Entre OpenAI et Microsoft, la rupture s’accélère

Microsoft Chairman and CEO Satya Nadella speaks in front of the OpenAI logo at the Microsoft Build 2025, conference in Seattle, Washington on May 19, 2025. (Photo by Jason Redmond / AFP) (Photo by JASON REDMOND/AFP via Getty Images)

Les relations entre OpenAI et Microsoft se sont nettement détériorées ces derniers mois. Tout du moins, les deux partenaires ne semblent plus partager la même vision de leur avenir commun. Plusieurs signaux laissaient entrevoir un désamour et un nouveau projet d’OpenAI vient confirmer que l’entreprise pense d’abord à son avenir en solitaire.

Le partenariat historique entre OpenAI et Microsoft est en train de basculer vers une rivalité. En cause : l’intégration de fonctionnalités par ChatGPT qui empiètent directement sur le terrain de Microsoft 365. OpenAI chercherait à intégrer à son IA des outils de création de feuilles de calcul et de présentations, selon The Information. Ces fonctions viendraient concurrencer Excel et PowerPoint de Microsoft. Difficile d’imaginer que le géant américain voit ce projet d’un très bon œil.

Un début gagnant-gagnant

Tout avait bien commencé en 2019. Microsoft avait alors investi un milliard de dollars dans OpenAI et lui avait fourni son cloud Azure pour entraîner ses modèles. Mais c’est surtout en janvier 2023, après le lancement de ChatGPT et la frénésie qui a suivi sur le marché technologique, que leur idylle a pris de l’ampleur.

En investissant cette fois 10 milliards de dollars, Microsoft s’est assuré un accès privilégié aux modèles d’OpenAI. Cela lui a permis de lancer rapidement Copilot, son IA maison.. OpenAI a, de son côté, gagné en visibilité et en liberté financière. Elle a ainsi pu séduire d’autres investisseurs tout en gardant son avance technologique.

Des ambitions divergentes

Si les premiers mois de leur relation rapprochée ont été portés par un enthousiasme mutuel et généralisé pour l’IA, les tensions n’ont pas tardé à apparaître. Très vite, OpenAI a montré des signes d’indépendance vis-à-vis de son principal bailleur de fonds.

L’entreprise a aussi annoncé son projet de changer de statut. Elle veut mettre de côté sa mission d’origine (“l’IA pour le bien de l’humanité”) pour devenir une société à but partiellement lucratif. Sa branche commerciale pourrait être transformée en entreprise à vocation sociale, facilitant de futures levées de fonds et ouvrant la voie à une entrée en bourse.

Mais la quête d’indépendance d’OpenAI ne s’arrête pas à l’aspect financier. La société cherche également à diversifier ses partenariats technologiques, notamment en explorant d’autres fournisseurs cloud, comme Google.

Elle n’est d’ailleurs pas la seule à se lasser de son partenariat. Microsoft, de son côté, cherche à développer ses propres modèles d’intelligence artificielle ou à s’associer à des développeurs tiers pour réduire sa dépendance à OpenAI. Le géant américain l’a avoué à demi-mot lorsqu’il a présenté sa suite de logiciels dopés à l’IA, 365 Copilot. Elle travaille “sur l’ajout de modèles d’intelligence artificielle internes et tiers pour alimenter son produit phare d’IA Microsoft 365 Copilot”, avait-elle déclaré en janvier. Une diversification liée à des préoccupations concernant les coûts et les performances pour les clients d’entreprise.

D’alliés à concurrents

Cela n’empêche pas Microsoft de vouloir garder une certaine forme de mainmise sur OpenAI. Ces tensions expliqueraient l’échec du rachat de Windsurf par OpenAI. Microsoft y voyait une menace pour GitHub Copilot (un assistant de codage alimenté par l’IA), l’un de ses produits stratégiques, justement propulsé par OpenAI.

Le développement de concurrents à Excel et PowerPoint pourrait lui aussi renforcer les crispations. Ces logiciels, qui font partie du cœur de l’offre Microsoft 365 Copilot, représentent une manne financière importante. Les voir concurrencés par un ChatGPT de plus en plus polyvalent n’est sans doute pas du goût de Redmond.

Une cohabitation sous tension

En parallèle de ces frictions, une clause de l’accord actuel crispe Microsoft. Dans l’état actuel du contrat, la firme de Redmond bénéficie d’un accès à la propriété intellectuelle d’OpenAI jusqu’en 2030. Mais une disposition permettrait à cette dernière de couper l’accès à ses modèles dès lors qu’elle estime avoir atteint une forme d’intelligence artificielle générale (AGI) jugée bénéfique pour l’humanité.

Problème : cette reconnaissance serait laissée à la seule appréciation d’OpenAI. Un flou juridique qui suscite l’inquiétude de son partenaire.

Une séparation inévitable ?

Pour l’heure, les deux entreprises restent contraintes de poursuivre leur collaboration, ne serait-ce que par interdépendance technique.

C’est d’ailleurs pour cette raison que les deux parties se retrouvent régulièrement autour de la table des négociations, selon diverses sources, pour tenter de maintenir ce qu’il reste de leur bonne entente, mais cela s’avère de plus en plus compliqué. Car oui, tout porte à croire que le divorce n’est plus qu’une question de temps.

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