Les Etats cherchent la meilleure manière de tirer profit des activités florissantes des géants du Net qui utilisent de savants montages fiscaux pour payer le moins d’impôts possible. Mais qu’en est-il vraiment des impôts payés par Google en Belgique ?
Les activités des géants du Web, dans les différents marchés européens, sont régulièrement l’objet de nombreuses spéculations et d’analyses. En ligne de mire, les retombées -sous forme d’impôts- pour les Etats où les mastodontes du Net officient. Google, l’emblématique moteur de recherche en ligne, utilisé par 90% des internautes belges, n’échappe pas aux critiques.
En Belgique, le gros de l’activité de Google vient de son fameux datacenter installé à Baudour, près de Mons. L’entité juridique, qui gère cette activité, s’appelle Crystal Computing. Elle a récemment déposé ses comptes annuels pour l’année 2018. On y découvre que Crystal Computing employait, l’an passé, 99 personnes. Son chiffre d’affaires n’a cessé, lui, de grimper pour passer de 339 millions d’euros en 2017 à 385 millions l’an passé. Ces revenus sont, concrètement, des paiements internes au sein du groupe et ne constituent a priori pas de revenus provenant d’entreprises tierces. Selon toute vraisemblance (les responsables de Google ne communiquent pas sur ces questions), Crystal Computing, qui n’a pas de contact direct avec le consommateur ni les entreprises, facture directement sa maison-mère pour faire tourner les serveurs… S’en dégagent 28 millions d’euros de bénéfices avant impôt. Pour 8,5 millions d’euros d’impôts payés en 2018.
A côté du datacenter, le géant du Web dispose bien sûr d’une autre entité en Belgique : Google Belgium qui s’occupe de toute la partie commerciale et publicitaire chez nous. Dirigée par Thierry Geerts, elle emploie une cinquantaine de personnes et générait, en 2018, un chiffre d’affaires de 35,4 millions d’euros (en légère baisse par rapport aux 38 millions de 2017 !). Ce chiffre d’affaires ne correspond évidemment pas aux montants publicitaires récoltés auprès des annonceurs belges ni aux ventes de produits et services (coud, applications, musique, etc.) aux consommateurs et aux entreprises belges. En effet, lorsqu’un annonceur achète de l’espace publicitaire sur Google, il s’acquitte de la facture directement auprès de Google à Dublin, le siège européen du moteur de recherche, situé en Irlande où, on le sait, la fiscalité se révèle plus douce pour les entreprises. Pareil pour les consommateurs qui achètent des services numériques : tout passe par Dublin.
Pour expliquer le chiffre d’affaires de Google Belgium, les observateurs avisés évoquent plutôt des frais de fonctionnement et des factures de consultance payés à l’entité Google Belgium par le groupe en Irlande. Les comptes annuels de l’entreprise affichent, pour 2018, un bénéfice avant impôts de 4,4 millions d’euros (réduit de moitié par rapport à 2017). Et, l’an passé, Google Belgium s’acquittait de 1,6 millions d’euros d’impôts.
Pour résumer : au travers de deux entités belges, Google, emploie donc 150 personnes en direct sur notre territoire et s’acquitte d’un peu plus de 10 millions d’euros d’impôts…