Tensions sur le marché de l’emploi: quand patrons et travailleurs ne sont pas d’accord

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Comment les employeurs pourraient-ils arriver à fidéliser les talents, quand 46% des travailleurs sont insatisfaits de leur job ?

Rien ne va plus entre patrons et travailleurs… selon une récente étude de l’agence de recrutement Michael Page épingle qui épingle précisément les causes de cette insatisfaction.

Ce qui ne va pas…

Moins de la moitié (46 %) des travailleurs se disent satisfaits de leur emploi actuel. « Cette situation est due à une différence d’attentes entre celles les employés et celles les employeurs, selon Michael Page. Les entreprises ont en effet de plus en plus de mal à répondre aux attentes de plus en plus élevées des candidats et des employés. »

S’il est vrai qu’avant le covid les travailleurs étaient déjà à la recherche d’un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et privée, cette demande s’est encore renforcée, et les employés sont toujours plus à la recherche d’une certaine flexibilité afin d’équilibrer au mieux ces deux aspects de leur vie. Et c’est là que le bât blesse : il est difficile pour les entreprises de répondre à cette demande de flexibilité, tout en voulant maintenir une certaine cohésion entre collègues ainsi qu’une culture d’entreprise forte. Car si les employés privilégient leur bien-être personnel et, élément nouveau, accordent de plus en plus d’importance à leur santé mentale, les entreprises, elles, visent la croissance.

Gagner plus dans un prochain emploi

Il semblerait que rémunération soit toujours la première incompréhension dans le dialogue entre patrons et travailleurs. En effet, l’étude de Michael Page énonce le chiffre de 53 % des répondants, déclarant qu’un salaire plus élevé est l’un des facteurs les plus importants dans leur recherche d’emploi. 

Et s’ils ne tombent pas toujours d’accord sur le montant de cette rémunération, sur le principe ils sont néanmoins sur la même longueur d’onde. Les entreprises sont conscientes du rôle parfois crucial que joue le salaire pour les candidats : 56 % d’entre elles estiment d’ailleurs qu’offrir un salaire plus élevé est primordial dans leur recherche de nouveaux talents. Mais c’est là que de nombreuses entreprises se heurtent aux limites de leur propre budget, déplore l’étude. Pour le bureau de recrutement, cette insatisfaction salariale est loin d’être une mauvaise chose, car elle a rendu le marché du travail plus dynamique. « Le message pour les entreprises est donc clair : investissez dans les salaires et repensez vos packages de rémunération », avertit Gregory Renardy, directeur général de Michael Page.

Si la rémunération reste la priorité des demandeurs d’emploi, il ne l’est plus pour les personnes qui sont en poste depuis un certain temps. Ces dernières attachent plus d’importance à la flexibilité qu’au salaire. Ces travailleurs-là veulent pouvoir télétravailler et avoir des horaires flexibles : 50 % des salariés ont d’ailleurs déclaré que l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée est l’aspect le plus déterminant de leur satisfaction professionnelle.

Concilier vie professionnelle avec développement personnel

« Les gens souhaitent organiser leur travail en fonction de leur vie privée, souligne Gregory Renardy. Ils ressentent le besoin de concilier leur vie professionnelle avec leur développement personnel et leur temps libre. Cet aspect est particulièrement important pour les salariés en Europe, plus que dans d’autres régions du monde. »  Et d’ajouter que « cela complique la tâche des employeurs, qui doivent offrir de la flexibilité en matière d’horaires de travail et de télétravail, tout en veillant à maintenir des liens au sein de l’équipe et à favoriser la collaboration entre collègues. »

Selon les chiffres de Statbel, si avant la pandémie 19% des salariés belges travaillaient occasionnellement à domicile, aujourd’hui c’est 32%. De plus, l’étude de Michael Page souligne le fait que la flexibilité est le facteur le plus important pour 45 % des salariés (devant le salaire donc) lorsqu’ils choisissent de changer d’emploi.

Le télétravail est rentré dans les normes, ou plus précisément un modèle hybride, combinant travail à distance et en présentiel. Il s’est standardisé autour d’un ratio 2-3 pour deux jours de télétravail contre trois jours de travail sur place en cas de temps plein. La majorité des télétravailleurs prestent donc un à deux jours par semaine chez eux. Selon l’enquête BeMob du SPF Mobilité et Transports, ce sont les mercredis (44%) et les vendredis (52%) qui sont fortement demandés.

Selon une enquête d’Acerta, seul un quart des salariés aimeraient travailler davantage à domicile. Plus de la moitié des employeurs (57 %) estiment eux que le système actuel leur suffit. La plupart seraient donc d’accord avec cet équilibre.

Voilà qui devrait rassurer les travailleurs qui craignaient que leur entreprise emboîte le pas à Amazon, qui exige de ses employés un retour 100% en présentiel.

Quant à la santé mentale ?

Au fil des burn-out et de la crise sanitaire, les travailleurs prennent de plus en plus conscience de l’importance qu’ils veulent accorder à leur santé mentale, un élément qui passe de plus en plus souvent au premier plan avant leur carrière.

L’enquête rappelle qu’en 2023, 54 % des salariés sondés ont déclaré qu’ils refuseraient une promotion s’ils devaient pour cela sacrifier l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Aunjourd’hui, en 2024, ce chiffre est déjà passé à 57 % et en Belgique, ce pourcentage est encore plus élevé, avec 62 % des salariés. « Cela envoie un message clair aux employeurs : ils doivent prendre en compte le besoin d’équilibre, de récupération et de développement personnel », conclut Gregory Renardy.

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