GeoPostcodes, une petite start-up de La Hulpe sert des géants mondiaux de la logistique

La start-up couvre 196 pays, 57 territoires, 284.627 régions administratives, 34,4 millions de rues. © PG

Pour que leurs livraisons parviennent toujours à la bonne adresse, des géants mondiaux de la logistique et autres multinationales recourent aux services d’une petite start-up de La Hulpe. Longtemps restée discrète, la pépite wallonne GeoPostcodes rayonne de plus en plus malgré la conjoncture.

Rien ne vaut un exemple. Avant de partir en vacances, Simon avait commandé pour sa fille une bouée en forme de licorne sur Amazon. Mais le précieux colis n’a jamais émergé des méandres d’Internet. ” Très souvent, ce genre de mésaventure est causé par une erreur d’adres- sage “, explique Simon Vandemoortele, CEO de GeoPostcodes. Voilà concrètement définie la mission de la start-up brabançonne, installé à La Hulpe : mettre fin à ces imprécisions et ainsi s’assurer que toutes les livraisons au monde trouvent leur destinataire.

Pour tenter de surmonter cet obstacle technique, la tâche ne se révèle pourtant pas simple. L’entreprise doit combiner plus de 1.500 sources de données au niveau international, recouper les informations de toutes les postes, tous les instituts géographiques et d’une kyrielle d’autres bases de données. Objectif : offrir à ses clients un ensemble des produits de qualité industrielle disponibles en séries de données et API (interfaces de programmation applicatives) qui détaillent les localités, codes postaux, divisions administratives, unités statistiques, codes de référence, fuseaux horaires, altitudes et, pour un certain nombre de pays, les quartiers et les rues. ” Nous colligeons l’ensemble dans un format propriétaire que nous avons développé ces 10 dernières années, poursuit le dirigeant. Ce qui permet à nos clients, surtout de grands groupes américains et européens, de contrôler leurs données d’adressage et les garder toujours à jour. ”

La start-up couvre 196 pays, 57 territoires, 284.627 régions administratives, 34,4 millions de rues.
La start-up couvre 196 pays, 57 territoires, 284.627 régions administratives, 34,4 millions de rues.© photos pg

GeoPostcodes réalise deux à trois updates par semaine car il y a toujours bien un pays qui ajoute des codes postaux en raison de développements immobiliers, ou restructure complètement son système comme le Paraguay ou le Kazakhstan l’ont fait récemment.

Besoin de plus petit que soi

La start-up ne se limite pas à réaliser une liste de codes postaux partout dans le monde. Elle l’organise et la hiérarchise. Ceci constitue l’un des aspects les plus complexes du service. Un autre est l’acquisition des données. “Quand l’entreprise a été créée, il n’était pas rare que son fondateur passe lui-même plusieurs heures dans un bureau de poste étranger afin de recevoir en main propre un cédérom avec les informations postales”, sourit Simon Vandemoortele.

Car à l’origine de GeoPostcodes, il y a surtout le travail d’un homme, François Lemmens. Un véritable entrepreneur plutôt timide avec les médias, dixit l’actuel dirigeant, mais dont le parcours incarne cette devise chère à la Silicon Valley du “scratch your own itch“. Autrement dit, pour démarrer un bon produit, il faut résoudre un problème qu’on éprouve soi-même.

Francois Lemmens, fondateur de GeoPostcodes.
Francois Lemmens, fondateur de GeoPostcodes.© PG

Au sortir des études en 1990, François Lemmens met au point un progiciel de gestion pour opticiens, WinOptics, dans lequel il implémente un système de validation de codes postaux. Mais le Brabançon se rend vite compte que ce problème, simple à l’échelle d’un pays, devient un casse-tête de complexité exponentielle au fur et à mesure qu’on ajoute des pays. Faut-il rappeler que les services de courrier, organisations multiséculaires, ont essaimé dans le monde entier sans réelle synchronisation, avec des notions très différentes de ce que sont par exemple une ville ou une rue ? Sans même parler des barrières linguistiques, des différences d’alphabet, etc.

La solution qu’il met au point pour faciliter la gestion des références géographiques, François Lemmens la publie alors sur un modeste site à destination d’autres entrepreneurs ou techniciens comme lui, geopostcodes.com. Sauf que le marché, ce n’était pas les petits utilisateurs, plutôt les grands groupes internationaux… Si l’on imagine la déception d’une enfant qui ne reçoit pas son animal onirique gonflable, on mesure encore plus sensiblement la gravité d’une cargaison de containers qui ne parviendrait pas à bon port.

“Un des segments les plus évidents pour nous, c’est la logistique, assure Simon Vandemoortele. Nous comptons dans nos clients depuis plus de 10 ans le géant pétrolier ExxonMobil. Bien sûr, ces multinationales disposent en interne d’experts qui peuvent gérer les location master data, les référents géographiques, mais doivent-ils produire ces données ? Il est plus efficace d’ outsourcer cette activité chez nous.”

Simon Vandemoortele, l'actuel CEO.
Simon Vandemoortele, l’actuel CEO.© photos pg

Mais il n’y a pas que la logistique… “Nous venons de signer avec Randstad qui propose un moteur de recherche pour les offres d’emploi, se réjouit le CEO. Comment faire correspondre une base de données de recherche avec une autre reprenant des offres ? Le lien entre les deux, c’est la géographie. Il faut donc que les données soient correctement encodées sur les codes postaux. Or, pour eux, les données au niveau planétaire étaient difficiles à scaler. Ils ont donc cherché un acteur pouvant fournir des bases mondiales de qualité et sont ainsi arrivés chez nous.”

Le produit phare que propose la start-up se constitue d’un dataset postal : 100% des codes postaux et des localités de tous les pays avec un système postal dans le monde, le tout géolocalisé, c’est-à-dire avec les coordonnées de latitude et longitude incluses. Un autre produit inventorie, lui, les noms de rue, couvrant 95% des Etats-Unis et de l’Europe. Et dans le pipeline commercial, se trouve un produit qui sera lancé d’ici la fin de l’année, intitulé Boundaries, et qui relève du geofencing (repérage géographique) puisqu’il permet de délimiter visuellement les zones postales sous formes de cartographie en polygones.

Aux frontières du réel

“Nos clients logisticiens sont très intéressés par cette solution. Grâce à elle, il est possible d’effectuer une localisation précise au départ des coordonnées d’un smartphone par exemple, et d’ainsi estimer le temps de livraison”, précise Simon Vandemoortele. Les perspectives semblent en tout cas prometteuses. Fait rare, l’entreprise a par exemple été épargnée par la pandémie de Covid-19. Certes, certains clients ont mis leurs projets en pause, mais les ventes des mois de mars à mai ont été meilleures que d’habitude. “A terme, les circonstances nous aident car elles poussent le commerce à distance”, conclut le boss de GeoPostcodes.

En chiffres

  • Créé en 2007
  • 6 emplois actuellement, 12 dans les six mois et plus de 50 d’ici cinq ans
  • Chiffre d’affaires de plus d’1 million d’euros
  • Croissance estimée de 50% par an pour les cinq années à venir

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