Comment la messagerie gratuite WhatsApp gagne-t-elle de l’argent?

Les principales applications de messagerie sont toutes gratuites. Quel est leur business model ? Comment tirent-elles des revenus des milliards d’interactions qui s’y créent ?

Des dizaines de milliards de messages s’échangent chaque jour à travers le monde via la messagerie instantanée WhatsApp créée en 2009 et propriété du groupe Meta depuis 2014. Les groupes de discussions se multiplient : collègues, famille, amis, sport,… chaque message envoyé et reçu est automatiquement chiffré en utilisant de puissants serveurs situés dans des centres de données à travers le monde.

L’exploitation de ces infrastructures pour gérer ces innombrables data coûte très cher. Pourtant, aucun utilisateur de WhatsApp n’a jamais dû dépenser un seul centime. Avec 2 milliards d’utilisateurs actifs mensuels dans le monde, comment WhatsApp génère-t-il ses revenus ? C’est la question que s’est posée la BBC.

Respect de la vie privée

Contrairement à Facebook et Instagram, la publicité n’est pas présente en tant que telle sur WhatsApp. Sur les deux autres réseaux, elle s’insère entre les stories, les publications, et même entre les différentes cases de conversations sur Messenger. Sur WhatsApp, ce n’est pas (encore?) le cas. L’outil a d’ailleurs toujours été vanté et vendu comme respectant grandement la vie privée.

L’IA pour cibler les pubs

Mais la publicité s’y est néanmoins infiltrée ces dernières années. Les entreprises y envoient des communications directement aux clients via des canaux dédiés, si ces clients les ont autorisées à le faire lorsqu’ils leur ont donné leur numéro de téléphone. Un peu comme l’envoi d’e-mails. Les entreprises paient un supplément pour interagir individuellement avec les clients, que ce soit pour des conversations ou des transactions.

Le service de messagerie WhatsApp est désormais également épaulé par l’intelligence artificielle depuis peu. Grâce à l’IA, Meta veut aider les entreprises à envoyer des publicités plus ciblées sur WhatsApp, afin de davantage encore monétiser la messagerie au téléphone vert. Pour cela, l’IA va observer le comportement des clients sur Instagram et Facebook, et en déduire s’il faut, ou pas, leur envoyer tel ou tel message publicitaire.

Acheter un billet de bus

Ce genre de canal n’est pas encore très répandu en Europe, mais à Bangalore, en Inde, le premier pays d’utilisation avec 390 millions inscrits, il est, par exemple, possible d’acheter un billet de bus et de choisir son siège directement via WhatsApp. « Notre vision est qu’une entreprise et un client puissent tout faire directement dans une conversation », explique Nikila Srinivasan, vice-présidente des messageries commerciales chez Meta, à la BBC. Cela inclut la réservation de billets, les retours de produits, ou les paiements, sans quitter le fil de discussion.

« Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit»

Le fait que WhatsApp soit soutenu par une énorme société mère – Meta, qui possède également Facebook et Instagram – augmente grandement le potentiel de ces interactions commerciales. Les entreprises peuvent ainsi également payer pour un lien qui lance une conversation WhatsApp à partir d’une publicité sur Facebook ou Instagram. Selon Srinivasan, cette fonctionnalité seule rapporte « plusieurs milliards de dollars » à Meta.  Le modèle économique le plus populaire pour les applications de messagerie reste toutefois la publicité ciblée. Ce qui confirme l’adage désormais bien connu « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit.»

D’autres applications de messagerie adoptent différents modèles, détaille la BBC. Signal, une plateforme réputée pour ses protocoles de sécurité, est une organisation à but non lucratif financée par des dons, notamment un don de 50 millions de dollars de Brian Acton, cofondateur de WhatsApp. Discord, utilisé principalement par les jeunes gamers, fonctionne sur un modèle freemium : gratuit à l’inscription, mais avec des fonctionnalités payantes. Il propose également un abonnement payant, Nitro, pour environs 10 euros par mois. Snap, derrière Snapchat, combine plusieurs de ces modèles, avec des publicités, des abonnements payants, et la vente de lunettes de réalité augmentée. Selon le site Forbes, entre 2016 et 2023, l’entreprise a aussi gagné près de 300 millions de dollars rien qu’avec les intérêts. Mais la principale source de revenus de Snap est la publicité, qui lui rapporte plus de 4 milliards de dollars par an.

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