OpenAI : quand l’intelligence artificielle menace la création humaine

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OpenAI n’est plus simplement l’entreprise qui a bouleversé notre manière de chercher, d’écrire ou d’apprendre. La société américaine semble désormais vouloir redéfinir le processus de création elle-même, devenant d’une certaine façon co-autrice.

Les ambitions d’OpenAI ont-elles une limite ? Rien n’est moins sûr. C’est du moins l’impression qui se dégage lorsqu’on prend un peu de recul pour observer l’étendue des projets portés par la société de Sam Altman. Car au-delà de ChatGPT et de ses multiples déclinaisons – intégrées désormais à Atlas, le navigateur Internet d’OpenAI, ou à Sora, sa plateforme de génération vidéo – l’entreprise travaillerait à un nouveau terrain d’expérimentation : la création musicale par intelligence artificielle.

Selon des informations révélées par The Information, OpenAI développerait actuellement une application capable de générer de la musique à partir de simples instructions textuelles, ouvrant ainsi une nouvelle ère dans la production sonore assistée par IA.

Quand l’IA devient compositeur

Le principe serait simple : composer de la musique à partir d’un simple prompt textuel, à la manière dont Sora génère des vidéos. Mais la nouvelle application serait également capable de générer de la musique à partir de pistes vocales existantes : ajouter une guitare, ajuster un rythme, générer une harmonie, selon une source proche du dossier. OpenAI aurait d’ailleurs fait appel à des étudiants de la prestigieuse école Juilliard pour annoter des partitions et enrichir la base de données musicale. Une manière d’éviter toute polémique liée à l’exploitation d’œuvres protégées.

Ce n’est pas la première incursion d’OpenAI dans la musique. En 2019 et 2020, la société avait déjà expérimenté MuseNet et JukeBox, deux modèles prometteurs, mais restés confidentiels. Le marché des IA musicales est déjà bien établi, avec les populaires Suno et Udio, mais aussi Google avec Lyria, un modèle de création musicale de deuxième génération.

Le rêve d’un studio créatif universel

Mais le projet d’OpenAI laisse entrevoir une ambition bien plus large : celle de proposer un véritable écosystème créatif complet, capable de répondre à tous les besoins – des utilisateurs individuels jusqu’aux grandes agences de communication.

Avec cette future application, les marques pourraient imaginer une campagne publicitaire de A à Z : créer une histoire, concevoir une identité visuelle – photo et vidéo –, puis générer le jingle et la musique associés au produit.

Un tel modèle offrirait un double avantage à la société : fidéliser ses quelque 800 millions d’utilisateurs actifs et diversifier ses sources de revenus, tout en consolidant sa position dominante dans l’économie de la création numérique.

La créativité en question

Cette nouvelle frontière soulève une question fondamentale : jusqu’où l’intelligence artificielle peut-elle se substituer à l’humain dans le processus créatif ? Vient également s’ajouter la question désormais centrale : l’IA ne va-t-elle pas remplacer les créatifs ? Les musiciens et compositeurs y verront sans doute une menace pour leur métier – d’autant plus si leurs œuvres sont utilisées, même indirectement, pour entraîner les modèles. L’enjeu dépasse la simple innovation technologique : il touche à la valeur de la création, à la propriété intellectuelle et, plus largement, à la définition même de l’art.

OpenAI se défend d’une ambition démesurée. Sam Altman affirme qu’il voit dans l’IA un “outil pour accroître la productivité humaine” plutôt que pour « remplacer totalement les humains ». Mais à mesure que ses outils deviennent plus puissants, la frontière entre assistance et substitution devient floue.

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