Amazon a racheté la startup Bee AI et son concept de bracelet connecté doté de l’intelligence artificielle. Un rachat stratégique qui éclaire sur les ambitions du géant américain dans le domaine des objets intelligents et de l’IA générative.
Déjà bien implanté dans l’univers des objets connectés, Amazon semble vouloir franchir une nouvelle étape : intégrer l’intelligence artificielle de manière encore plus intime dans le quotidien des utilisateurs. Le développement d’Alexa+, sa propre IA générative conçue en collaboration avec Anthropic, s’inscrit dans cette logique. Mais l’acquisition de Bee AI – pour un montant inconnu – laisse entrevoir une vision encore plus ambitieuse : faire de l’intelligence artificielle un assistant personnel, portable, et permanent.
“Lorsque nous avons commencé Bee, nous avons imaginé un monde où l’IA est vraiment personnelle, où votre vie est comprise et améliorée par une technologie qui apprend avec vous. Ce qui a commencé comme un rêve avec une équipe et une communauté incroyables trouve maintenant un nouveau foyer à Amazon.”
Maria de Lourdes Zollo, co-fondatrice de la startup Bee AI, sur LinkedIn.
Le bracelet qui vous écoute (presque) en continu
Le concept de Bee AI dépasse les fonctionnalités classiques d’une montre connectée. Le bracelet, dépourvu d’écran, est équipé de deux microphones et enregistre en permanence l’environnement sonore de son porteur – sauf si celui-ci le désactive manuellement. À la fin de chaque journée, une intelligence artificielle génère des résumés personnalisés sur base des activités détectées et des échanges captés.
Commercialisé à 49,99 dollars, l’appareil s’accompagne d’un abonnement mensuel de 19 euros. Bee AI se limite pour l’instant à la capture audio et à sa transcription ; l’analyse des données et la génération de résumés sont assurées par des partenaires tiers.
Un outil au service d’une IA générative sur mesure
Amazon n’a pas communiqué ses intentions précises suite à ce rachat, mais plusieurs indices permettent de formuler des hypothèses. La firme multiplie les efforts pour rattraper son retard face à ses concurrents en matière d’IA générative. Disposer d’un appareil capable d’enregistrer les interactions de l’utilisateur tout au long de la journée constituerait une précieuse source de données pour alimenter et affiner Alexa+.
Un tel bracelet pourrait ainsi devenir une extension d’Alexa, capable non seulement de résumer les moments clés de votre journée, mais aussi de répondre à des questions contextuelles. Et pourquoi pas – business oblige – suggérer des produits ou proposer un accès direct à la plateforme d’e-commerce d’Amazon ?
Des enjeux majeurs en matière de vie privée
Une telle technologie soulève inévitablement des préoccupations, notamment en matière de respect de la vie privée. Les enregistrements en continu posent question, non seulement pour les utilisateurs eux-mêmes, mais aussi pour les personnes avec lesquelles ils interagissent. Si Amazon venait à intégrer le concept de Bee AI dans son écosystème, des voix pourraient s’élever.
L’intelligence artificielle s’invite sur nous
Au-delà du cas Amazon, une tendance globale se dessine : celle d’une IA qui ne se contente plus d’habiter nos écrans, mais qui se porte sur nous. Meta commercialise déjà des lunettes Ray-Ban et Oakley intégrant des fonctionnalités d’intelligence artificielle. De leur côté, les fabricants de montres connectées enrichissent leurs produits de raccourcis vers des assistants intelligents.
OpenAI n’est pas en reste. La firme travaille, elle aussi, sur un objet physique intégrant son IA, épaulée pour l’occasion par Jony Ive, ex-designer vedette d’Apple. À ce stade, on ignore s’il s’agira d’un smartphone, d’un accessoire portable ou d’une innovation d’un tout autre genre.
Amazon n’est pas le premier à vouloir faire de l’IA un compagnon portable. La startup Humane s’y est essayée avant lui, avec son AI Pin, une broche intelligente conçue pour remplacer le smartphone. Dépourvu d’écran, mais équipé d’un projecteur, l’appareil ambitionnait de réinventer l’interaction numérique. Le “tueur des smartphones”, avait promis la startup. Un pari audacieux, accueilli dès le départ avec scepticisme. Et à raison : quelques mois seulement après son lancement, le projet a été abandonné, faute d’adhésion du marché. Le prix de 499 $ était sans doute pour quelque chose…