Nouvelles aides à la presse : les lecteurs doublement floués

© Belga

Le gouvernement veut revoir les aides à la presse. Afin d’augmenter les subsides destinés aux éditeurs de journaux, le gouvernement propose de supprimer le subside pour les éditeurs de magazines. Un traitement inégal qui hypothèque la diversité des médias.

De nouveaux éléments ont percolé sur le projet de loi de crédit d’impôt pour la presse. Pour mémoire, avec la non-reconduction du contrat de distribution de journaux et magazines à la fin de l’année dernière, il a été décidé que bpost pourrait continuer à distribuer les journaux jusqu’en juin 2024 (pour 75 millions d’euros). Ensuite, les éditeurs auront droit à un crédit d’impôt jusqu’en 2026, à hauteur de 50 millions d’euros par an, destiné à la distribution de la presse dans des zones peu peuplées (225 habitants par km2).

Les éditeurs francophones (au vu de la topographie, trois quarts des fonds vont vers les éditeurs francophones), moins solides financièrement que les néerlandophones, font pression sur leurs élus, notamment PS et Ecolo, pour revoir le chiffre de ce crédit d’impôt à la hausse, souligne De Tijd.

Quelles mesures ?

Ce lundi, un membre du gouvernement a donc émis une nouvelle proposition, en kern. Celle-ci reste dans le budget des 50 millions d’euros – les libéraux refusant de revoir le montant total à la hausse. Afin d’augmenter les subsides destinés aux éditeurs de journaux, le gouvernement propose ainsi de supprimer le subside pour les éditeurs de magazines, détaille De Tijd. Une idée qui était pressentie, mais qui se confirme.

Les éditeurs de journaux recevraient 10 millions d’euros en plus. L’intervention, par journal distribuée dans une zone blanche, serait élevée à 85 cents. Et ces zones blanches seraient même revues à la hausse : le minimum ne serait plus 225 habitants par km² mais 325. La zone couverte par l’accord passerait ainsi de 13% à 22% du territoire – double bonus pour les éditeurs de journaux.

Soutien politique ?

De Tijd apprend que les partenaires de gouvernement sont plutôt d’accord avec la proposition. Les libéraux estiment qu’il faut vérifier si l’aide n’est pas abusive – car 85 cents par journal, c’est plus que le prix facturé par les distributeurs. Ecolo, via le vice-Premier et ministre de la Mobilité Georges Gilkinet, semble plutôt contre. Le ministre plaide pour revoir l’enveloppe totale à la hausse, à 70 millions d’euros.

Le prochain rendez-vous, en kern, aura lieu mercredi.

Qu’est-ce qui changerait pour les lecteurs ?

Pour les lecteurs de journaux, rien ne changerait. Ils recevraient toujours leurs journaux et échapperaient à une hausse des prix. Mais pour les lecteurs de magazines qui se comptent en centaines de milliers, tout changerait. Les éditeurs de magazines n’auraient pas d’autres choix que d’augmenter les prix.

Par la voix de Xavier Bouckaert, président de l’association faîtière We Media et CEO de Roularta, les éditeurs de magazine expliquaient ce week-end qu’il est faux de penser que la distribution de magazines serait moins chère car elle n’a pas (toujours) lieu tôt le matin. Ceux-ci rappellent aussi que le prix du papier journal est en baisse, mais que le prix du papier magazine reste, quant à lui, toujours très élevé.

Ils ajoutent qu’une suppression des subsides serait un désavantage concurrentiel énorme et retarderait la transition numérique indispensable des magazines. Les coûts de distribution étant en hausse, les sommes disponibles pour investir dans la transition en pâtiraient. Les lecteurs de magazines seraient donc doublement désavantagés : autant ceux qui reçoivent la version papier que ceux qui lisent le contenu en ligne.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content