Naviguer avec une IA : la nouvelle guerre des géants du web

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Le lancement de Claude for Chrome par Anthropic confirme une nouvelle tendance majeure : les navigateurs web deviennent le terrain stratégique où les géants de l’intelligence artificielle veulent imposer leurs agents conversationnels.

Améliorer les modèles de langage et les fonctionnalités des IA générationnelles ne suffit plus dans la course à l’intelligence artificielle. Désormais, les acteurs du secteur doivent aller plus loin pour ancrer toujours plus profondément leur produit dans le quotidien des utilisateurs. Et quoi de mieux pour cela que de les intégrer aux navigateurs web, véritable porte d’entrée à Internet, afin d’en faire de vrais assistants à la navigation ?

Une démarche déjà adoptée par le leader du secteur, OpenAI, avec ChatGPT Agent, un assistant intelligent multitâche qui a pour vocation d’aider les internautes à remplir des formulaires en ligne, réserver des vacances après avoir comparé les offres grâce à son accès à Internet ou encore mener des recherches financières approfondies en vue d’une présentation.

Microsoft a suivi le mouvement avec son mode Copilot directement intégré à son navigateur web Edge, contrairement à ChatGPT Agent. Ce mode vise à ce que l’utilisateur délègue des tâches à l’IA, comme extraire et comparer des informations à partir de plusieurs onglets ouverts.

Avant cela, Google avait également présenté des fonctionnalités allant dans ce sens, à savoir la possibilité que son intelligence artificielle Gemini puisse consulter, voire interagir avec les pages Internet visitées. Mais ce projet, toujours en développement, n’est pour l’instant disponible qu’à certains abonnés américains et les possibilités sont limitées.

Et la firme de Mountain View pourrait bien se faire une nouvelle fois devancer, avec l’arrivée d’une extension pour son navigateur qui va plus loin que ce qu’elle propose : Claude for Chrome.

Un assistant à la navigation

Développée par l’entreprise américaine Anthropic, cette extension transforme l’agent conversationnel Claude en assistant à la navigation. Sous la forme d’un panneau latéral, il peut “voir” ce que l’internaute consulte sur Chrome et réaliser des actions concrètes telles que rechercher les cinq meilleures options de logement pour un séjour dans une ville et afficher les résultats.

“Nous avons passé les derniers mois à connecter Claude à votre calendrier, à vos documents et à de nombreux autres logiciels. La prochaine étape logique est de permettre à Claude de travailler directement dans votre navigateur”, a écrit Anthropic sur son site.

Fondée par d’anciens employés d’OpenAI, la start-up américaine ne propose pour l’instant son agent qu’à un millier d’abonnés « Max ». L’extension reste cependant en phase de test, nécessitant encore des validations manuelles de la part des utilisateurs pour limiter les risques de sécurité. La startup reconnait en effet que Claude for Chrome est encore sensible aux attaques, “certaines vulnérabilités doivent encore être corrigées avant que nous puissions généraliser l’utilisation” de l’extension, précise Anthropic.

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Une bataille stratégique

Avec cette extension, la startup américaine confirme une tendance : le navigateur devient la plateforme d’exécution privilégiée des IA multitâches. De plus, les agents conversationnels se développent, ils agissent, réalisent des tâches, des recherches à la place de l’utilisateur et organisent les résultats.

Les enjeux sont clairs : fluidifier l’interaction avec l’utilisateur et se rendre toujours indispensable. Mais prendre part à la navigation web des internautes représente également une opportunité stratégique de capter de nouvelles données comportementales. À cela s’ajoute le fait que les navigateurs Internet restent encore aujourd’hui la porte d’entrée vers le web et qu’en y occupant une place, les géants de l’IA s’assurent une certaine forme de contrôle.

Or, cette nouvelle bataille des acteurs du secteur de l’IA s’inscrit dans un contexte particulier. Le leader des navigateurs web, Google, fait face à une procédure antitrust historique aux États-Unis. Le groupe pourrait être contraint de céder son navigateur, ce qui rebattrait totalement les cartes. Et bien que les candidats à son rachat soient nombreux – Perplexity a déjà formulé une offre de rachat spontanée de 34,5 milliards de dollars, et OpenAI s’est également dit intéressé -, la course aux agents à la navigation pourrait être le début de quelque chose de plus important encore : l’arrivée de nouveaux navigateurs Internet dopés à l’IA.

Perplexity a déjà lancé les hostilités avec son navigateur Comet, doté d’un agent d’IA capable de décharger les utilisateurs de tâches. Et il ne serait pas le seul : OpenAI travaillerait également sur un projet similaire, basé bien évidemment sur l’IA. De quoi amener à une véritable révolution sur le marché.

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