Angèle, Chanel et Spotify

Angèle
© D.R.
Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

Le salut des chanteuses belges passera-t-il par les grandes maisons de luxe? A l’heure où Spotify dévoile les chiffres de ses rétributions versées à nos artistes en 2024, la Belge Angèle squatte l’univers de la maque Chanel pour fixer ses ambitions internationales en 2025.

A peine 0,3% du montant total. Sur les 10 milliards de dollars que le géant Spotify a versé aux ayants droit l’année dernière, seuls 34 ‘‘petits’’ millions ont été payés aux artistes belges et à leurs labels, soit à peine un demi-pourcent de la manne mondiale. C’est peu, mais encourageant puisque la plateforme de streaming musical indique que cela représente tout de même une augmentation de 11 % par rapport à 2023.

Mais il y a ‘‘artistes’’ et ‘‘artistes’’… Car dans cette rétribution accordée par Spotify à l’industrie musicale belge, ce sont essentiellement les grands noms qui raflent la mise comme Lost Frequencies, Stromae, Angèle ou encore Damso. Ces stars multiplient en effet les écoutes à l’international et donc empochent le maximum de revenus.

Pour les autres, c’est beaucoup plus compliqué. Par écoute sur la plateforme de streaming, un morceau de musique ne rapporte que 0,003 cent en moyenne au chanteur qui en est l’auteur. Il lui faut donc 1.000 écoutes pour grapiller 3 euros et un million d’écoutes pour espérer toucher 3.000 euros. Une performance qui n’est pas donnée à tout le monde en Belgique…

Nouvelles stratégies

Avec la dématérialisation de la musique dans les années 2.000 et la montée en puissance des plateformes de streaming, les chanteurs et chanteuses misent donc désormais sur de nouveaux canaux pour augmenter leurs sources de revenus. Il y a bien évidemment les concerts dont le prix des places a flambé ces dernières années (avec tout le merchandising juteux qui les accompagne), mais aussi les contrats publicitaires avec de grandes marques, non seulement pour consolider une certaine notoriété en gagnant de l’argent ‘‘facile’’, mais aussi pour développer de nouvelles stratégies de communication.

Il y a quelques jours à peine, notre Angèle nationale en fait la brillante démonstration lors de la soirée de lancement du nouveau parfum de la maison Chanel. La chanteuse belge est ambassadrice de la marque de luxe depuis 2020 et elle est aujourd’hui l’égérie publicitaire de la toute nouvelle fragrance Chance Eau Splendide. Un parfum avec lequel elle pose non seulement dans la campagne de pub, mais pour lequel elle a aussi composé une chanson de 30 secondes pour un spot signé Jean-Pierre Jeunet (Delicatessen, Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, etc.).

Et c’est précisément cette nouvelle chanson en anglais qu’Angèle a fredonné devant 600 invités lors de la soirée de lancement de Chanel à l’Élysée Montmartre, le 3 avril, à Paris. Il n’en fallait pas plus pour que les fans de l’artiste belge y voit un avant-goût de l’atmosphère probable du troisième album que la chanteuse est en train de composer, lentement mais sûrement…

Tournant prévisible

Au-delà de l’anecdote, la prestation publicitaire d’Angèle est surtout révélatrice du tournant prévisible que prend l’industrie musicale. Pour aller beaucoup plus loin qu’un million d’écoutes sur Spotify qui rapportent à peine 3.000 euros à l’artiste concerné, les chanteurs et chanteuses belges sont de plus en plus contraints de nouer des partenariats stratégiques s’ils veulent sortir de leur bulle francophone.

En misant sur la marque Chanel mondialement connue avec un nouveau titre délibérément écrit en anglais, Angèle délivre un teaser haute couture de son futur album qui fera très probablement la part belle à la langue de Shakespeare. Histoire de créer le buzz et de multiplier surtout, à l’avenir, le nombre de streams.

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