Près de la moitié des travailleurs s’ennuient (parfois) au travail
Vous arrive-t-il de trouver vos journées de travail interminables, le temps ne passant pas quand on regarde sans cesse sa montre… Distraction et alternance avec des périodes plus stressantes sont votre lot quotidien. Vous n’êtes pas tout seul.
On parle beaucoup du burn-out, on le qualifie parfois du mal du siècle qui pèse sur les travailleurs. Trop de stress, surcharge de travail, avec à la clé angoisse et dépression. C’est vrai. Mais l’inverse est tout aussi vrai : le bore out se tapit dans les recoins des salles de réunion et si ses symptômes sont très similaires au burn-out, ils sont tout aussi handicapants pour les entreprises et les travailleurs.
Selon une récente enquête de Protime, fournisseur de solutions de gestion des ressources humaines, près de la moitié des employés (46%) s’ennuient parfois au travail. Ce phénomène est plus présent chez les jeunes travailleurs que chez leurs aînés, car 59% des 18-34 ans interrogés disent rencontrer une certaine lassitude au cours de l’exécution de leur travail.
« La différence s’explique notamment par le fait que les jeunes salariés ne savent souvent pas encore ce qu’ils peuvent attendre d’un emploi, explique Lode Godderis, professeur en médecine du travail à la KU Leuven. Si, par exemple, ils acceptent un job inférieur à leur niveau, ils ne peuvent y exploiter ni y développer suffisamment leurs compétences. Il peut aussi s’agir d’un travail qui ne correspond pas à leurs valeurs. »
Cet ennui semble diminuer avec l’âge, il n’est plus “que” de 38% chez les 35-54 ans et descend à 31% chez les plus de 55 ans. À cela aussi, le professeur en médecine du travail a une explication : « Les salariés comptant un plus grand nombre d’années d’expérience ont une perception plus réaliste de ce qu’un travail recouvre. Souvent aussi, ils ont déjà trouvé un emploi qui convient à leurs expertises et à leur personnalité. »
Périodes de stress
Mais ces épisodes d’ennui ne sont, heureusement, pas permanents. La mauvaise nouvelle est que le juste milieu ne semble pas exister… Ainsi, près de deux salariés sur trois (63%) se disent par moments submergés par le stress en raison d’une charge de travail trop importante.
Or c’est dans ces moments-là qu’on veut pouvoir compter sur ses collègues pour ne pas avoir l’impression d’être seul.e à faire tourner la boîte. Selon l’enquête de Protime, cette surcharge de travail serait bien répartie, car 55% des travailleurs interrogés estiment que ce surcroît de travail comme répartie équitablement entre les membres de leur équipe.
À ce niveau, il existe une différence au sud du pays, car près de la moitié (47%) des Belges francophones estiment qu’ils travaillent bien plus que leurs collègues dans les moments de stress. Protime souligne qu’ils ne sont que 23% à penser qu’ils en font moins que les autres membres de leur équipe.
À nouveau, les plus jeunes se démarquent, car parmi les moins de 35 ans interrogés, ils sont 40% à estimer qu’ils travaillent moins ; tandis que ce pourcentage diminue à 16% chez les 35-54 ans et même à 5% parmi les plus de 55 ans.
Solution pour éviter cela ?
“ Une meilleure perception de la gestion du temps au sein des équipes peut aider à mieux répartir la charge de travail entre ses membres et à maintenir le volume de travail à un niveau ‘raisonnable’, déclare Sophie Henrion, porte-parole de Protime. Cela peut contribuer à prévenir tant les bores out que les burn-out et ainsi participer au bonheur au bureau. À l’image des bons coachs sportifs, les managers peuvent ainsi apporter les ajustements requis en cas de déséquilibre trop important,” indique Sophie Henrion.
Mais pour Sophie Henrion, une meilleure répartition ne suffit pas, il faut aller plus loin : esprit d’équipe et une bonne culture d’entreprises sont des atouts importants « pour éviter l’ennui au bureau ou un volume de travail trop important ». Et de renchérir : « Les collaborateurs doivent se sentir bien dans le groupe, avoir un objectif concret, pouvoir se développer et savoir pourquoi ils font ce qu’ils ont à faire. Il leur sera ainsi plus facile d’apporter de l’aide à un collègue confronté à une situation complexe. Ou de prendre des initiatives appropriées à leurs compétences et à leurs centres d’intérêt, afin que l’ennui n’ait aucune chance de les atteindre.”
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici