Malgré une infrastructure à la traîne, la Belgique ne s’en sort pas si mal question transition numérique
La Belgique est parmi les bons élèves européens en termes de transition numérique des entreprises et des services publics, mais pointe un bilan mitigé quant aux compétences numériques de sa population et à l’infrastructure, ressort-il jeudi du premier Belgian Digital Economy Overview, une étude annuelle du SPF Économie sur la transition numérique en Belgique.
Cette étude est menée dans le cadre du Digital Decade Policy Programme (DDPP), un programme destiné à convertir l’Union européenne en leader numérique d’ici à 2030. Chaque pays de l’UE doit envoyer tous les deux ans sa feuille de route autour de quatre axes: les compétences numériques, les infrastructures, la transition des entreprises et des services publics.
Un bilan provisoire montre les “bons” résultats de la Belgique en 2022, ont révélé jeudi la présidente du SPF Économie Séverine Waterbley et le secrétaire d’État à la Digitalisation Mathieu Michel.
Commerce électronique
Les Belges sont ainsi friands du commerce en ligne avec plus de trois quarts de la population ayant déjà réalisé un achat sur Internet en 2022. Plus de 28% des PME belges proposent par ailleurs des achats en ligne, soit 6 points de pourcentage de plus que la moyenne européenne. Une confirmation de la transition numérique des entreprises, précise le SPF Économie.
Plus l’entreprise est grande, plus celle-ci est susceptible de proposer une plateforme d’achat sur internet, pointe encore le rapport. La transition numérique des entreprises se confirme encore dans l’adoption des technologies du nuage (cloud), de l’intelligence artificielle et du “big data”, trois domaines dans lesquels les sociétés belges sont au-dessus de la moyenne européenne, précise le SPF Économie. En termes de cybersécurité, également, les entreprises belges assurées contre ce type d’incidents sont plus nombreuses que la moyenne de l’UE.
Fracture numérique
La fracture numérique se résorbe par ailleurs, confirme Séverine Waterbley. En 2022, moins de 4% de la population belge ne s’était jamais connectée à internet, contre 15% voici dix ans. “Il existe toutefois des disparités selon le sexe, l’âge et le niveau d’éducation“, ajoute-t-elle. Ainsi, les femmes, les personnes âgées de plus de 55 ans et les individus peu qualifiés ont plus de difficultés à accéder à internet.
Selon le SPF Économie, près de quatre Belges sur dix n’ont toutefois pas les compétences numériques de base, comme l’a déjà évoqué un précédent rapport de la Fondation Roi Baudouin.
“On l’a constaté avec la prime énergie. Nous avons mis en place un système de formulaire en ligne et estimé que 15% de la population belge risquait de ne pas le remplir. Finalement, plus de 35% de la population ne l’a pas fait, notamment en raison des difficultés à inclure en annexe leur facture d’électricité”, prend comme exemple Séverine Waterbley. “Cela confirme que nous devons encore travailler pour permettre à tout le monde d’accéder au monde du numérique.” En effet, si au niveau des compétences numériques de base, la Belgique se situe dans la moyenne européenne, ce taux reste encore loin des objectifs émis par la Commission européenne pour 2030.
Pourtant, l’accès à Internet est de plus en plus élargi. Plus de 94% des ménages ont une connexion à domicile, soit près de 4 points de pourcentage de plus qu’en 2020. Parmi les ménages avec enfants, ce taux grimpe même à près de 99%. Les prix des abonnements à internet est toutefois un point qui fait l’objet de discussions. “C’est une préoccupation de ma collègue au gouvernement Petra De Sutter, qui discute avec les opérateurs pour permettre des offres plus accessibles. Et l’arrivée d’un quatrième acteur sur le marché des télécoms permettra un marché plus concurrentiel pour faire baisser les prix”, estime Mathieu Michel. “Il y a aussi le tarif social étendu dès le 1er mars qui permettra aux personnes les plus précarisées de pouvoir obtenir une connexion à un prix bien plus favorable“, ajoute Séverine Waterbley.
Fibre optique
Le point noir du rapport concerne les infrastructures. La Belgique est la dernière de l’UE concernant le déploiement de la fibre optique et parmi les mauvais élèves sur la 5G.
“Des investissements colossaux sont mis en place pour rattraper le retard et mener des recherches sur la 6G”, pointe Mathieu Michel.
“Petra De Sutter, en charge des Télécoms, fait un travail remarquable, et je suis certain que cette inquiétude autour des infrastructures s’effacera dans les prochaines années, voire prochains mois.”