Pourquoi bloquer ChatGPT n’a déjà plus de sens

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Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

L’Italie bloque temporairement le chatbot intelligent d’OpenAI tandis qu’Elon Musk et plus de 1.000 experts internationaux demandent un moratoire autour des IA avancées, réclamant d’abord une réglementation. Cette option semble peu réaliste.

Les progrès des intelligences artificielles (IA) capables de générer des textes et des images continuent d’affoler la planète et inquiètent toujours plus de monde. Les tentatives pour les freiner se multiplient. En janvier déjà, la ville de New York avait interdit l’accès à ChatGPT dans ses établissements scolaires après avoir constaté que toujours plus d’étudiants s’en “inspiraient” pour leurs devoirs.

Plus récemment, les autorités italiennes ont décidé de bloquer le robot conversationnel. Raison invoquée? Le logiciel ne respecterait pas la législation sur les données personnelles et ne prendrait pas les mesures nécessaires pour vérifier l’âge des utilisateurs. La firme américaine OpenAI, qui a créé ChatGPT, aurait 20 jours pour se conformer aux exigences italiennes. D’autres pays seraient aussi en train de réfléchir à des interdictions.

“Non seulement c’est infaisable mais, en plus, c’est dangereux.”

Mais “les pays qui bloqueront les IA génératives deviendront le Zimbabwe de 2080, observe Laurent Alexandre, auteur et observateur avisé du secteur. On sait que l’intelligence artificielle augmente la productivité des cadres supérieurs. Les entreprises dans ces pays perdraient des marchés et seraient obligées de déménager. Aucun chercheur ne resterait dans des pays sans IA.”

Tout le monde ne partage pas forcément cet avis. Une lettre ouverte signée par des grands pontes internationaux de la technologie veut aussi bloquer les IA très avancées (mais surtout ChatGPT) parce que suscitant beaucoup d’interrogations tant sur les plans économique (quel impact sur le monde du travail? ) qu’éthique et philosophiques (quel contenu est-il réel? vrai? fiable? ).

Cette lettre réclame un moratoire de six mois au moins sur le développement de ces robots, le temps qu’une réglementation puisse encadrer ces évolutions technologiques. Au total, 1.400 personnalités se sont engagées dans cette lettre. Parmi elles: pas mal de concurrents de ChatGPT mais aussi Elon Musk, qui a annoncé son intention de créer un rival de ChatGPT.

Cette idée de moratoire semble toutefois peu réaliste. Comment s’assurer de son suivi? A qui s’adressera-t-il? Les développeurs d’intelligences artificielles en Chine accepteraient-ils de se mettre en pause? “Cela n’aura pas lieu, analyse Laurent Alexandre. Non seulement c’est infaisable mais, en plus, c’est dangereux. Parce qu’à la fin de ce moratoire durant lequel on aurait cessé d’entraîner l’IA, on injecterait des quantités de nouvelles données sans connaître l’impact que cela aurait… Quelles capacités émergentes inconnues pourrait-on découvrir?”

Laurent Alexandre estime qu’OpenAI “a probablement entre 6 et 12 mois d’avance sur la concurrence. Il vaut mieux avoir une seule société très en avance dans l’IA: si elle détecte un problème majeur, elle sera encore susceptible de freiner les choses. Le jour où 10 sociétés en concurrence en seront au même stade avancé, aucune ne voudra freiner”.

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