas à ces produits technologiques. Elle s’installe dans tous les objets de notre quotidien. Des lave-linges, en passant par les voitures, jusqu’aux panneaux solaires. Dans les usines, des capteurs sont progressivement installés dans les machines afin de prévenir d’éventuelles pannes et d’organiser leur maintenance. Des systèmes qu’il faut développer et installer, des données qu’il faut récolter et analyser. Cette transformation implique donc la formation de nouveaux métiers. Et les acteurs de cette nouvelle économie, ils se trouvent d’abord, aujourd’hui, sur les bancs de l’école. Joachim Horn l’a bien compris.
Ce Belge a créé SAM Labs, une start-up spécialisée dans la edtech, les technologies numériques du secteur de l’éducation. Basée à Londres, son entreprise commercialise depuis 2014 des kits pour les enfants âgés de 6 à 14 ans. Dans ces boîtes, on retrouve pêle-mêle des moteurs, des lampes, des roues, des boutons, des capteurs de luminosité, etc. Ces petits blocs peuvent ensuite s’assembler, voire upgrader les bricolages des enfants pour créer des voitures télécommandées, une alarme anti-vol pour protéger une tirelire, une carte d’anniversaire qui joue automatiquement une chanson lorsqu’on l’ouvre, un pont motorisé qui se soulève pour permettre à un bateau de passer, etc. Une application, disponible sur ordinateur, tablette et smartphone (Android, iOS, Windows, Mac, Chromebook) permet de connecter et de programmer, de manière assez intuitive, tous ces modules entre eux.
Un labo dans la classe
A la création de sa start-up, Joachim Horn visait aussi bien les enfants, que les étudiants ou les designers. Il a cependant peu à peu resserré son marché-cible aux écoles. ” L’éducation est un marché qui croît et qui est stable, explique le CEO de SAM Labs. C’est un marché qui n’est pas basé sur des modes, comme celui du jouet, mais sur un besoin émis par le gouvernement et par les profs. Nous nous concentrons sur l’apprentissage de la programmation et sur les STEAM – science technology engineering arts mathematics. Nous avons donc créé des syllabus basés sur les compétences demandées par les gouvernements. ” SAM Labs n’est donc pas qu’un jouet pour la récré, mais un véritable laboratoire dans les salles de classe. Une trentaine de leçons permettent aux élèves d’apprendre les nouvelles technologies et des matières assez classiques comme la biologie, les probabilités, la photosynthèse, etc. Des formateurs locaux, notamment en Belgique, peuvent former les enseignants avant d’utiliser SAM Labs. Il suffit d’en faire la demande via la fenêtre de conversation qui s’affiche sur le site de la société.
Les kits de modules connectés peuvent être achetés sur le site web de la start-up. Tout internaute peut donc en commander pour son propre usage. Il faut compter 154,80 euros, TVA et livraison comprises, pour l’Alpha Kit, le labo premier prix de SAM Labs. Un kit de la taille d’une boîte à tartines avec deux moteurs, deux roues, des blocs d’assemblage, un capteur de luminosité, un bouton, etc. De quoi attiser la créativité de deux à trois élèves, selon le site internet de la société. Des Team Kits pour neuf à 10 étudiants et des Classroom Kits pour 30 élèves sont aussi disponibles respectivement aux prix de 478,80 euros et 1.198,80 euros, TVA comprise. Néanmoins, la start-up s’adresse d’abord aux écoles et n’a actuellement pas vocation à distribuer ses produits au grand public via la grande distribution, voire en tissant des partenariats avec des marques de jouets. ” Les grandes sociétés de jouets nous approchent pour utiliser notre technologie, confie-t-il. Nous sommes plutôt d’avis qu’il vaut mieux se concentrer sur notre proposition de base et être au service des enseignants. Toute seconde où l’on pense à quelque chose d’autre peut être une seconde de perdue. ”
Accentuer son développement à l’international
Et, au téléphone, on sent effectivement que Joachim Horn est un homme pressé. Il doit en effet transformer sa start-up en un lingot qui pèse dans le secteur naissant de la edtech. Mais SAM Labs est déjà une pépite. Aujourd’hui, environ 1.000 écoles dans une soixantaine de pays utilisent ces modules 2.0. Ce développement devrait se poursuivre en 2018, grâce aux 6,75 millions de dollars levés en septembre 2017, notamment auprès de fonds d’investissement londoniens et hongkongais. Un marché asiatique de l’éducation ” en pleine expansion “, selon le CEO. La start-up cherche notamment deux personnes pour prendre en charge son développement en Chine.
Après des études d’ingénieur à l’Imperial College, à Londres, Joachim Horn fonde ensuite sa start-up dans la capitale britannique en avril 2014. ” Mon réseau y était plus étendu “, ajoute-t-il. Une première opération de crowdfunding sur Kickstarter permet à la start-up de récolter plus de 140.000 euros en septembre 2014, et de commencer la commercialisation de ces modules. Le développement de l’entreprise s’accélère. En 2016, une première levée de fonds permet à SAM Labs de lever 4,5 millions de dollars. Aujourd’hui, le jeune CEO – il fêtera ses 27 ans au mois de juin – est à la tête d’une équipe de 28 personnes répartie principalement à Londres, mais aussi aux Etats-Unis, à Dubaï, à Singapour, etc. Joachim Horn a vendu environ 5.000 kits depuis la création sa start-up. Le Belge parle d’une croissance de plus de 175 % par an depuis le lancement de sa société, et d’un chiffre d’affaires qui dépasse le million de livres sterling.
En 2015, une étude du bureau de conseil McKinsey estimait que 26 à 30 milliards d’objets devraient être connectés à Internet à l’horizon 2020. Selon IDATE DigiWorld, 11,2 milliards d’objets étaient connectés dans le monde en 2017. ” Nous prévoyons un taux de croissance de 10 % par an, pour atteindre un parc de 35 milliards d’unités en 2030 “, écrit Samuel Ropert, lead analyst IoT, sur le site web du think tank. Ces chiffres restent cependant des prévisions, sujettes à l’évolution du marché, et notamment de l’intégration de ces systèmes dans les industries et auprès des consommateurs. Il est en revanche certain que la révolution de l’Internet des objets ne fait que commencer, et que l’école doit prendre part à cette révolution.
35 milliards
C’est le nombre d’objets qui devraient être connectés au Web en 2030, selon Samuel Ropert, ” lead analyst ” IoT d’IDATE DigiWorld. Ils étaient 11,2 milliards en 2017.
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