L’ultra-fin trace la voie des smartphones de demain

Le Galaxy Z Fold 7 de Samsung sera commercialisé en Belgique, au prix de 2.099 euros. © PG

Après l’IA à toutes les sauces, les constructeurs de smartphones misent désormais sur un critère plus visible : la finesse extrême. Cette nouvelle tendance pourrait-elle redéfinir le design et la technologie des téléphones portables, ou s’agit-il d’un simple argument marketing ?

Distinguer les smartphones est devenu difficile. Design, fonctionnalités et performances se ressemblent, que ce soit dans le premium ou l’entrée de gamme. Même les constructeurs ont du mal à se différencier. Quelques initiatives sortent du lot, c’est notamment le cas de la marque britannique Nothing et son approche semi-transparente de ses produits, mais elles restent marginales.

Et l’émergence des fonctionnalités d’intelligence artificielle, reposant pour la majorité sur Gemini, l’IA générative de Google, n’a fait que renforcer cette idée d’homogénéisation croissante. Mais une nouvelle tendance émerge quant à l’aspect physique des téléphones, celle de l’ultra-fin. Une révolution en marche qui succède à celle des téléphones pliables, et pourrait transformer les smartphones dans leur ensemble.

2025, une année de grande finesse

Il n’y a pas à dire, l’ultra-fin est véritablement la tendance de cette année, et cela pourrait n’être que le début. Samsung a été le premier à lancer les festivités en janvier, en dévoilant un aperçu de son smartphone “le plus fin” jamais créé, le Galaxy S25 Edge (5,8 mm d’épaisseur) lors de son événement Unpacked. Deux mois plus tard, le Mobile World Congress de Barcelone (le plus grand rendez-vous au monde dédié aux technologies de télécommunication) mettait en lumière cette tendance, avec le constructeur chinois Tecno et son prototype Spark Slim (5,75 mm).

Mais c’est du côté des modèles pliables que les choses se sont véritablement mises en place avec un premier modèle signé Oppo, le Find N5 et ses 4,21 mm à plat et 8,93 mm lorsqu’il est plié, commercialisé en février uniquement en Chine, suivi par Honor et son Magic V3 (4,35 mm à plat, 9,2 mm plié), bientôt remplacé par le Magic V5 (4,1 mm / 8,8 mm). Une tendance qui s’est poursuivie en juillet avec l’annonce du nouveau smartphone pliable de Samsung, le Galaxy Z Fold 7 et ses 4,2 et 8,9 mm.

La rumeur veut d’ailleurs que la finesse soit l’une des principales nouveautés du prochain smartphone d’Apple, lequel devrait logiquement être présenté en septembre prochain. Reste une question : au-delà de l’effet “waouh” que l’on peut instinctivement reléguer à un argument marketing, quel est l’intérêt réel d’un smartphone ultra-fin pour les consommateurs ?

Un enjeu crucial pour les pliables

Pour les smartphones classiques, cette évolution reste en partie un argument marketing. Mais dans le cas des appareils pliables, l’enjeu est plus stratégique. Car ces derniers, une fois repliés, sont plus épais que les téléphones traditionnels, ce qui nuit à leur adoption – en plus d’autres aspects, comme leur prix, bien évidemment. Proposer des modèles plus fins permettrait non seulement de les rendre moins encombrants, mais aussi plus légers – deux freins majeurs pour le grand public jusqu’ici. Cela améliorerait ainsi leur ergonomie et prise en main.

Pour reprendre l’exemple du Galaxy Z Fold 7 de Samsung récemment dévoilé et dont la commercialisation en Belgique, au prix de 2.099 euros, est assurée, il est aussi fin (ou épais, c’est selon) que le dernier smartphone haut de gamme du constructeur chinois OnePlus. Le tout pour “seulement” 215 g, soit 4 g de moins que le Galaxy S25 Ultra et 24 g de moins que son prédécesseur (239 g). Une différence plus que notable en poche. La finesse apporte un avantage réel, tant en poids qu’en confort, même pour les smartphones classiques.

Des concessions techniques

La finesse apporte un avantage réel, tant en poids qu’en confort. Mais cette quête de finesse a un prix, au sens propre comme au figuré. Réduire l’épaisseur d’un smartphone, c’est aussi réduire l’espace disponible pour ses composants. Sur le Galaxy S25 Edge – seul smartphone “standard” ultra-fin commercialisé à ce jour –, Samsung a ainsi sacrifié un capteur photo et réduit la capacité de la batterie. Une concession d’autant plus difficile à justifier que le modèle est vendu 1.249 euros, soit un tarif qui le place entre le Galaxy S25 et le S25 Ultra.

La problématique touche également la dissipation thermique. Moins de volume signifie moins de surface pour faire circuler la chaleur, ce qui peut impacter les performances en usage intensif. La durabilité pose aussi question : plus un appareil est fin, plus il semble fragile, même si les constructeurs jurent avoir renforcé les matériaux.

La finesse était déjà un argument marketing il y a 15 ans, avant que puissance et autonomie prennent le pas.

En opposition aux téléphones conventionnels, la recherche de finesse extrême dans les téléphones pliants n’est pas aussi pénible. Que ce soit du côté de Oppo, Honor ou Samsung, on trouve trois capteurs photo, dont un de 200 mégapixels pour le Z Fold 7 – une amélioration qui pourrait compenser l’un des autres aspects négatifs de ce type d’appareils : les performances photographiques. Et les constructeurs chinois sont même parvenus à préserver l’autonomie dans leur quête de finesse grâce à l’utilisation de batteries au carbone-silicium plutôt qu’au lithium-ion, avec des capacités impressionnantes. Reste à voir pour la gestion de la chaleur, bien sûr.

Les batteries au carbone-silicium, clé de l’ultra-fin

Dans les batteries au carbone-silicium, le graphite utilisé dans les anodes des batteries lithium-ion classiques est partiellement remplacé par du silicium, capable d’absorber beaucoup plus d’ions lithium. Résultat : une densité énergétique plus élevée dans un volume plus compact – un atout pour les smartphones ultra-fins. Mais la technologie reste imparfaite. Les anodes 100% silicium présentent toujours trop de problèmes : gonflement à la charge, cycles de vie réduits, risque de surchauffe. Les constructeurs optent donc, pour l’instant, pour des anodes composites, mêlant graphite et silicium. C’est un compromis judicieux en attendant que le 100 % de silicium devienne plus stable et durable.

Une révolution par nécessité

La finesse n’est pas une nouveauté : elle était déjà un argument marketing il y a 15 ans, avant que puissance et autonomie prennent le pas. Mais le retour à la finesse ne signe pas un simple revival esthétique : il impose aux constructeurs de faire preuve d’ingéniosité. Pour conserver des performances élevées dans des formats réduits, les fabricants doivent repenser l’architecture interne, les matériaux, la dissipation thermique, voire inventer de nouveaux composants. En ce sens, la tendance de l’ultra-fin pourrait catalyser de véritables avancées technologiques dans l’ensemble du secteur, avec des composants toujours plus fins. L’utilisation de batteries au carbone-silicium n’est que le début.

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