Intelligence artificielle: comment remettre l’Europe au cœur du jeu et… sauver l’humain

Emmanuel Macron se joue des images de lui, détournées par l'IA. ©Alexandre MARCHI.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

Le président français Emmanuel Macron marque un coup avec son “sommet mondial” de l’IA. Mais l’humain ne sera plus au coeur de la société du futur, dit le docteur Laurent Alexandre. Et l’Europe doit décider d’un “cadre plus agile” si elle veut réussir, soutient Fabrice Brion (I-Care).

Emmanuel Macron se démultiplie sur le front de l’intelligence artificielle. Certes, le président français se cherche de “nouveaux terrains de jeu” au vu de sa marginalisation dans le paysage politique français. Du renouveau du musée du Louvre à la réindustrialisation en passant par l’IA, il mise désormais sur le long terme et ces chantiers qui vont modifier les équilibres.

En organisant un sommet mondial sur l’intelligence artificielle, il marque un coup. “Nous avons les talents et les atouts pour réussir dans l’intelligence artificielle, plaidait-il dimanche soir, en lever de rideau.. Bonne nouvelle: les entreprises françaises et étrangères annoncent 109 milliards d’euros d’investissements en France dans l’IA. C’est historique.”

Une IA “humaine”?

Tout à tour, le président insiste sur son partenariat avec le Canada pour une IA “éthique et responsable”, met en avant la production d’électricité propre permettant des “data centers propres” ou clame l’attractivité pour les jeunes: “On n’a jamais eu autant de jeunes dans nos formations scientifiques. En France, on forme aujourd’hui 40 000 jeunes par an aux métiers de l’IA. On va monter à 100 000.”

Emmanuel Macron défend la French Tech et défend la spécificité européenne. “La France et l’Europe peuvent être au cœur de cette révolution“, a-t-il insisté en publiant une vidéo reprenant les détournements de sa personne réalisés par l’IA, notamment celles où on le voit danser sur de la techno.

La vision européenne peut être vertueuse. “L’intelligence artificielle ne remplacera jamais l’homme, je ne crois pas du tout à cela, soulignait-il aussi en préfaçant l’événement. Cela va transformer nos métiers en faisant des tâches qui sont très répétitives. Vous allez déléguer à des aides, à des accessoires. Cela donnera plus de temps aux personnes pour encadrer les robots, mais aussi pour être plus présents humainement.”

Il songe notamment aux “métiers du soin et de l’accompagnement”: “ce n’est pas un robot ou un asssistant de l’IA qui aura la bienveillance d’un appel téléphonique, d’un contact physique, du soin que l’on met avec une personne souffrante”.

Tout le monde n’en est pas aussi convaincu. Ainsi, le docteur Laurent Alexandre lui rétorque-t-il: “Monsieur le Président Les initiatives que vous avez lancées vont remettre la France dans la course à l’IA et c’est formidable, Mais ne faites pas croire que l’IA ne remplacera jamais l’Homme. La vérité est que c’est l’IA et non l’humain qui sera au cœur de la société du futur.”

“Un cadre plus agile”

L’Europe est toutefois en retard sur ce chantier colossal pour l’avenir. Face aux géants de la Tech américaine, alors que la Chine rentre dans la danse avec DeepSeek, la France mise sur Mistral, mais sans être à une échelle similaire.

Chez nous, Fabrice Brion, CEO d’I-Care, insiste régulièrement sur la nécessité de miser sur la “Belgian Tech” et l’originalité européenne. Voici quelques jours, il retapait sur le clou à la lecture d’une opinion dans L’Echo: “Pour rester dans la course, l’Europe doit briser ses carcans réglementaires et adopter un cadre plus agile, propice à l’innovation et à l’investissement. Je suis heureux de voir que Sandra Gobert, CEO de Guberna, reprend l’idée que j’avais développée: celle d’une “European Valley”, un écosystème intégré réunissant l’IA, la défense, l’éducation et le monde des affaires pour faire de l’Europe un pôle d’excellence.”

Et d’appuyer: “Moins de règles, plus de gouvernance: ce n’est qu’en combinant une réglementation efficace avec une forte autorégulation des entreprises que l’Europe pourra maintenir sa puissance économique et protéger ses valeurs. L’innovation ne peut pas se développer dans un cadre trop normé et contraignant. Ce dont nous avons besoin, ce n’est pas plus de bureaucratie, mais une régulation intelligente, qui encourage la collaboration entre acteurs publics et privés et accélère la transformation technologique.”

Fabrice Brion cite Robert Schuman, père fondateur de l’Europe: “La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent”. Et conclut: “Aujourd’hui, ces efforts doivent être tournés vers l’innovation, la souveraineté technologique et une gouvernance adaptée aux défis du 21e siècle.”

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content