Ce risque encore méconnu qui pourrait plomber la Big Tech et le rallye de l’IA en bourse

C’est sur des modèles tels qu’OpenAI que les petits acteurs belges s’appuyent principalement, les rendant potentiellement fragiles. © Getty Images

L’intelligence artificielle coûte cher aux acteurs de la Big Tech, notamment à cause des puces qu’il faut pour la développer. Et elle n’est pas encore rentable. Selon Barclays, le marché n’est pas encore bien au courant de l’importance réelle de ces investissements colossaux. C’est dû à des méthodes de comptabilité. Une correction pourrait être possible.

Le rallye de l’IA est-il devant une correction importante ? Il se pourrait, selon Barclays. Et ce serait lié à une question de comptabilité – un détail qui peut tout changer.

De quoi s’agit-il ? L’IA a besoin d’investissements massifs, ça, on le sait. Ces capitaux injectés aujourd’hui par Microsoft ou Meta ne sont pas encore rentables, et ne le seront pas avant des mois ou des années. Les investisseurs sont d’ailleurs balancés entre cette réalité et les promesses de gains de coûts de l’IA. Cela qui peut faire tanguer le cours de la Big Tech, lors de la présentation des résultats par exemple, quand il apparaît que les bénéfices viendront moins rapidement que ce que l’on estimait auparavant.

Dépréciation

Selon Barclays, dans cette estimation de rentabilité, il y a donc un détail qui n’est pas assez regardé par les investisseurs. C’est la “dépréciation” : une méthode de comptabilité avec laquelle les entreprises étalent le coût d’une dépense en capital sur la durée de vie de cette dépense. Dans le cas de l’IA par exemple, si des entreprises technologiques achètent des grandes quantités de puces et de cartes graphiques pour développer et entrainer l’IA, cette dépense n’apparaîtra pas immédiatement en entièrement comme un seul coût dans ses résultats trimestriels. Et cela n’entame donc moins ses bénéfices.

En d’autres mots, un frais “caché”, selon Barclays, mais qui ne l’est “pas tant que cela”, sauf pour les investisseurs qui ne l’incluent pas dans leur valorisation des entreprises en question.

Ensuite, un autre élément vient s’ajouter. Ces puces pourraient en fait avoir une durée de vie moins longue que ce qui était estimé au début de l’investissement. Il y a toujours de nouvelles puces qui arrivent sur le marché, et qui sont de plus en plus innovantes et performantes. Les anciennes peuvent vite être dépassées et doivent être remplacées. L’investissement court ainsi sur une période plus courte et l’impact sur les chiffres sera plus important.

Ce scénario pousse Barclays à revoir ses estimations de revenus, notamment pour les segments du cloud d’Amazon, Meta et Alphabet, de l’ordre de 10% pour le début de 2025. “La dépréciation des actifs informatiques de l’IA est la plus grande dépense pour ces grandes entreprises”, peut-on lire dans la note, consultée par Insider. “Nous pensons qu’il s’agit d’un risque qui pourrait se manifester à l’horizon 2025, c’est pourquoi nous le signalons très tôt.” La banque ajoute que ces frais devraient s’accumuler lors des cinq prochaines années.

Impact en bourse ?

Barclays souligne que la bourse sous-estime l’impact de ces frais. Une fois qu’ils commenceront à mieux transparaître, une correction serait donc possible, surtout sur les deux années à venir. La banque estime aussi que le marché deviendra beaucoup plus attentif à ces dépréciations.

Pour Amazon par exemple, Barclays banque s’attend à des frais de 28 milliards de dollars en 2026, contre 22,6 milliards de dollars pour l’estimation moyenne à Walls Street. Pour Meta, c’est 30,8 milliards au lieu de 21. Les actions de la Big Tech seraient ainsi “entre 5 et 25 % plus cher que les estimations du consensus, compte tenu de cette mauvaise modélisation”, détaille la banque. En d’autres mots, les valorisations seraient plus “exagérées” que lors du marché haussier de 2021.

L’intelligence artificielle est présente dans la plupart des secteurs, ou presque, avec ses partisans et ses détracteurs, mais quel est son impact?

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