L’app belge Bfox réinvente les échanges de services à travers le monde
Lancée en 2021, l’application belge Bfox connecte particuliers et experts dans divers domaines. Avec une version améliorée et des partenariats stratégiques, Bfox vise à devenir un acteur mondial des services, selon sa fondatrice Fayza Boutuil Vermeersch.
À ses débuts, l’application Bfox, imaginée par Fayza Boutuil Vermeersch, visait à connecter des experts dans divers secteurs — éducation, digital, développement personnel, sport, etc. — avec le grand public. « À l’origine, l’application se concentrait sur le coaching. Mais le terme “coach” posait problème, car beaucoup de personnes ne se sentaient pas légitimes, pensant qu’elles devaient être certifiées. J’ai donc élargi l’offre à tous types de services, allant de la couture à l’apiculture, en passant par des loisirs comme le padel », explique sa fondatrice depuis Dubaï, où elle participe au GITEX, un événement majeur dans l’innovation digitale, l’intelligence artificielle et les technologies émergentes.
« J’ai toujours aimé aider les autres, que ce soit des élèves en décrochage scolaire, des étudiants à la recherche de cours de néerlandais, ou des personnes ayant besoin d’aide pour constituer un dossier de prêt », raconte l’entrepreneuse, qui dirige également une société de développement d’applications numériques. C’est durant ses études en gestion financière qu’elle a réfléchi à l’ubérisation des services, avec pour objectif de les rendre accessibles à un large public, de manière démocratique, via la technologie. Ainsi est née l’idée de Bfox. « Le nom et le logo de l’application font référence au renard, symbole de ruse et d’intelligence. Le B fait allusion à la Belgique, mais aussi au verbe “to be”, pour ‘être’. Deviens donc un fox, un talent, ou encore un BBfox, un “bébé fox”, c’est-à-dire un client qui va acquérir des connaissances à partager ensuite », explique-t-elle.
Une concurrence saine
La première version de Bfox, lancée en 2021 en Belgique avec 70.000 euros de fonds propres, n’a pas rencontré le succès escompté. Cela a toutefois permis à sa créatrice d’identifier les améliorations nécessaires. En 2023, une version plus performante et intuitive a été mise en ligne, rencontrant cette fois-ci un vrai succès. « Je ne prétends pas réinventer la roue. Le marché est saturé aujourd’hui. Mon objectif est d’innover en simplifiant l’expérience utilisateur et en facilitant la vie des gens », expose-t-elle. « Nous faisons en somme ce que proposent d’autres applications, mais avec une différence : notre service est gratuit et légal. Nous restons flexibles et facilement adaptables à l’international, car aucune transaction financière n’est effectuée via l’application. »
« Je ne prétends pas réinventer la roue. Mon objectif est d’innover en simplifiant l’expérience utilisateur et en facilitant la vie des gens »
Fayza Boutuil Vermeersch
Fondatrice de l’app Bfox
Succès au Maroc
Concrètement, Bfox propose une carte mondiale où les utilisateurs peuvent offrir gratuitement leurs services à la communauté. Une fois la mise en contact réalisée, le reste des interactions se déroule en dehors de l’application, souvent via WhatsApp. « J’ai voulu instaurer une saine concurrence entre les foxes, qui fixent eux-mêmes leurs tarifs. Certains demandent moins de 10 euros de l’heure, voire rien du tout, tandis que d’autres, plus expérimentés, valorisent leur expertise. »
Aujourd’hui, l’application a atteint le cap des 100.000 utilisateurs. Développée initialement par une équipe basée au Maroc, Bfox a rencontré un fort engouement dans ce pays dès son lancement, en partie grâce aux influenceurs locaux. « Dans certaines villes, comme Casablanca et Rabat, la carte est saturée d’utilisateurs », explique Fayza Boutuil Vermeersch. En revanche, l’adoption en Belgique reste plus modeste, avec environ 30 % d’utilisateurs belges contre 70 % au Maroc.
L’application est aussi utilisée à Londres, au Canada et dans d’autres pays comme l’Arménie. « Bfox est internationale et ouverte à tous », précise la fondatrice, qui vient de la lancer à Dubaï. L’application s’adapte à chaque marché avec des stratégies locales spécifiques et acquiert des usages parfois inattendus. « Dans certains pays, elle est utilisée pour rassembler des passionnés de sports ou de hobbies spécifiques, créant ainsi des communautés qui vivent leur propre vie en dehors de l’application après la mise en relation initiale », observe Fayza Boutuil Vermeersch.
Partenariat avec McDonalds
Au fil de son développement, l’application a étendu son offre, incluant désormais des partenariats avec des entreprises de toutes tailles. «Nous collaborons aujourd’hui avec McDonald’s, qui utilise notre carte pour de la publicité géolocalisée. Nous permettons aux entreprises d’afficher leur logo et de proposer leurs services en fonction de leur localisation. Nous sommes également en discussion avec des hôtels du groupe Accor notamment, ainsi qu’avec des restaurants pour intégrer des liens de réservation dans l’application. »
La nouvelle version de l’application, récemment lancée, offre une interface plus intuitive et ergonomique, facilitant la navigation ainsi que l’accès aux services. L’expérience utilisateur a été améliorée avec des fonctionnalités de collaboration avancées et des options de personnalisation étendues pour répondre aux besoins individuels des utilisateurs. Parmi les services les plus populaires, on trouve le sport et le coaching en développement personnel, un secteur en pleine expansion. L’application attire également de nombreux chauffeurs de taxi, surtout à Bruxelles, où l’utilisation d’Uber devient plus compliquée, selon la fondatrice.
« J’aime nous considérer comme des “Robins des Bois” modernes : nous allons chercher l’argent là où il est et laissons nos utilisateurs tranquilles »,
Vers un modèle premium
Bfox a récemment lancé une version premium, avec un abonnement d’environ 5 euros par mois, offrant aux utilisateurs plus de visibilité et une priorité sur les demandes des clients. « Beaucoup d’investisseurs me disent qu’une application gratuite ne peut pas perdurer, car les gens ne valorisent pas ce qui est gratuit », confie Fayza Boutuil Vermeersch. « J’aime nous considérer comme des “Robins des Bois” modernes : nous allons chercher l’argent là où il est et laissons nos utilisateurs tranquilles », ajoute-t-elle. “Personnellement, j’ai perdu beaucoup d’argent, mais ce n’est pas grave. Aujourd’hui, je suis satisfaite du résultat et je pense que l’application va vraiment décoller.”
Fayza Boutuil Vermeersch est désormais entourée de Nicolas Vermeersch, Chief Financial Officer, qui détient 50 % des parts et gère l’aspect financier, ainsi que de Hanane Jerdioui, Business Development Manager. L’équipe vise à atteindre la rentabilité dans les six prochains mois, grâce aux sponsors et au modèle premium. Fayza Boutuil Vermeersch est convaincue du potentiel de Bfox pour devenir un acteur incontournable dans le secteur mondial des services.
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