Civilization: le vétéran des jeux vidéo de stratégie repart pour un tour et renoue avec Sid Meier

Civilization VII
Mais les fans "ne vont pas se contenter d'une nouvelle couche de peinture ou de graphismes un peu plus jolis"

Huit ans après le dernier opus, la saga de jeux de stratégie Civilization fait son grand retour le 11 février avec un septième épisode qui promet des parties plus dynamiques. Objectif : inciter les joueurs à réfléchir davantage aux conséquences de leurs actions.

Sur le fond, la formule reste fidèle à celle du premier opus sorti en 1991 : le joueur contrôle une civilisation et la développe tour après tour, du Néolithique à l’ère moderne, en explorant la carte du monde et en imposant sa domination par la diplomatie ou la guerre.

Ce concept solide a permis à la série d’atteindre près de 73 millions d’exemplaires vendus à l’été 2024, selon Take-Two, maison mère de l’éditeur 2K Games. Il a également inspiré de nombreux concurrents, dont le jeu français Humankind, sorti en 2021.

Mais les fans “ne vont pas se contenter d’une simple refonte graphique”, prévient Ed Beach, directeur créatif de la série, rencontré en août lors du salon Gamescom en Allemagne. “Nous devons apporter quelque chose de nouveau à chaque épisode.”

Toujours développé par le studio Firaxis, Civilization VII (disponible sur PC et consoles) innove notamment en permettant aux joueurs de contrôler n’importe quelle civilisation avec le dirigeant de leur choix – Charlemagne pourra ainsi régner sur l’Égypte. Autre nouveauté : les parties sont désormais divisées en trois actes.

Chacun se conclut par une crise majeure, comme l’effondrement d’un empire ou une invasion étrangère, après quoi le joueur passe à l’âge suivant et change potentiellement de civilisation selon ses actions.

Une invitation à la réflexion

Une mécanique qui place le dirigeant face aux conséquences de ses choix.

“Nous ne cherchons pas à dicter une manière de jouer”, assure Ed Beach, tout en reconnaissant que “jouer un tyran peut être une façon intéressante d’explorer l’histoire et le monde”.

Cependant, “qu’il s’agisse du changement climatique ou du conflit entre démocratie et autocratie, ces thématiques restent très actuelles”, ajoute-t-il. “C’est une source de réflexion.”

Pour autant, le jeu n’a pas vocation à délivrer un message politique. “Nous réfléchissons toujours au parcours de l’humanité et nous voulons que notre jeu reflète cela de manière intéressante, en offrant aux joueurs la possibilité d’expérimenter”, nuance le directeur de la série.

Cette réputation de sérieux, Civilization la doit à ses débuts sur ordinateur, “à une époque où le PC était avant tout un outil de travail”, rappelle Sébastien Genvo, enseignant-chercheur à l’Université de Lorraine et spécialiste du jeu vidéo.

Le studio s’est d’ailleurs entouré d’historiens pour garantir une représentation fidèle des civilisations tout en laissant une grande liberté aux joueurs.

Le retour de Sid Meier

Pour autant, Civilization n’a pas vocation à enseigner l’Histoire, estime le chercheur. “Plonger les joueurs dans une reconstitution historique poussée peut sensibiliser ou éveiller une curiosité, mais ce n’est pas son objectif premier.”

Lancé avant la pandémie, le développement de Civilization VII a mobilisé plusieurs centaines de personnes, dont un certain Sid Meier, 70 ans, créateur original de la série.

“Il aime expérimenter et il a proposé de tester certaines nouvelles idées”, raconte Ed Beach. Son influence s’est notamment fait sentir sur les déplacements d’unités et les objectifs – qu’ils soient militaires, scientifiques ou culturels – à atteindre au fil des chapitres.

Un retour aux sources pour le père de la saga, absent du développement du précédent opus, mais toujours impliqué dans l’évolution de son héritage vidéoludique.

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