Les Strava Jockeys, ces coureurs rémunérés de l’ombre

Les Strava jockeys sont des coureurs – le plus souvent à pied ou à vélo – rémunérés pour enregistrer leurs activités sportives sur l’application Strava, mais au nom d’autres utilisateurs. Ces derniers peuvent ainsi afficher des performances sportives sans avoir à les réaliser eux-mêmes.
L’expression Strava jockeys serait apparue en Indonésie en 2024 pour désigner des individus rémunérés afin d’effectuer des activités sportives à la place d’autres utilisateurs sur l’application.
À l’origine, ce phénomène concernait surtout de jeunes coureurs, souvent en situation précaire, qui proposaient leurs services. Mais il s’est rapidement exporté en Europe et au Royaume-Uni.
Comment cela fonctionne-t-il ?
Via des annonces publiées sur les réseaux sociaux, un client contacte un Strava jockey pour louer ses services. La démarche est ensuite relativement classique : il suffit de préciser le type de course souhaitée, la distance à parcourir, l’allure à maintenir, puis de se mettre d’accord sur la rémunération.
Enfin, le client fournit l’accès à son compte Strava au jockey, qui enregistre alors l’activité comme s’il en était l’auteur.
Combien coûte ce service ?
Étant donné la nature officieuse de cette pratique, il n’existe pas de grille tarifaire officielle. Le prix dépend essentiellement de la course demandée : une course de fond à allure rapide coûtera logiquement plus cher qu’un simple jogging du dimanche.
« Pour vous donner une moyenne, on est autour de 20 à 30 euros pour du 10 km/h », confiait un étudiant au Figaro. Le journal précise également qu’il existe des tarifs progressifs, en fonction de l’allure : « Cela peut aller de 1 euro/km pour une allure de 5 min 30/km (soit 10 euros pour 10 km), à 3 euros/km pour une allure de 4 min 20/km (soit 30 euros pour 10 km). »
Des tarifs confirmés par L’Équipe, qui évoque une moyenne de 12 euros pour une sortie à vélo.
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Diverses motivations
Les Strava jockeys sont bien souvent des étudiants sportifs qui y voient un moyen d’arrondir leurs fins de mois.
Quant aux utilisateurs qui louent leurs services, leur motivation principale est généralement de maintenir ou améliorer leurs statistiques, ou encore impressionner leur entourage. Cédant à la pression sociale et numérique, certains cherchent simplement à renvoyer l’image d’un mode de vie sain et équilibré. Le phénomène s’inscrit dans une logique de mise en scène identique à celle des autres réseaux sociaux.
L’expression bien connue « Si ce n’est pas sur Strava, ça n’existe pas » alimente cette quête de performance visible, sous-entendant que si une activité sportive n’est pas enregistrée, elle n’a aucune valeur.
Dans certains cas plus anecdotiques, les motivations varient. Des étudiants interrogés par Le Figaro rapportent notamment qu’un patron du CAC40 aurait eu recours à un jockey pour répondre à une recommandation médicale… sans avoir ni le temps ni l’envie de s’y conformer. Un autre client aurait engagé un jockey comme alibi pour rejoindre sa maîtresse. Ces cas restent toutefois marginaux.
Véritable fraude ?
Dans la majorité des cas, il s’agit simplement de personnes souhaitant afficher des performances flatteuses pour leur ego ou leur cercle social. Mais cette pratique soulève néanmoins des questions éthiques sur l’authenticité des performances partagées en ligne, voire des enjeux de fraude dans certaines compétitions.
Si le risque de falsification dans des épreuves officielles reste faible – la présence physique du coureur à l’arrivée rendant la triche quasi impossible – il existe un danger dans les compétitions virtuelles sponsorisées, où l’enjeu financier peut être réel et où l’identité des participants est plus difficile à vérifier.
Les grands marathons comme ceux de New York ou de Londres ne sont donc pas concernés.
Strava, de son côté, n’est pas restée passive. Depuis mai 2024, la plateforme utilise l’intelligence artificielle pour détecter les performances suspectes. En cas de triche avérée, des sanctions sont prévues : suppression de l’activité concernée ou suspension du compte, selon le site sportif U-Trail.
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