Google Street View, un avant-goût du métavers?
Imaginé par le cofondateur de Google, Larry Page, Street View, qui fête ses 15 ans, semble taillé sur mesure pour s’adapter au métavers et à la réalité augmentée.
Les mondes virtuels et immersifs n’étaient pourtant pas d’actualité lors du lancement de cet outil, qui permet aux utilisateurs du service de cartographie Google Maps de se déplacer le long d’une rue, d’une route ou d’un chemin via une vue panoramique.
Le métavers est depuis devenu un enjeu central de la tech, des entreprises comme Meta, la maison mère de Facebook, investissant des milliards de dollars pour créer des univers numériques où des avatars peuvent travailler, jouer et faire leurs courses.
“Larry Page a pris une caméra et l’a accrochée à la fenêtre de sa voiture”, raconte à l’AFP Steven Silverman, gestionnaire de programme technique chez Google, en montrant le garage où le groupe californien fabrique des caméras pour voitures, vélos, sacs à dos et même motoneiges qui prennent des photos à 360 degrés dans le monde entier.
“Il (Page, ndlr) discutait avec ses collègues de l’époque et disait: ‘Je parie que je peux en faire quelque chose’. C’est comme ça que Street View est né”, se souvient M. Silverman.
Google a récemment annoncé le lancement d’un mode immersif qui combine les images de Street View avec l’intelligence artificielle pour créer “une riche réplique numérique du monde”, a expliqué dans un article de blog Miriam Daniel, vice-présidente de Google Maps Experiences.
Les utilisateurs pourront explorer des lieux d’intérêt (monuments, quartiers, restaurants) en les survolant à la manière d’un drone grâce à des vues aériennes en 3D.
La fonctionnalité sera déployée cette année pour les villes de Los Angeles, New York, San Francisco, Tokyo et Londres.
“Vous pouvez vous envoler virtuellement au-dessus de Westminster pour visualiser de près le quartier et l’architecture stupéfiante de lieux comme Big Ben”, a décrit Mme Daniel.
Des cartes au metavers
Les caméras de Google ont pris des photos dans plus de 100 pays et territoires, capturant des lieux tels que le mont Fuji, le parc national du Grand Canyon, la forêt amazonienne ou encore la Grande Barrière de corail.
“Si vous voulez savoir à quoi ressemble la descente d’une piste de ski, imaginez où cette motoneige s’est rendue”, explique M. Silverman en pointant du doigt un véhicule bordeaux entreposé dans un garage de la ville de Mountain View dans la Silicon Valley (Californie).
“Ce tricycle est vraiment marrant parce qu’il a fait le tour de Stonehenge et nous l’avons aussi mis sur une péniche qui a descendu l’Amazone”, poursuit-il.
M. Silverman montre également un ensemble de caméras pour sac à dos qui a été monté sur une tyrolienne dans la forêt amazonienne pour obtenir une vue plongeante.
Les photos panoramiques que Google a accumulées depuis des années pourront avoir leur utilité dans le métavers, juge Carolina Milanesi, analyste pour Creative Strategies.
“L’idée d’une réplique numérique du monde réel est sans nul doute un domaine que Google va investir”, prédit-elle.
Pour M. Silverman, Street View propose aux utilisateurs une expérience virtuelle depuis déjà plus d’une décennie et ses images se prêtent naturellement à la représentation du monde via des outils virtuels.
“Dans l’idéal, nous serons présents dans le métavers, ce monde vers lequel nous nous dirigeons”, affirme-t-il.
De nombreuses autres sociétés technologiques se sont ruées vers le métavers, un terme fourre-tout qui décrit le réseau d’univers virtuels et immersifs où des millions d’utilisateurs sont déjà présents.
Facebook s’est rebaptisé Meta l’an dernier pour marquer ce tournant stratégique et a développé sa plateforme de réalité virtuelle, Horizon Worlds, disponible en Amérique du Nord ainsi qu’en France et en Espagne.
Le géant japonais Sony et la maison mère de Lego ont annoncé en avril investir 2 milliards de dollars dans le studio de jeux vidéo Epic Games, derrière le blockbuster Fortnite, pour développer des projets dans le métavers.
De son côté, Street View, considéré au départ comme “une idée saugrenue” de Larry Page, est devenu un outil “déterminant dans nos efforts de cartographie en permettant de visualiser les informations les plus récentes sur le monde tout en posant les fondations d’une carte plus immersive et intuitive”, a affirmé Ethan Russell, directeur de produits chez Google Maps, dans un récent article de blog.
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