L’IA impactera “fortement” 65% des travailleurs belges
Un peu moins de deux tiers des travailleurs belges (65%), soit 3,3 millions de personnes, occupent des emplois “fortement” exposés à l’intelligence artificielle (IA), selon une étude d’ING publiée vendredi. Cette technologie devrait “fondamentalement” modifier la manière dont ces personnes travaillent.
Selon cette étude, basée sur une enquête auprès de 1.000 Belges, l’IA suscite des réactions ambivalentes, partagées entre craintes et espoirs: si 42% de la population estime que l’IA détruira des emplois, environ un tiers s’attend à un impact positif sur la croissance économique au cours des cinq prochaines années.
Par ailleurs, un tiers (31%) des travailleurs belges, soit 1,6 million de personnes, exercent des professions où l’IA pourrait compléter leurs tâches et augmenter leur productivité. En revanche, 34% des travailleurs, soit 1,7 million de personnes, occupent des emplois où l’IA risque d’automatiser certaines tâches, voire de les remplacer.
Le personnel administratif sera probablement le plus touché par l’IA, et des pertes d’emplois sont probables dans cette catégorie, estime la banque. En revanche, les managers, les chirurgiens ou encore les juges, bien qu’exposés à l’IA, sont davantage susceptibles d’en bénéficier grâce à la complémentarité de leurs compétences avec cette technologie.
“L’IA va changer la façon de travailler, mais ne va pas conduire au chômage de masse,” tempère Charlotte de Montpellier, Senior Economist chez ING. “Dans un contexte de pénurie de travailleurs et de vieillissement de la population, nous estimons que ces évolutions ne conduiront pas à une hausse du chômage.”
Peu d’inquiétude
Les personnes interrogées ne semblent néanmoins pas trop inquiètes par rapport à leur propre travail. Seulement 3% des Belges qui travaillent actuellement s’attendent à ce que leur emploi soit remplacé par l’IA au cours des cinq prochaines années, les cadres et les professions libérales affichant les chiffres les plus bas.
Les Belges sont plus optimistes quant à l’impact de l’IA sur la croissance puisque 31% des sondés anticipent un effet positif au cours des cinq prochaines années. La banque prévoit par ailleurs une hausse de la croissance annuelle de la productivité de 0,1 à 0,5 point de pourcentage grâce à l’IA. La Belgique, comme le reste de l’Europe, devrait se situer dans le bas de cette fourchette, tandis que les États-Unis verront des gains de productivité plus importants.
Risque de retard sur les États-Unis
Mme de Montpellier a notamment pointé le risque que l’Europe, et notamment la Belgique, prenne du retard face aux États-Unis en matière d’IA. Selon elle, les réglementations plus strictes envisagées par le Vieux Continent pourraient limiter l’impact de cette technologie sur la productivité et la croissance économique. “L’écart en termes de croissance et de gains de productivité entre les USA et l’Europe risque de s’accentuer dans les prochaines années”, a-t-elle avancé.
In fine, l’IA a le potentiel de transformer “fondamentalement” la plupart des emplois actuels, ce qui signifie que la façon dont le travail est réalisé évoluera “radicalement, en particulier parmi les cadres, les techniciens, les employés de bureau et les professionnels”, conclut ING. Cependant, les processus de mise en œuvre s’opérant rarement du jour au lendemain, la transformation de ces emplois sera donc “progressive”. Dans le même temps, la demande continuera d’évoluer, de nouveaux besoins et de nouvelles professions sont susceptibles d’apparaître, prévoit la banque.