Rocket Internet investit 6 millions dans la start-up belge Take Eat Easy
Spécialisée dans la livraison de repas à domicile, la start-up belge Take Eat Easy vient de lever 6 millions d’euros pour se déployer à l’international. Parmi les investisseurs, on trouve Rocket Internet, ce géant allemand coté en Bourse qui place sérieusement ses pions dans le marché de la livraison.
Encore une start-up belge prometteuse ! La jeune entreprise Take Eat Easy, fondée en septembre 2013 en Belgique, vient de convaincre plusieurs gros investisseurs d’injecter 6 millions d’euros dans la start-up, dont Rocket Internet (notamment connu pour Zalando) qui est entré en Bourse l’an passé. Un montant élevé pour une si jeune pousse mais qui témoigne, à la fois d’un futur prometteur et d’un besoin d’accélérer la cadence.
Take Eat Easy propose la livraison à vélo (!) de repas provenant de restaurants. L’utilisateur télécharge l’application et se voit proposer les restaurants participants (une centaine à Bruxelles) qui sont situés à moins de 3km de son emplacement. Il passe sa commande et un livreur (indépendant) va chercher le repas et le livre au domicile du client. Le modèle de Take Eat Easy est basé sur la commission. La start-up prend 30% de commission sur l’addition du client, une commission volontairement moins élevée que celle des acteurs concurrents, de sorte à convaincre plus facilement les restaurateurs (déjà très sollicités par de multiples services) de travailler avec eux. Les frais de livraison, eux, sont payés par le client. Mais à 3,5 €, une partie du prix des livreurs est clairement subsidiée par Take Eat Easy.
Un marché mûr
Une délicate alchimie pour parvenir à tirer son épingle du jeu financièrement ? Pour Quentin Nickmans, entrepreneur dans le numérique et ancien fondateur du service RestoPresto (revendu à Resto-In), “le marché est super hot aujourd’hui car il a énormément changé. Depuis RestoPresto au début des années 2000, les technologies (et essentiellement le mobile) ont totalement évolué et permettent aujourd’hui de simplifier les processus logistiques. Par le passé, dialoguer avec le livreur devait se faire par SMS, joindre le restaurateur par fax ou par téléphone… et c’était source d’erreurs et de difficultés. Aujourd’hui, les process sont simplifiés et l’essentiel se passe de manière automatique au travers de la plateforme qui permet un accès simple et sûr à l’information. Dans ce business c’est primordial.” Quentin Nickmans souligne aussi qu’actuellement, le marché des livreurs est nettement plus mûr, notamment grâce aux services comme Djump, Uber, etc. Et Take Eat Easy a développé une technologie lui permettant de déterminer la manière la plus précise de livrer le repas à l’heure souhaitée par le consommateur.
Reste bien sûr un double défi : faire du volume et aller vite pour prendre le marché. Les marges dans l’activité dans laquelle Take Eat Easy évolue ne sont pas gigantesques (et sont aussi grignotées par les frais de paiement et la subsidiation des livreurs). La start-up a donc besoin de livrer un maximum de repas. Non seulement pour amortir ses coûts mais également pour continuer à convaincre les restaurateurs et les livreurs de signer/continuer avec elle. Et prendre le lead sur un marché qui bouge. La firme l’annonce clairement, le but consiste à devenir “numéro 1 de la livraison de repas de qualité à domicile en Europe”. Pour cela, la start-up entend grandir rapidement en Belgique, et entame également son déploiement à l’international. A Paris depuis l’an passé, Take Eat Easy vise l’ouverture d’autres villes comme Madrid, Berlin et Londres. En fin 2014, Les Echos évoquait un volume d’affaires d’un million d’euros, dont la start-up prendrait 30%.
Rocket Internet : la consolidation de la livraison
L’arrivée de Rocket Internet, DN Capital et Piton Capital, pour 6 millions d’euros vont aider Take Eat Easy. Car bien sûr, à l’inverse des start-up de logiciels, le développement international de Take Eat Easy est gourmand en capital. Si la plateforme existe, il reste à monter une équipe et à financier les démarches marketing et commerciales ainsi que l’opérationnel dans chaque nouvelle ville. Boostée par l’arrivée de cet argent frais, la start-up belge de 20 personnes aujourd’hui devrait passer à 50 employés d’ici fin de cette année.
Pour le groupe Rocket Internet, mettre un pied dans Take Eat Easy n’est qu’un (petit) pas de plus pour lui permettre de continuer la consolidation d’un marché qui l’intéresse particulièrement : la livraison de repas. Ces derniers temps, le groupe a fondé le “Global Online Takeaway Group” et réalisé plusieurs opérations stratégiques pour assoir ses positions dans le domaine de la livraison. En mars, Rocket Internet a augmenté à 40% sa participation dans Delivery Hero (un groupe présent dans 29 pays mais pas en Belgique) pour un montant de 52 millions d’euros. L’Allemand a aussi injecté 104 millions d’euros dans Foodpanda et pris des participations dans Yemeksepeti en Turquie, et d’autres acteurs à travers le monde (Talabat, La Nevera Roja, Pizzabo). Au total, selon Rocket Internet, le groupe (via Global Online Takeaway Group) est déjà actif dans 71 pays (et N°1 dans 58 d’entre eux) et enregistrerait 84 million de commandes par an… La prise de participation dans le petit belge Take Eat Easy ne serait donc pas un coup au hasard…
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