Dès janvier 2026, la réforme du chômage du gouvernement Arizona entrera en vigueur. Parmi ses mesures les plus controversées : la limitation à 24 mois des allocations. Les travailleurs à temps partiel seront impactés par cette mesure. Explications.
La vidéo de Carol Zanin, chroniqueuse entre autres sur LN24, a fait le buzz. Quand la CSC l’a prévenue qu’elle perdrait ses allocations de chômage en juillet 2026, elle a cru à une erreur et a contacté l’ONEM pour vérification. Mais après contre-vérification, le couperet est tombé : le syndicat avait raison. Elle risque bien de perdre son allocation. L’animatrice enchaîne les contrats à la journée. Entre deux engagements ponctuels, elle perçoit une allocation de chômage. Ces jours s’accumulent. Résultat : en juillet 2026, elle aura cumulé les deux ans fatidiques.
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Son cas illustre une réalité que découvrent des milliers de travailleurs à temps partiel avec cette polémique. Selon la réforme du chômage, en dessous d’un certain nombre d’heures prestées par semaine, le compteur tourne. Les premiers courriers d’avertissement partis mi-septembre ont déclenché une vague de panique chez ces travailleurs, dont beaucoup découvrent seulement maintenant qu’ils sont concernés par la mesure.
Minimum 19 heures / semaine
La durée des allocations de chômage sera limitée à un maximum de 24 mois pour la plupart des chômeurs complets. Ce compteur de 24 mois ne court que pendant les périodes où des allocations sont effectivement perçues, et est suspendu pendant les périodes de travail sans allocation.
La réforme du chômage marque une frontière nette entre les travailleurs qui prestent 19h / semaine et ceux qui se situent en-dessous de ce seuil.
Pour les travailleurs à temps partiel bénéficiant d’une allocation de garantie de revenus (AGR) avec maintien des droits, le maintien de cette AGR au-delà de la période normale d’indemnisation nécessite de respecter certaines conditions, notamment : un horaire moyen d’au moins 19 h/semaine ou “au moins la moitié du nombre moyen normal des heures de travail hebdomadaire de la personne de référence” selon la loi-programme.
En revanche, les travailleurs à temps partiel ne remplissant pas ces conditions verront leur droit à l’AGR s’arrêter à l’expiration de leur période d’indemnisation. Pour bénéficier d’allocations de chômage complet, ils devront alors remplir les conditions d’admission (312 jours de travail sur 36 mois). À défaut, ils pourraient devoir recourir à une aide sociale via le CPAS.
Les laissés-pour-compte de la réforme
Les grands perdants de cette réforme sont, entre autres, les puéricultrices sous contrat APE, qui prestent souvent 12 à 15 heures par semaine. Les enseignants temporaires, recrutés pour 10 heures hebdomadaires, ou encore, les travailleurs occasionnels qui enchaînent les missions courtes.
Un piège temporel
L’innovation – et le piège – de cette réforme, c’est le cumul des périodes indemnisées. Avant, il était possible d’alterner travail à temps partiel et chômage. Désormais, chaque jour où vous percevez des allocations compte.
Vous travaillez trois mois sans allocations, vous êtes au chômage indemnisé six mois, vous reprenez quatre mois sans allocations, puis de nouveau au chômage indemnisé ? Seules les périodes où vous avez perçu des allocations s’additionnent. Une fois les 24 mois d’indemnisation atteints, le couperet tombe.
Important : les travailleurs actuellement indemnisés bénéficient de dispositions transitoires jusqu’au 30 juin 2030, avec des durées variables selon leur situation au 30 juin 2025.
La confusion règne
Pendant ce temps, le ministre de l’Emploi David Clarinval (MR) et les syndicats s’accusent mutuellement de désinformation. Pourtant, le cadre légal existe. La loi-programme, publiée le 29 juillet au Moniteur belge, détaille toutes les conditions d’exclusion sur plus de 120 pages. Mais sa complexité juridique rend le texte peu lisible et sujet à confusion. D’où la multiplication d’erreurs d’interprétation de la part des syndicats et des employeurs, et parfois même de l’ONEM.
Au total, la réforme du chômage touchera près de 185.000 personnes d’ici juillet 2027, tous profils confondus.
Que faire si vous êtes concerné ?
Si vous travaillez moins de 19 heures par semaine, quatre réflexes s’imposent :
1. Faites le point. Contactez votre syndicat ou la CAPAC pour calculer où vous en êtes dans le cumul de vos 24 mois.
2. Négociez une augmentation d’horaire. Passez à 19 heures minimum si votre employeur l’accepte. C’est la seule façon de vous protéger durablement.
3. Anticipez le recours au CPAS. Si vous dépassez les 24 mois, c’est vers le CPAS de votre commune qu’il faudra vous tourner.
4. Documentez tout. Conservez vos contrats, fiches de paie et attestations. En cas de litige, ces documents seront essentiels.