Starlink, l’internet par satellite à prix compétitif

L’approche commerciale de Starlink rappelle celle de Tesla, autre entreprise dirigée par Elon Musk. © SOPA Images/LightRocket via Getty Images
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Le service Starlink est proposé à des tarifs désormais concurrentiels vis-à-vis des opérateurs nationaux comme Proximus, Orange ou Telenet.

Il n’y a aucune publicité, aucune promotion pour Starlink, en Belgique. Ce service de SpaceX, l’opérateur de fusées d’Elon Musk, commercialise un accès à internet à grande vitesse (jusqu’à 220 Mbps) à destination du grand public et des entreprises. Il vise une clientèle située dans des zones mal couvertes par les opérateurs traditionnels, quasi partout en Amérique, en Europe, en Australie, dans certains pays asiatiques et africains. Starlink est constitué d’une galaxie de plus de 6.300 satellites opérationnels, la plus importante sur le marché, qui grandit chaque semaine (https://satellitemap.space).

Cela fait au moins deux ans que le service est disponible en Belgique. Il est devenu plus intéressant pour le grand public car les prix ont été abaissés au niveau du marché de la connexion rapide, à 50 euros par mois, contre 99 euros auparavant, soit au niveau des tarifs de Proximus, Orange ou Telenet.

Starlink pourrait grignoter des parts de marché, mais de manière encore limitée. La nécessité d’acheter et d’installer une antenne dans un site dégagé constitue un frein pour ceux qui habitent en ville, dans des immeubles. “Cela a moins d’intérêt, sauf comme backup, estime Benoît Stockard, patron de Stockard, Satellite & Network, une entreprise basée à Loyers. Il faut pouvoir poser l’antenne.” Mais en dehors des centres urbains, dans des habitations isolées, pour des entreprises, sur des sites moins bien desservis, le service Starlink propose partout un accès rapide et stable.

Cet été, lors d’un voyage dans les Alpes françaises, nous avons pu voir le résultat, à un restaurant situé au col du Pré, dans le Beaufortain. Aucun opérateur télécom ne le desservait. Le patron de l’établissement a installé une antenne Starlink sur le toit pour avoir le wifi et pouvoir faire fonctionner son terminal de paiement.

Idéal dans les zones sans fibre

Il n’y a pas de montagne en Belgique, mais il existe encore des zones moins bien couvertes en dehors des grands centres urbains. Starlink apporte une performance supérieure aux connexions ADSL traditionnelles proposées par Proximus, mais la fibre, qui est en cours de déploiement, propose des performances supérieures à celles du satellite. Proximus vend des abonnements pour la fibre jusqu’à 2 Gbs, 10 fois la vitesse de Starlink, à un tarif toutefois plus élevé (77,99 euros), et 500 Mbps pour l’abonnement le plus courant, Internet Maxi Fiber, à 62,99 euros (hors promo). Même chose pour le câble amélioré que déploient Telenet et Orange (Voo) (mix fibre/câble).

Pour cela, il faut bénéficier de la fibre. Proximus couvre 38% du marché (481.000 lignes à la fin juin), mais elle est déployée en priorité dans les zones densément peuplées. En dehors de celles-ci, poser de la fibre n’est pas rentable. Une collaboration entre opérateurs pour partager l’infrastructure dans ces zones est réglementairement possible, mais il n’y a pas encore beaucoup de détails concrets sur ce point délicat. Ce qui ouvre une perspective pour Starlink.

En France, la question des zones blanches est encore plus aiguë qu’en Belgique. Ce marché est donc encore plus intéressant pour cet opérateur, qui y pratique, pour le grand public, un tarif moindre qu’en Belgique : 40 euros par mois pour un abonnement sur un lieu fixe.

Service nomade

Le service fonctionne avec une antenne spécifique à commander sur le site de l’opérateur, chez Amazon ou Coolblue. En Belgique des entreprises fournissent le service aux autres entreprises. L’antenne standard revient à 349 euros chez Coolblue. Elle doit être posée sur un toit ou sur une surface ouverte sur le ciel.

Un service nomade, à 72 euros par mois, en illimité, est aussi proposé pour un usage mobile, partout en Belgique et en Europe (deux mois maximum hors du pays), ou à 50 euros pour 50 Go par mois. Il est adapté pour des camping-cars et fonctionne dans une maison de campagne, sur des chantiers et même lorsqu’on est en mouvement (jusqu’à 160 km/h). Starlink vient d’ailleurs de sortir une antenne compacte, Mini, qui pourrait élargir ce marché. Elle tient dans un sac à dos. Un service pour les bateaux, plus cher, à partir de 289 euros par mois, est également disponible.

Un contrat d’amour libre

L’approche commerciale rappelle celle de Tesla, autre entreprise dirigée par Elon Musk. Les tarifs, fixés pays par pays, peuvent varier sans préavis selon la perception du marché par Starlink. Il n’y a pas d’engagement à long terme : on peut très bien s’abonner quelques mois, arrêter puis reprendre. Les contrats sont très particuliers, genre amour libre. “Avec Starlink, vous bénéficiez d’une entente équitable qui va dans les deux sens. Starlink peut ajuster les modalités et les prix au besoin et vous pouvez annuler à tout moment, sans justification”, indique le site.

Pour l’heure, Starlink reste un petit opérateur. Fin septembre, il a annoncé avoir quatre millions d’abonnés, ce qui est modeste pour une entreprise à couverture quasi mondiale. Il ne publie pas de chiffres financiers. Payload Research estime ses ventes en 2024 à 6,6 milliards de dollars (soit environ 6 milliards d’euros), exactement celles de Proximus en 2023.

Starlink est promis à une forte croissance dans l’accès internet résidentiel et d’entreprise. Certains opérateurs nationaux commencent à revendre ses services, comme Bouygues, en France, pour les entreprises. Il a conclu des accords avec des pays africains et asiatiques.

L’avion et la téléphonie mobile

Starlink est encore un jeune opérateur. Actif depuis 2021, il a encore pas mal de projets. Il développe l’accès rapide à internet pour tous les pays qui en autorisent l’usage. Mais il évolue vers d’autres services.
Starlink cherche à fournir l’internet rapide à des compagnies aériennes. Le groupe Air France veut proposer ce service gratuitement lors de ses vols. Starlink entend aussi lancer un service pour connecter directement les téléphones portables, au standard LTE/4G, sans modification, dans les zones blanches, aussi bien pour les SMS, les appels ou pour les objets connectés.
Les modalités de ce service ne sont pas encore claires. Comme le service devra être facturé et conforme aux régles nationales, il supposera peut-être un accord avec des opérateurs locaux. En Europe, Starlink a passé un accord avec l’opérateur suisse Salt et aux États-Unis avec T-Mobile.

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