Pourquoi la Silicon Valley a peur du chinois DeepSeek
Pour la première fois, une intelligence artificielle débarque en force en provenance de l’Empire du Milieu et pourrait rebattre pas mal de cartes sur le marché de l’IA avec une approche à l’opposé des géants américains de la tech.
Nvidia qui perd 10 % à l’ouverture du Nasdaq, ASML qui en perd 11. Les fabricants de puces, comme les géants de la tech, ont la tremblote. Le microcosme de l’intelligence artificielle, qui a pourtant le vent en poupe et dont la croissance affiche des taux insolents, est en émoi aujourd’hui. La raison ? Une baleine bleue… ou plutôt la firme chinoise dont c’est le logo : DeepSeek débarque avec de nouveaux modèles de langage (LLM) hyper puissants et caracole en tête des téléchargements.
DeepSeek ? C’est la première intelligence artificielle en provenance de Chine qui témoigne d’une vraie ambition internationale. Jusqu’ici, en effet, les modèles d’IA chinois sont plutôt restés cantonnés au territoire de l’Empire du Milieu. Or, l’arrivée de DeepSeek change la donne. Surtout que cette nouvelle IA se positionne, technologiquement, de manière très différente des ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google) ou CoPilot (Microsoft). Contrairement aux géants américains, DeepSeek a développé des modèles performants en optimisant l’utilisation de ressources limitées, défiant ainsi les normes établies dans le domaine de l’IA.
Peu d’infrastructures, donc coûts réduits
Elle utilise un nombre de puces bien plus limité en s’appuyant sur des algorithmes optimisés. Cela signifie que DeepSeek a besoin de nettement moins de ressources matérielles et d’infrastructures lourdes. Ce qui, non seulement, lui permet de débourser beaucoup moins… Pas étonnant que les marchés s’inquiètent pour la croissance de Nvidia, qui s’est positionné comme le fournisseur quasi exclusif des entreprises spécialisées en IA. DeepSeek aurait déboursé à peine 5,6 millions de dollars pour développer son nouveau modèle, une infime fraction des sommes colossales engagées par les géants américains de la tech, Meta en tête.
Vitesse accrue d’entraînement de l’IA
De plus, l’approche de DeepSeek lui permettrait d’aller très vite. En deux mois, la firme chinoise serait en mesure d’entraîner ses modèles, avec des performances qui, pourtant, seraient totalement comparables aux leaders du marché.
Approche open source favorisant la collaboration
Contrairement à certaines grandes entreprises qui privilégient des modèles propriétaires, DeepSeek a adopté une stratégie open source. En rendant ses modèles accessibles à la communauté, l’entreprise encourage la collaboration et l’innovation partagée, permettant à d’autres chercheurs et développeurs de contribuer à l’amélioration continue de ses technologies. Pas étonnant, du coup, que cela puisse déranger OpenAI puisque les modèles de DeepSeek peuvent être utilisés gratuitement par ceux qui le souhaitent.
Pas qu’un chatbot
DeepSeek ne se limite pas à être un simple chatbot auquel les utilisateurs peuvent envoyer des prompts pour obtenir des réponses et des documents. Il s’agit d’une plateforme d’intelligence artificielle qui permet de développer des agents conversationnels avancés, des chatbots intelligents et des assistants virtuels sur mesure.
Comment DeepSeek en est arrivé à proposer cette approche collaborative et moins gourmande ? Probablement en voulant jouer l’innovation pour contourner les restrictions américaines sur l’exportation de puces avancées vers la Chine, qui avaient pour objectif de freiner le développement de l’IA chinoise. Cette percée soudaine de DeepSeek, qui vient de se classer dans le top des téléchargements sur les boutiques d’applications pour smartphones, est comparée à un « moment Spoutnik » par Marc Andreessen, investisseur de renom aux États-Unis. Cela en référence au lancement du satellite soviétique du même nom, qui avait marqué le démarrage de la course à l’espace entre les USA et l’URSS. « DeepSeek R1 constitue l’une des percées les plus incroyables que j’aie jamais vues », a commenté l’investisseur américain sur les réseaux sociaux.
« La Chine rattrape les USA en IA », commente, de son côté, Laurent Alexandre, observateur de l’univers de l’IA. « Cette concurrence inattendue va accélérer la démocratisation de l’intelligence, qui va devenir gratuite. » Et il en profite pour égratigner nos politiques et notre Vieux Continent : « L’Europe sort de l’histoire à toute vitesse. Bruxelles ne comprend rien à l’IA. Notre logiciel politico-économique est bon pour la poubelle. »
Intelligence artificielle
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