Pourquoi Threads, l’anti-Twitter, n’est pas lancé en Europe

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Alors qu’il réalise un solide carton d’audience à travers le monde (déjà 100 millions d’utilisateurs en moins d’une semaine), Threads, le nouveau réseau social lancé par Meta, freine son lancement sur le Vieux Continent.

Les geeks européens sont dans l’incompréhension. Le nouveau réseau social lancé par Meta, la maison mère de Facebook, n’est pas encore disponible chez nous. Pourtant, Threads (c’est son nom) fait déjà un carton en matière d’audience. En cinq jours, pas moins de 100 millions de personnes se sont inscrites sur ce nouveau concurrent de Twitter (chiffre arrêté à l’heure d’écrire ces lignes).

Ce produit digital est une émanation d’Instagram, lui-même propriété de Meta, qui permet de partager des con- tenus textes avec son entourage. Le groupe de Mark Zuckerberg s’insinue très clairement dans la cour de Twitter qui souffre, depuis son rachat par Elon Musk, d’une mauvaise image, de décisions floues et d’une dépréciation de l’expérience utilisateur.

Visiblement, les internautes de plus de 100 pays se sont montrés curieux. En quelques jours, l’audience de ce nouveau réseau social a atteint un tiers de celle de Twitter! Mais Threads n’est pas encore disponible chez nous ni dans aucun des Etats membres de l’Union européenne.

Une amende salée

La faute à la réglementation européenne. Entre le RGPD et le DMA (Digital Market Act), Meta semblerait avancer avec prudence pour éviter de revivre les nombreux déboires qu’elle a pu rencontrer avec l’utilisation des données qu’elle récolte. Pour rappel, Meta a été condamnée à une amende de 1,2 milliard d’euros par le régulateur irlandais pour avoir enfreint les règles sur la protection des données (RGPD) voici quelques mois. Or, afin d’arriver à 100 millions d’utilisateurs, Threads s’est appuyé sur les données des utilisateurs d’Instagram pour les inciter à ouvrir un nouveau compte.

Il semble que Threads se base aussi sur des données sensibles partagées par les utilisateurs d’Instagram afin d’affiner son (futur) modèle publi-citaire. Il s’opposerait en cela à la réglementation européenne, et serait donc susceptible faire l’objet de sanctions. Pour être en phase avec les réglementations du Vieux Continent, les équipes de Threads devraient aussi, semble-t-il, développer certaines fonctionnalités techniques, comme la possibilité de supprimer son compte sans devoir supprimer celui d’Instagram. Ce qui n’est apparemment pas possible pour l’instant.

Néanmoins, la plupart des experts sont convaincus de l’arrivée prochaine de l’appli chez nous. Ce ne serait qu’une question de temps. Car le modèle de Threads est celui de la pub. Et c’est aux Etats-Unis et en Europe que ce type de modèle se révèle le plus rentable auprès des annonceurs…

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