Sous l’oeil de Franco

Cela fait une bonne quinzaine d’années que l’Envers du décor s’est ouvert le long de la chaussée de Bruxelles à Casteau, pas très loin du Shape. L’idée était de revitaliser et redynamiser le restaurant initialement intégré à l’hôtel situé à l’arrière, avec l’accent mis, outre la qualité de l’assiette, sur un concept original. Mission accomplie. Aujourd’hui, ce concept revêt un caractère nostalgique avec le décès récent de Franco Dragone, un ami des propriétaires. En entrant dans le restaurant, le client pénètre en effet dans l’univers magique du Louviérois. Des masques et des chapeaux issus du Cirque du Soleil côtoient des costumes, des accessoires et des esquisses du Rêve, le spectacle qu’il a créé au Wynn à Las Vegas en 2005. Des tables renversées au plafond rappellent d’ailleurs l’un des tableaux du spectacle qui faisait s’envoler un restaurant entier. Des photos du metteur en scène avec ses acteurs ou avec Céline Dion parachèvent le travail.

Dans cette ambiance un peu féérique, Stéphane Duvivier et son équipe, dont Benoît Renoird en cuisine, propose une cuisine de brasserie généreuse et de bon aloi destinée à faire plaisir aux jeunes de 7 à 77 ans. Et pour prolonger la magie, la carte du restaurant a des allures de bande dessinée. Ici aussi, la cuisine se veut locavore et adepte des circuits courts. A côté d’un menu Envers du Décor (trois services – 39,50 euros), Stéphane Duvivier travaille une carte étendue agrémentée de suggestions qui, évidemment, à cette époque, font la part belle au gibier. Mention bien pour le filet de lièvre à la sauce Fine Champagne (29,90 euros) ou pour le faisan aux champignons sauvages et chicons braisés (24,60). En entrée, nous avons apprécié la friture Joëlle et sa sauce tartare (13,80). Non, ce n’est pas le prénom de la patronne mais une allusion aux joëls, de petits poissons à déguster frits et entiers. Tout aussi savoureux étaient les ceps proposés en toast. La clientèle, nombreuse, de L’Envers du décor se déplace aussi pour les grillades ou pour son américain, le meilleur de la région. Alors oui, ce n’est pas le grand soir ni de la cuisine haute couture ni d’une créativité débordante mais une offre qualitative et généreuse dans son créneau. Et c’est très bien comme ça.

Question vins, Stéphane Duvivier connaît ses classiques mais sa carte resserrée doublée de suggestions regorge de petites pépites à (re)découvrir. Comme l’impeccable beaujolais blanc de Jean-Paul Brun ou le saint-chinian de Marc Valette au nom indiqué pour le décor: les Une et Mille Nuits. Rideau!