Donald Trump et son plan d’action sur l’IA, une stratégie offensive pour dominer le monde

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La Maison-Blanche a dévoilé son grand plan d’action sur l’intelligence artificielle. Pas d’encadrement pour éviter les abus au programme, mais une stratégie offensive pour faire des États-Unis le leader mondial en matière d’IA.

“Les États-Unis sont engagés dans une course pour dominer l’IA à l’échelle mondiale. Celui qui disposera du plus vaste écosystème d’IA fixera les normes mondiales en la matière et en retirera d’importants avantages économiques et militaires”, peut-on lire dans l’introduction du document décrivant le plan d’action des États-Unis concernant l’intelligence artificielle.

Une introduction qui ne laisse aucun doute sur la position du président américain sur l’IA : il s’agit d’une arme stratégique pour dominer le reste du monde à plusieurs égards. Et les quelque 90 mesures comprises dans son plan ne laissent aucun doute à ce sujet. Trois axes principaux se démarquent de ce plan d’action sur l’IA.

Favoriser les États-Unis

Pour gagner la course à l’IA, la Maison-Blanche entend favoriser la construction de nouvelles infrastructures, en levant les éventuels obstacles réglementaires. De quoi faciliter l’édification de centres de données, essentiels au fonctionnement et au développement de l’intelligence artificielle, mais aussi soutenir les projets énergétiques indispensables pour répondre aux besoins croissants des data centers.

Ainsi, l’octroi de permis et d’autorisations pour de nouveaux chantiers sera simplifié. Les géants de la tech, qui ont largement soutenu le président américain durant sa campagne, peuvent se frotter les mains.

Imposer les modèles américains dans le monde

Le deuxième axe repose sur ce que la Maison-Blanche appelle la “diplomatie IA”, une expression empruntée à David Sacks, principal conseiller sur l’intelligence artificielle. L’ambition est claire : faire des États-Unis le leader incontesté à l’échelle mondiale. Pour y parvenir, le plan prévoit de mobiliser deux leviers financiers dédiés au commerce international : l’Agence américaine de développement et de financement (FDC) et la Banque américaine d’import-export.

“Pour gagner cette course, il faut que les modèles (américains d’IA) soient utilisés dans le monde entier”, a plaidé Michael Kratsios, directeur des questions scientifiques et technologiques à la Maison-Blanche. “L’IA américaine doit être le standard de référence”, a-t-il insisté.

Des ambitions qui soulèvent pourtant des problèmes, car les États-Unis ne veulent pas que les modèles d’IA américains renforcent des concurrents étrangers. Le pays “est actuellement le leader mondial en matière de construction de centres de données, de performances matérielles et de modèles informatiques », indique le plan, cependant “il est impératif que les États-Unis exploitent cet avantage pour former une alliance mondiale durable, tout en empêchant nos adversaires de profiter de nos innovations et de nos investissements. »

Le document évoque de ce fait la mise en place de contrôles à l’exportation des puces d’IA, sans les détailler précisément.

Lutter contre les biais idéologiques

Le troisième axe reflète une autre des grandes priorités idéologiques du président américain : la lutte contre les politiques de diversité et d’inclusion (DEI). Il en a fait l’une de ses grandes promesses de sa campagne et l’a mise à exécution dès son retour dans le bureau ovale : mettre un terme aux politiques de discrimination positive dans le pays. Une position que certains géants de la tech ont suivie pour rester dans les bonnes grâces de Donald Trump. Voilà qu’elle intervient dans la stratégie de développement de l’IA.

Selon la Maison-Blanche, l’objectif est de garantir que les systèmes d’IA soient objectifs et respectueux de la liberté d’expression. “Nous devons veiller à ce que la liberté d’expression prospère à l’ère de l’IA, et à ce que l’IA acquise par le gouvernement fédéral reflète objectivement la vérité, plutôt que des programmes d’ingénierie sociale”, peut-on lire dans le plan.

Dans ce cadre, plusieurs mesures visent à “éliminer les références à la désinformation, à la diversité, à l’équité, à l’inclusion, et au changement climatique”. Il est notamment prévu d’interdire aux agences, ministères et services fédéraux d’acquérir des logiciels d’IA générative présentant ce type d’orientation.

Une position qui pourrait avoir pour effet pervers de freiner le développement de l’IA aux États-Unis, mettent en garde des experts, rapporte TechCrunch. En effet, certaines entreprises pourraient être tentées d’adapter leurs modèles pour répondre aux exigences politiques de la Maison-Blanche, dans l’espoir d’obtenir des financements fédéraux et de poursuivre leurs travaux.

Deux visions qui s’opposent

Le plan d’action sur l’IA présenté par Donald Trump tranche avec celui de l’Union européenne et son AI Act. Tandis que l’Europe cherche à encadrer le développement de l’intelligence artificielle pour éviter les abus – quitte à ralentir l’innovation, comme l’ont déploré plusieurs entreprises –, les États-Unis veulent, eux, sécuriser leur avance et affirmer leur suprématie.

Le développement de l’IA y est ainsi envisagé sous l’angle d’une conquête technologique, commerciale et militaire, quitte à ignorer les risques sociétaux qu’elle pourrait engendrer.

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