Contrat rompu entre DAZN et la Pro League : le business du foot belge vole en éclats

Dazn. (Photo by Joris Verwijst/BSR Agency/Getty Images)
Frederic Brebant
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances 

Le groupe DAZN, détenteur des droits audiovisuels du championnat belge de football, annonce la fin de son contrat avec la Pro League, faute d’accord de distribution avec les opérateurs télécoms. Sacrifiés sur l’autel des négociations, les supporters risquent de ne plus voir de matchs sur les écrans…

Les rencontres de la prochaine journée de Pro League vont-ils disparaître de tous les écrans? Jusqu’ici, seul DAZN, le détenteur des droits audiovisuels du championnat belge de football, diffusait la compétition sur sa plateforme. Mais aujourd’hui, coup de théâtre! Le groupe annonce que ‘‘son contrat avec la Pro League a pris fin conformément à la législation belge’’, puisqu’il ne peut pas assurer la retransmission via au moins deux opérateurs télécoms traditionnels, comme cela était exigé.

On le sait: DAZN a raflé, il y a presque un an, les droits du championnat belge de football pour la période 2025-2030. Montant de la facture : 84,2 millions d’euros par saison que le détenteur exclusif des droits espérait rentabiliser en revendant ces droits aux opérateurs Proximus, Orange et Telenet qui, eux-mêmes, auraient pu alors proposer des ‘‘packs’’ payants à leurs abonnés pour suivre les matchs de la Pro League.

Sauf que tout ne s’est pas passé pas comme prévu. Les acteurs télécoms estimaient en effet que DAZN avait déboursé moins d’argent pour ce nouveau contrat (20% de réduction sur les 103 millions annuels payés pour la période précédente) et exigeaient donc des conditions tarifaires beaucoup plus avantageuses. Peu à peu, les négociations se sont tendues et aucun accord n’a finalement été trouvé.

‘‘Ce n’est tout simplement pas viable’’

Aujourd’hui, le groupe britannique souligne que l’appel d’offres de la Pro League exigeait que DAZN, en tant que détenteur exclusif des droits, signe des accords de distribution commercialement viables.

‘‘Nous sommes déçus que, malgré diverses tentatives pour résoudre la situation, nous en soyons arrivés à une situation où DAZN n’a d’autre choix que de constater l’extinction du contrat en vertu de la loi belge, déclare Massimo D’Amario, directeur général de DAZN Belgique. Aucune entreprise ne peut être contrainte de fonctionner à perte. Ce n’est tout simplement pas viable. Au cours des cinq dernières années, DAZN a soutenu la Pro League, ses clubs et ses supporters, preuve de notre engagement à long terme envers le football belge. Notre équipe en Belgique continue de servir les fans avec professionnalisme et respect. Nous restons engagés envers le football belge, sa passion, ses supporters et l’équité qu’il mérite.’’

 Les supporters n’auront-ils plus d’autre choix que d’aller au stade pour voir les matchs de leur équipe favorite? Dans son communiqué, DAZN se déclare toutefois ‘‘ouvert à une poursuite des discussions avec la Pro League et reste disposé, dans le cadre d’un nouvel arrangement avec elle, à poursuivre la diffusion pour le reste de la saison afin de garantir que les fans ne soient pas affectés.’’

Une nouvelle chaîne ?

Serait-ce donc un ultime coup de bluff de DAZN pour ‘‘ajouter du drame au drame’’ et revoir le montant du contrat à la baisse et/ou ramener les opérateurs télécoms autour de la table des négociations ? Difficile de voir clair dans cette partie de poker. Il n’empêche que la Pro League doit à présent examiner toutes les pistes pour garantir, à l’avenir, la diffusion du foot belge dans les foyers.

Parmi elles, la création d’une nouvelle chaîne, mise en place par la Pro League n’est pas à exclure, comme nous le rappelait récemment Pierre Maes, spécialiste de la problématique des droits du foot en télé : ‘‘Créer une nouvelle chaîne, ce n’est pas quelque chose de très compliqué, dixit le consultant. Si la Pro League trouve les bonnes personnes, quelques semaines suffisent et elle pourrait donc être prête pour le début des playoffs et même avant, très facilement. Donc, il ne faudra certainement pas attendre une nouvelle saison. Le plus compliqué, c’est de garantir des recettes. Car les clubs vont se retrouver face au même problème que DAZN, c’est-à-dire aller chercher l’argent dans la poche des opérateurs télécoms. Parce que l’enjeu, c’est ça ! Si la Pro League monte sa propre chaîne, elle va devoir, elle aussi, aller frapper à la porte des telcos pour faire un deal avec eux.’’

Bref, le feuilleton télé est loin d’être terminé.

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