Décrochage publicitaire de France Télévisions en Belgique: RMB s’explique et appelle au calme

France Televisions
Illustration © AFP PHOTO / LIONEL BONAVENTURE Lionel BONAVENTURE
Frederic Brebant
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances 

Dès le 1er janvier 2026, la régie publicitaire de la RTBF monétisera les audiences des chaînes France 2, France 3 et France 5 sur le territoire belge. L’annonce a suscité le courroux des médias privés francophones qui parlent de concurrence déloyale et exigent l’annulation de cet accord de commercialisation. Le patron de RMB tempère et veut calmer le jeu.

La semaine dernière, un communiqué de RMB a fait l’effet d’une bombe dans le secteur audiovisuel belge. La régie publicitaire de la RTBF a en effet rendu public un nouvel accord de partenariat avec le groupe France Télévisions. A partir du 1er janvier 2026, les chaînes France 2, France 3 et France 5 pourront disposer de leurs propres écrans publicitaires décrochés sur notre territoire et la commercialisation de ces espaces sera précisément confiée à RMB.

Après TF1 en 2017, l’annonce de ce nouveau grignotage du gâteau publicitaire belge par trois autres chaînes françaises (cette fois publiques) a immédiatement courroucé les acteurs privés du paysage médiatique. Dans un long communiqué signé conjointement par les éditeurs Rossel (Le Soir, Sudinfo,…), IPM (La Libre, La DH, L’Avenir,…), le groupe RTL Belgium et NGroup (Nostalgie, NRJ,…), les médias privés francophones ont fait part de leur indignation à l’égard de la RTBF et de sa régie publicitaire, pointant ‘‘les conséquences systémiques graves de cette nouvelle concurrence déloyale’’ avec, au final, ‘‘un appauvrissement du marché publicitaire belge, entraînant des réductions de revenus et donc d’emploi, auprès des médias privés, tant audiovisuel, que de presse écrite.’’ (sic)

Un impact limité

Aujourd’hui, la régie publicitaire de la RTBF tente de calmer le jeu, en rappelant d’abord l’essentiel: en Belgique, le marché publicitaire est ouvert et RMB respecte les règles de gouvernance et de concurrence qui s’imposent à elle. ‘‘La réaction des éditeurs privés est irrationnelle, déplore Yves Gérard, CEO de RMB. Nous sommes dans un marché complètement libre et concurrentiel, et on parle ici d’un potentiel qui se situe entre 1,5 et 2 millions d’euros pour les trois chaînes de France Télévisions sur le territoire belge, là où leur concurrent privé TF1 capte déjà 15 millions d’euros via sa régie belge établie chez les groupes DPG Media et Rossel. C’est donc un épiphénomène. Je pense donc que l’objectif recherché est surtout de stigmatiser à nouveau le service public.’’

En prenant un peu plus de hauteur, on constate que l’impact de cette opération commerciale pour France 2, France 3 et France 5 en Belgique représenterait au final  0,2 % des recettes publicitaires locales, alors qu’en 2024, près de 400 millions d’euros ont été captés par les géants de la tech (Google, Facebook et autres) sur le marché de la pub en Belgique…

Eviter le schisme

Titillé, le CEO de RMB ne veut toutefois pas mettre de l’huile sur le feu et appelle aujourd’hui les éditeurs privés à retrouver un peu de sérénité. ‘‘Notre accord avec France Télévisions a été bien accueilli par les agences et les annonceurs car il renforce la position du média télévisé, ce qui bénéficie à l’ensemble du marché local, enchaîne Yves Gérard. Il faut rappeler que, à l’échelle internationale, notre marché est un confetti et il n’y a donc pas de raison de créer un schisme entre nous. Le véritable enjeu, partagé par tous les acteurs publics comme privés, c’est plutôt de tisser aujourd’hui un lien local fort pour contrer l’hyper-concurrence des Gafan.’’

Avec ce qui est considéré aujourd’hui comme un coup de canif donné par RMB dans le gâteau publicitaire belge, il n’est toutefois pas certain que les médias privés aient envie de se remettre rapidement à la table des négociations pour élaborer un projet de collaboration.

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