Meta change de cap : vos publications Facebook et Instagram vont entraîner son IA

Illustration. © Getty Images
Christophe Charlot
Christophe Charlot Journaliste

Désormais, la firme de Mark Zuckerberg utilisera l’ensemble de vos données publiques pour améliorer Llama, son IA maison. Un changement alors que jusqu’ici elle ne le faisait pas. Voici pourquoi.

C’est un virage radical pour Meta. Après avoir freiné l’exploitation des données européennes en raison de la réglementation stricte sur le Vieux Continent, le géant de la tech change de cap : désormais, vos publications et commentaires publics sur Facebook et Instagram serviront désormais à entraîner ses IA (intelligences artificielles), dont Llama. Un changement de posture qui replace l’Europe au cœur de la stratégie IA du groupe californien.

Ce revirement intervient un mois après le lancement de Meta AI dans l’Union européenne, jusque-là retardé par les autorités de protection des données. L’année dernière encore, Meta avait renoncé à exploiter les données européennes face aux incertitudes réglementaires. Mais entre-temps, la firme de Mark Zuckerberg a obtenu un feu vert implicite du Comité européen de la protection des données, qui a validé son approche comme conforme au RGPD.

Les utilisateurs européens des produits Meta recevront dans les jours qui viennent une notification les informant que leurs contenus publics pourront être utilisés pour entraîner les IA de Meta. Tous les contenus sont concernés sauf les données privées, les messages privés et les publications des mineurs… 

Par défaut, Meta utilisera les données pour entraîner ses IA et c’est seulement si l’utilisateur le refus qu’elle ne le fera pas. C’est une stratégie jugée agressive par beaucoup que l’on qualifie d’opt-out. Il faut explicitement remplir un formulaire d’opposition pour que vos données ne soient pas utilisées.

Pression concurrentielle

Meta justifie cette décision par un impératif d’adaptation culturelle : selon le géant, pour que son IA fonctionne efficacement en Europe, elle doit comprendre les langues, expressions et références locales. Pour cela, l’IA aurait besoin d’engloutir des contenus pour mieux comprendre le marché t être capable de mieux répondre aux utilisateurs.

Mais en réalité, Meta a surtout besoin d’affiner encore et toujours son modèle d’IA alors que la concurrence avance à grand pas. Google, OpenAI et X d’Elon Musk avancent rapidement, adaptent leurs IA et veulent aller toujours plus loin pour tenter d’empocher le juteux marché de l’IA générative. Tout est bon, pour faire mieux, et plus vite que les autres. Ayant de nombreuses plateformes et des quantités de données, Meta veut mettre toutes les chances de son côté. Dans ce cadre-là, se passer des données européennes n’aurait pas beaucoup de sens.

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