Au secours, mon directeur est un algorithme !
Le développement exponentiel de l’intelligence artificielle nourrit les fantasmes et les cauchemars de nombreux observateurs. Les perspectives de nouveaux services hyper innovants semblent également faire peser un danger réel sur l’emploi. Demain, les robots et algorithmes pourraient effectuer de nombreuses tâches réservées aujourd’hui à l’être humain. Y compris la prise de décision à la tête de certaines entreprises.
Le président américain Donald Trump est loin de faire l’unanimité et, ces dernières semaines, les thèses d’un impeachment commencent à se faire un peu plus pressantes. Si les Etats-Unis n’en sont pas encore là, le magazine Wired a néanmoins marqué les esprits de ses lecteurs avec un article prospectif dont le titre pouvait sembler provocateur : ” Elisons une intelligence artificielle comme président “. Pure science-fiction ou vision déroutante du futur qui nous attend ? ” Certains y verraient un vrai progrès, soutient l’article. Après tout, les humains sont enclins à prendre des décisions basées sur l’ego, la colère et la recherche d’auto-glorification, et non sur le bien commun. ” Si le journaliste Joshua Davis ne voit pas encore bien comment une intelligence artificielle (IA) tiendrait une réception à la Maison- Blanche, il entrevoit néanmoins la possibilité de proposer au peuple une forme très pure de gouvernement grâce à l’IA. Jusqu’à imaginer qu’on en arrive à ce que les électeurs votent pour une liste de problèmes à régler et que, sur base des souhaits du peuple, on développe une IA pour chacune de ces grandes questions. Pour lui, même si sur le plan technologique les algorithmes ne sont pas prêts à prendre des décisions tels des hommes politiques, ” il ne faudra pas longtemps avant qu’une IA soit suffisamment sophistiquée pour mettre en oeuvre un ensemble de croyances de base susceptible de refléter les changements dans le monde. En d’autres termes, il arrivera un moment où les IA auront… un meilleur jugement que les politiciens “.
Surréaliste ? Peut-être aujourd’hui, mais le journaliste de Wired n’est pas le seul à le penser. Stéphane Mallard, digital evangelist au sein de la société Blu Age, en est plus que convaincu : ” De plus en plus d’hommes politiques utilisent le big data dans leur campagne électorale et je ne vois pas pourquoi, au moment de gouverner, ils n’utiliseraient pas une intelligence artificielle. De là à voter pour une IA, je ne vois qu’un pas, même s’il faudra encore un peu attendre. ”
Le CEO de l’Année ? Un robot !
Cela constituerait, bien sûr, le remplacement le plus symbolique d’un métier par un robot. Mais finalement un parmi tant d’autres. Car aujourd’hui, le développement exponentiel des technologies permet d’envisager l’apparition d’une forme d’intelligence des machines, celles-ci deviendraient capables d’apprendre toutes seules et de prendre des décisions sur la base d’analyses de larges quantités de données. Au point d’automatiser un nombre phénoménal de tâches jusqu’ici exclusivement réservées à l’être humain. Qui aurait cru, voici encore cinq ans, qu’une voiture pourrait un jour se passer de conducteur ? Aujourd’hui, cela n’a plus rien d’un fantasme. Et ces dernières années, les progrès sont phénoménaux grâce à la combinaison de différents facteurs clés : collecte massive de données (Web, smartphones, objets connectés), amélioration des puissances de calculs, apparition du cloud, investissements massifs des géants du Net dans l’IA qui deviendra probablement l’un des plus gros business du 21e siècle. Du coup, les prouesses technologiques permises par les progrès de l’intelligence artificielle deviennent stupéfiantes même si l’on n’en est encore qu’aux débuts et que l’IA actuelle est faible et sans conscience d’elle-même, bien sûr.
Désormais, la machine est capable de battre les humains aux échecs (depuis longtemps), au Jeopardy, au jeu de Go mais aussi au poker ! La semaine passée, la firme spécialisée DeepMind (rachetée pour 600 millions de dollars par Google en 2014) a d’ailleurs confirmé, lors d’une dernière manche de jeu de Go, la suprématie de sa machine face au numéro un mondial de la discipline, Ke Jie. L’intelligence artificielle comprend aussi de mieux en mieux la parole humaine. En octobre 2016, par exemple, Microsoft publiait dans une revue scientifique les résultats de son avancée en matière de reconnaissance de la parole : son algorithme est désormais capable de retranscrire une conversation (en anglais) aussi bien que l’être humain. Soit avec un taux d’erreur de moins de 6 % !
Il ne faut pas forcément croire que l’on va automatiser en premier les tâches les plus simples.” – Stéphane Mallard (Blu Age)
Au niveau de la traduction de langues, Facebook, Google et Microsoft (entre autres) avancent chacun leurs pions et annoncent de solides progrès. La firme de Mark Zuckerberg, par exemple, annonçait début mai avoir trouvé la solution pour assurer une traduction neuf fois plus rapide sans perdre en qualité. De son côté, le super ordinateur Watson d’IBM est déjà sorti des labos de recherche et se met au service de différents hôpitaux aux Etats-Unis. En confrontant les symptômes et le dossier médical de patients (dont leurs profils génétiques et les mutations possibles) à l’abondante littérature qu’il a ingurgitée (des millions de données génétiques, des études cliniques, des diagnostics), il est capable d’établir des diagnostics. Avec une véritable efficacité : déjà en 2013, l’assureur Wellpoint (désormais baptisé Anthem) pointait une fiabilité de 90 %, contre 50 % pour les médecins humains.
La force de l’intelligence artificielle réside évidemment dans sa capacité à analyser des milliards de données en quelques fractions de seconde et à pouvoir prendre des décisions, voire de prédire ce qui pourrait se produire. Une capacité jusqu’ici réservée à l’être humain que la prolifération de données a rendu totalement impuissant. Quel juriste peut analyser l’ensemble de la jurisprudence mondiale en quelques fractions de seconde ? Quel dirigeant d’entreprise peut baser l’ensemble de ses décisions sur un nombre phénoménal de données ? Cela fait dire à Jack Ma, le fondateur et big boss du géant du Web chinois Alibaba que, d’ici 30 ans, ” le CEO de l’Année en couverture du Time Magazine pourrait être… un robot “. Une phrase qui fera sourire les plus sceptiques. Mais que certains prennent très au sérieux. Stéphane Mallard, par exemple, soutient volontiers qu’à l’avenir, ” les entreprises seront dirigées par des intelligences artificielles. Cela ne fait aucun doute car elles seront en mesure de prendre des décisions stratégiques, sans le moindre biais, sur base de données à disposition et n’auront absolument pas besoin d’une intervention humaine “. Les projets du fonds BridgeWater Associates sont, à ce titre, révélateurs. Le hedge fund américain a recruté l’ancien responsable du développement de Watson pour mettre en place l’automatisation du management quotidien de la firme, en ce compris les engagements, les licenciements ou la prise de décisions stratégiques. C’est en tout cas la vision poursuivie par le boss de Bridgewater, Ray Dalio, pour qui la société doit être en mesure de tourner même s’il n’est pas là. Depuis 2015, une équipe de développeurs avance sur cet ambitieux projet, note le Wall Street Journal. Le quotidien croit d’ailleurs savoir que le rôle des êtres humains qui resteront chez Bridgewater consistera à déterminer les critères selon lesquels la machine prendra ses décisions et d’intervenir si quelque chose tourne mal. Mais plus de trancher eux-mêmes.
Les hauts profils touchés en priorité ?
Effrayant ? En tout cas, cela remet en cause le sentiment d’intouchabilité entourant les jobs à haute valeur ajoutée qui repose, en bonne partie, sur la capacité de ces profils à faire des choix et à élaborer des stratégies. Pour Stéphane Mallard, rien d’étonnant toutefois. ” Il ne faut pas forcément croire que l’on va automatiser en premier les tâches les plus simples, glisse-t-il. Aujourd’hui, on voit que l’IA sera en mesure de réaliser l’ensemble des fonctions du cerveau. Et, en priorité, on verra que ce sont les métiers avec le plus de valeur et les mieux rémunérés qui seront en ligne de mire. Forcément, mieux vaut financièrement remplacer un humain qui coûte 2.000 euros la journée que celui qui n’en coûte qu’une centaine… ” Autant dire que les couches de management pourraient être en première ligne.
Bien sûr, à ce stade, le remplacement des dirigeants et hauts managers par des algorithmes intelligents fait plutôt figure d’exception. Mais, dans les strates inférieures des organisations, les machines intelligentes commencent à se faire tout doucement une place. C’est notamment le cas de Watson. Sa solution est déjà déployée dans un certain nombre de secteurs, notamment celui de la banque. En France, par exemple, ” Big Blue ” s’est associée au Crédit Mutuel-CIC afin d’y déployer Watson. Son rôle ? Assister les conseillers clientèles dans la gestion des e-mails en provenance des clients. En gros, Watson analyse les e-mails qui arrivent, détermine leur degré de priorité et va même jusqu’à proposer des réponses personnalisables. Après des tests menés dès la deuxième partie de l’année 2016, le Crédit Mutuel serait en train de déployer la solution Watson auprès de 20.000 chargés de clientèle du groupe. De quoi inquiéter les syndicats qui se montrent vigilants face à ce qui pourrait bien être une menace sur l’emploi. Le président du groupe bancaire se veut néanmoins rassurant dans un entretien accordé au quotidien français Le Monde. ” Watson est un assistant dont le rôle est de libérer du temps et de faciliter le travail des conseillers, c’est en quelque sorte un stagiaire utile et motivé, cantonné aux tâches répétitives “, détaille-t-il.
Watson d’IBM est déjà sorti des labos de recherche et se met au service de différents hôpitaux aux Etats-Unis.
Evidemment, très peu d’entreprises se risquent à évoquer le remplacement des collaborateurs. Trop touchy comme sujet. Socialement peu acceptable. A part la société d’assurance-vie japonaise Fukoku Mutual Insurance qui a admis licencier 34 de ses 131 salariés du département des évaluations des paiements pour les remplacer par Watson, toutes les sociétés et nombre de consultants avancent plutôt la complémentarité entre l’algorithme et leurs employés. ” Foutaise, s’emporte Stéphane Mallard. Les entreprises, comme les grands groupes qui déploient l’intelligence artificielle adoptent un discours rassurant. Ils ne veulent pas faire peur. Mais passé le stade de complémentarité, le remplacement sera la norme. ” Tous ne partagent, bien sûr, pas ce point de vue (lire l’encadré ” L’IA, destructrice ou créatrice d’emplois ? “). Mais tout le monde s’accorde à dire que, dans peu de temps, toutes les entreprises devront intégrer d’une manière ou d’une autre la nouvelle donne et développer ou utiliser l’IA pour améliorer leur business et, à tout le moins, rester compétitives face à la concurrence. Pour Stéphane Amarsy, CEO de la société de marketing Inbox et auteur du livre Mon directeur marketing sera un algorithme, il ne fait aucun doute que, dans un avenir pas si lointain, nous allons tous collaborer avec l’intelligence artificielle. ” Il faut accepter cette nouvelle réalité et commencer à créer ce que sera notre avenir avec ces nouveaux collègues que sont les algorithmes “, estime l’auteur. Pour lui, des tas de fonctions vont être remplacées par les algorithmes et nos entreprises feront interagir du personnel humain et des robots.
Complémentarité indispensable avec l’IA
Dans le domaine du marketing dont il est spécialiste, Stéphane Amarsy s’attend à ce que ” le directeur reste un être humain continuant à prendre un certain nombre de décisions, mais il ne s’occupera plus du day to day comme les variations de prix, le ciblage des campagnes, etc. ” A terme, selon l’auteur, nos entreprises seront composées d’équipes mixtes hommes/robots transformant considérablement le rôle de manager. ” La gestion des équipes sera d’une complexité rare : comment définir les objectifs des robots et ceux des humains ? comment définir leurs performances ? etc. ” Cette collaboration forcée entre travailleurs et robots s’imposera, sans nul doute, dans nombre de métiers. Comme le soutient Laurent Alexandre, spécialiste des questions liées à l’intelligence artificielle, seuls les humains qui pourront prétendre à une complémentarité avec l’IA trouveront encore un métier à l’avenir. ” Si ‘intelligence artificielle + vous’ est égal à l’IA seule, alors vous êtes au chômage “, a-t-il déclaré lors d’une intervention remarquée au Sénat français.
Cette collaboration inédite imposera une redéfinition totale des rôles au sein des entreprises, tant du côté des managers qui resteront et devront diriger des équipes mixtes hommes-robots, que de celui des employés qui collaboreront au quotidien avec ces outils bien plus intelligents qu’eux. La gestion des talents n’aura rien de simple dans ce nouvel univers professionnel. Et l’ego de l’humain risque bien d’en prendre un sérieux coup. Pour Stéphane Amarsy, le succès du duo quotidien entre l’humain et l’algorithme sera indéniablement conditionné à plusieurs gros changements d’attitude. ” D’abord, il faudra accepter de ne pas tout comprendre, détaille l’auteur, car cela ne sera tout simplement plus possible. Collaborons avec les algorithmes et confions-leur ce que nous ne pouvons pas faire. L’enjeu ne sera plus de tout comprendre mais de bien savoir utiliser les robots. ” Il conviendra également de déléguer, non plus à des collègues mais à des algorithmes. Et de leur faire confiance. ” La difficulté vient de l’acceptation qu’une machine puisse prendre de meilleures décisions que moi, bien que je porte une expertise, écrit Stéphane Amarsy. Il s’agit d’une remise en cause de ce que nous représentons socialement mais qui ouvre une nouvelle ère professionnelle. Il faut anticiper ce changement. ”
Reste que cette ” collaboration ” avec des IA posera de nombreuses questions. Comment assurer la confiance des travailleurs humains face aux algorithmes ? Et si votre job s’appuie sur une intelligence artificielle qui réalise une analyse circonstanciée appuyée sur un large éventail de données, quel reste encore votre marge de manoeuvre réelle d’être humain face à ce résultat ? Etes-vous en mesure de contredire l’algorithme que l’on annonce tout aussi fiable, voire plus, que l’humain ? A terme, un radiologue à qui l’IA aura transmis une radio sans anomalie va-t-il prendre la peine de la revérifier ? Et si demain, Watson a décortiqué la situation médicale d’un patient, a établi un diagnostic de cancer et va jusqu’à proposer un traitement, que fera l’oncologue ? Même si à l’avenir nos directeurs restaient des êtres humains, le ” risque ” est grand que nous soyons tous de facto inféodés à la décision d’une machine plus intelligente, ou à tout le moins plus efficace.
La question divise. Craintes et fantasmes sont nombreux au sujet de l’impact sur les jobs existants. L’intelligence artificielle peut-elle devenir à ce point plus efficace que l’être humain qu’elle finira par détruire nos emplois ?
Après tout, si une machine devient capable d’analyser des millions d’images médicales et d’en déceler les tumeurs, à quoi sert encore le radiologue ? Si l’IA est en mesure de comprendre le sens des messages des clients d’une banque ou d’une assurance et d’y répondre, à quoi servent les services clients des grandes entreprises ?
Certaines études se veulent rassurantes. C’est le cas de celle dévoilée en janvier par le McKinsey Global Institute pour qui “moins de 5 % des métiers peuvent être automatisés à 100%”. Et de pointer du doigt les activités physiques très structurées dans des environnements prédictifs, de même que celles qui collectent et traitent des données. Par contre, toutes ne sont pas si optimistes. De nombreux travaux évoquent plutôt une apparition destructrice de l’intelligence artificielle. En 2013, une étude de deux chercheurs de l’université d’Oxford a été largement médiatisée. Carl Benedickt Frey et Michael Osborne estimaient, en effet, que pas moins de 47 % des jobs américains pouvaient subir les risques d’une robotisation dans les 20 ans à venir. Moins pessimiste, une récente étude de Forester évalue à 6 % le nombre de jobs amenés à disparaître aux Etats-Unis. Quand bien même 6 % : cela représente pas moins de 10 millions d’Américains !
Pour Laurent Alexandre, “on va vers des destructions massives d’emplois, c’est une évidence. L’IA faible actuelle est déjà capable de se substituer à beaucoup de fonctions humaines et elle va continuer à se développer de manière exponentielle”. Selon lui, les profils à haute valeur cognitive n’ont rien à craindre. “Mais tous les métiers qui se contentent d’aligner et traiter des données seront remplacés. En gros l’expert-comptable, par exemple, aura toujours un rôle, mais les comptables vont disparaître car leur tâche est intégralement automatisable. Et ces destructions massives d’emplois risquent bien de créer des crises sociales majeures. Il faut d’urgence ouvrir le débat sur l’IA en Europe.” Un point de vue que la plupart des acteurs du secteur tempèrent largement. Pour Anna Ukhanov, research manager au centre de recherche EMEA chez Google, “il est difficile de prédire aujourd’hui l’impact de l’IA sur les emplois. Nos grands-parents n’auraient jamais pu imaginer tous les jobs que l’on connaît aujourd’hui et ce n’est pas différent pour nous. Ce que l’on voit, par exemple dans le domaine médical, c’est que l’IA peut analyser des images médicales. Mais cela ne remplace pas le médecin : cela lui permet de libérer du temps qu’il peut consacrer au patient pour détailler la situation, parler du traitement, etc. L’IA peut surtout aider à mieux faire son job.”
On peut, par ailleurs, s’attendre à voir apparaître de nouveaux emplois liés à la généralisation de l’intelligence artificielle. Les intelligences artificielles nécessiteront, dans une première phase, une éducation. Des “éducateurs d’IA” pourraient voir le jour, de sorte à les perfectionner et les entraîner à être plus précises. L’encadrement du développement de l’IA dans la société imposera le développement de professions d’encadrement : juristes spécialisés, spécialistes éthiques, etc. Aujourd’hui, les assurances envoient des experts en cas de sinistres auto, demain elles enverront peut-être des contrôleurs d’IA pour tenter de comprendre certaines décisions prises par la machine en cas d’incident. Enfin, la voiture autonome ouvre la voie à un gigantesque marché de l’entertainment à bord et autour du service. Se faire conduire à un rendez-vous tout en permettant à un médecin de faire votre check-up, regarder un film, obtenir des détails historiques ou géographiques sur le paysage, etc. La liste est longue. Reste à savoir si ces nouveaux emplois compenseront tous ceux détruits…
Si l’intelligence artificielle constitue un concept datant du milieu du siècle passé, ce n’est qu’aujourd’hui que ses premiers effets se concrétisent. Et qu’on peut réellement anticiper ce qu’elle sera en mesure de réaliser dans les années à venir. Pourquoi maintenant ?
D’abord, grâce à la multiplication des données en tous genres à l’ère du Web, du smartphone et des objets connectés. Ensuite, grâce à l’étonnante amélioration de la puissance de calculs informatiques et notamment la mobilisation, à des fins de calculs, de puces (GPU) initialement prévues pour faire tourner les jeux vidéo modernes. Une puissance accrue qui a permis aux techniques d’apprentissage des machines de faire un sérieux bond en avant. Si en 1941 l’ordinateur le plus puissant du monde pouvait réaliser 20 opérations à la seconde, à l’heure actuelle l’ordinateur le plus puissant du monde – le super ordinateur chinois Sunway Taihulight – peut atteindre jusqu’à 93 millions de milliards d’opérations par seconde. Et la tendance ne semble pas près de s’arrêter puisque les acteurs informatiques et du Web travaillent à l’amélioration constante des puces. Pas plus tard qu’à la mi-mai, Google dévoilait ses nouvelles puces taillées sur mesure pour l’intelligence artificielle et qui seraient… treize fois supérieures aux puces GPU du moment.
Enfin, l’intérêt croissant des géants du numérique comme Google, Amazon, Facebook, Apple, IBM ou Microsoft pour ces technologies donne un sérieux coup d’accélérateur à la recherche en matière d’intelligence artificielle, un domaine pourtant vieux de plus de 60 ans. Les grands acteurs du numérique investissent massivement dans le secteur. On constate d’ailleurs qu’ils accélèrent les acquisitions de start-up dans le secteur depuis 2015 et que tous déploient d’importants laboratoires de recherche fondamentale. C’est, par exemple, le cas de Facebook qui a créé le centre FAIR (Facebook Artificial Intelligence Research) pour lequel il a recruté le Français Yann Le Cun afin de diriger une centaine de chercheurs. Son rival Google a implanté à différents endroits, dont Zurich, des équipes de recherche également.
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