OpenAI présente son réseau social, Sora : l’IA amplifiera-t-elle les dérives en ligne ?

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OpenAI lance son premier réseau social. Une copie quasi parfaite de TikTok qui met, sans surprise, l’intelligence artificielle générative – vidéo, en l’occurrence – au cœur de l’expérience. Avec elle, l’entreprise de Sam Altman pose plusieurs questions sur l’avenir des réseaux sociaux, mais aussi sur leurs dérives potentielles.

La société de Sam Altman a officialisé la nouvelle version de son générateur vidéo et audio, Sora 2. Au programme, des améliorations notables, bien entendu, mais ce qui a surtout retenu l’attention, c’est l’application dédiée, Sora, qui se présente comme un véritable réseau social. 

Ce dernier reprend tous les codes de Facebook, Instagram ou X, mais surtout de TikTok, puisqu’il repose sur un flux continu de vidéos à faire défiler, influencé par le comportement de chaque utilisateur. “Vous pouvez créer, remixer et faire apparaître vous-même ou vos amis sur la scène grâce à des camées, le tout dans un flux personnalisable conçu spécialement pour les vidéos Sora”, s’enthousiasme OpenAI à propos de son application.

Une application sociale qui interroge sur la pertinence de l’une de ses grandes fonctionnalités, Cameo, mais aussi sur l’avenir des réseaux sociaux tels qu’on les connaît aujourd’hui.

Place au deepfake, mais “fun”

À l’instar de Vibes, la nouvelle rubrique de Meta AI, Sora permet aux utilisateurs de partager des vidéos créées à l’aide de son moteur génératif Sora 2. Rien de révolutionnaire jusque-là ; c’est en réalité la fonctionnalité « Cameo » qui retient l’attention. Cet outil offre la possibilité d’incruster son propre visage ou sa voix dans des vidéos produites par l’IA, ouvrant ainsi la voie aux deepfakes.

Pour limiter les abus, OpenAI impose un enregistrement vidéo et audio unique afin de vérifier l’identité des utilisateurs et d’autoriser l’usage de leur image. En théorie, impossible donc d’importer le visage d’une célébrité sans son consentement.

Mais le système soulève déjà des inquiétudes : un utilisateur peut partager son caméo avec des amis – voire avec d’autres membres du réseau – qui pourront l’intégrer dans leurs propres créations. OpenAI parle de « magie sociale », mais comment garantir que l’image d’un utilisateur ne sera pas exploitée pour le tourner en ridicule ?

Le contenu pornographique est bien évidemment interdit, mais l’inventivité des internautes en matière de contournement des règles demeure une source d’inquiétude.

Limitations et modèle économique

OpenAI annonce des mesures pour protéger les adolescents : limitation du défilement infini, désactivation possible de la personnalisation algorithmique, gestion des messages privés via ChatGPT. Mais ces options restent peu connues et dépendent de la vigilance parentale.

L’application et la création de vidéos sont gratuites au lancement, afin de séduire un maximum d’utilisateurs. OpenAI prévoit toutefois une facturation pour certaines créations vidéo lorsque la demande deviendra plus importante.

Actuellement, Sora est disponible uniquement sur invitation, sur iOS, et limitée aux États-Unis et au Canada. Aucun calendrier n’a été annoncé pour Android ni pour l’Europe, mais le service devra sans doute affronter les règles strictes de l’Union européenne sur la gestion des données biométriques et le respect du RGPD.

Un tournant pour les réseaux sociaux

L’entrée d’OpenAI sur le terrain des réseaux sociaux n’est pas vraiment une surprise : la rumeur circulait depuis des mois. Mais le pari sur lequel repose Sora – la création de vidéos générées par IA – soulève des questions sur l’avenir des plateformes sociales. L’annonce tombe d’ailleurs peu après celle de Meta et de sa rubrique Vibes, dédiée exclusivement aux contenus IA.

Une question s’impose : et si, demain, la quasi-totalité du contenu des réseaux sociaux était produite par des machines ? Les utilisateurs resteraient certes aux commandes, mais l’authenticité humaine se verrait reléguée derrière un flux ininterrompu de vidéos artificielles. La créativité et l’expression personnelle risqueraient alors de s’effacer, remplacées par des contenus uniformisés, automatisés et dénués de véritable voix humaine.

Plus préoccupant encore : cette production facilitée pourrait accélérer la propagation des dérives déjà connues – désinformation, discours haineux, uniformisation des corps et amplification des stéréotypes. Renforçant toujours plus les effets négatifs des réseaux sociaux…

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