Les coûts cachés de l’IPTV: des abonnements attractifs, mais à quel prix?
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Regarder des centaines de chaînes pour quelques euros par mois? L’IPTV illégal séduit toujours plus d’utilisateurs. Mais derrière cette offre alléchante se cachent des risques majeurs…
L’IPTV, ou « Internet Protocol Television ». est une technologie qui, entre de mauvaises mains, peut être détournée pour donner un accès clandestin à des centaines de chaînes (normalement payantes). Le tout, illégalement. Si la pratique séduit par ses prix cassés, souvent bien inférieurs aux abonnements légaux des fournisseurs classiques, elle n’est pas sans risque pour le consommateur…
L’IPTV, qu’est-ce que c’est?
À l’origine, la technologie est tout à fait légale. Contrairement aux services TV traditionnels, qui utilisent le câble ou les satellites, l’IPTV retransmet des programmes via le réseau Internet. Concrètement, il donne la possibilité de choisir ce que l’on veut regarder, n’importe quand et n’importe où.
L’IPTV est donc une forme d’accès à la télévision, et non pas une box pirate. Le problème réside plutôt dans l’usage que l’on fait de la technologie.
Quand l’IPTV devient illégal
Certains pirates informatiques exploitent cette technologie pour détourner les signaux de chaînes payantes ou pirater des abonnements officiels. Ils récupèrent ces flux et les revendent sous forme d’abonnements IPTV illégaux, accessibles via des plateformes clandestines.
Un véritable marché parallèle s’est développé autour de ces services:
- Des revendeurs en gros regroupent ces chaînes en offres illégales et les hébergent sur des serveurs étrangers.
- Des intermédiaires, souvent déguisés en installateurs, achètent ces abonnements en gros et les revendent à des particuliers via des sites frauduleux, les réseaux sociaux ou le bouche-à-oreille.
Le tout, à des prix défiant toute concurrence… mais avec des risques majeurs pour les utilisateurs.
Derrière ces tarifs alléchants, des risques
Comme il s’agit d’une pratique illégale, rien ne garantit la protection des consommateurs. Ceux-ci se frottent à divers risques, tant financiers que judiciaires…
Une pratique punissable par la loi
Ce business clandestin, bien que lucratif, est sous le radar des forces de l’ordre. Récemment, un vaste réseau IPTV illégal impliquant plus de 22 millions d’utilisateurs a été démantelé en Europe.
Même si, en pratique, ce sont surtout les hackers et pirates qui sont menacés de représailles judiciaires, les consommateurs aussi s’exposent à des sanctions légales en y ayant recours. « Certes, sur les plans pénal et civil, ils ne constituent pas une priorité de la politique criminelle de la justice belge. Notons pourtant qu’en Italie, la justice a condamné près d’un millier d’utilisateurs » prévient la police belge. « En outre, les polices française et italienne ont annoncé, à la suite de la saisie de matériel dans le cadre d’opérations chez des hackers, qu’il leur sera plus aisé de remonter aux clients. »
En théorie, les consommateurs risquent une mise en demeure les obligeant à cesser l’utilisation de leur IPTV. S’ils ne coopèrent pas, ou en cas d’actions policières plus frontales, ils risquent une amende allant de 500 à 100.000 euros, et même une peine de prison de 5 ans.
Des risques en matière de cybersécurité
Les plateformes illégales ne respectent aucune réglementation en matière de protection des données. Les utilisateurs renseignent leurs coordonnées bancaires ou leur adresse e-mail sur des sites douteux, les exposant au vol de données, aux arnaques et au phishing.
Bien entendu, ces risques dépendent des caractéristiques de l’appareil et des systèmes de protection face aux malwares:
- Risque d’espionnage, de mise sur écoute ;
- Vol d’informations bancaires ;
- Diffusion des données à caractère personnel.
« Ces logiciels malveillants peuvent aussi se propager au sein du réseau domestique dans un contexte où les objets connectés se multiplient et servir aux vols et à la fraude d’identité », ajoute la police belge.
Un manque de qualité et un service instable
Les serveurs IPTV illégaux sont souvent saturés, ce qui entraîne des ralentissements, des coupures en plein film ou des pertes de qualité d’image. Certaines offres nécessitent un VPN (souvent payant) pour fonctionner correctement, augmentant encore le coût total. De plus, comme ces services sont illégaux, ils peuvent être coupés ou piratés, obligeant l’utilisateur à racheter un nouvel abonnement ou changer de fournisseur.
Lutter contre le phénomène
L’IPTV illégal, sous couvert d’économies, peut donc en réalité coûter bien plus cher. Et pourtant, le phénomène prend de l’ampleur en Belgique. En 2023, on dénombrait quelque 571.000 utilisateurs en Belgique, selon DAZN, le détenteur des droits du football belge. Soit 6,8% de la population.
Face à ce phénomène grandissant, RTL Belgium et la RTBF unissent leurs forces pour intensifier la lutte contre le piratage, qui met en péril leurs activités. Mais la répression seule ne suffira probablement pas: sensibiliser les consommateurs aux dangers et aux conséquences de ces abonnements illégaux est tout aussi essentiel.
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