Les aides à l’embauche “Impulsion -25 ans” n’ont pas permis de relever le taux d’emploi
C’est le constat que dressent l’Institut wallon de l’évaluation, de la prospective et de la statistique (Iweps) et l’Institut de recherches économiques et sociales (IRES/LIDAM) de l’UCLouvain dans une évaluation publiée mercredi, cinq ans après le lancement de ce système.
Le dispositif vise à stimuler l’emploi parmi les jeunes qui ne disposent pas d’un diplôme de l’enseignement secondaire supérieur, ou qui en sont diplômés mais sont sans travail depuis au moins six mois. L’aide se présente sous la forme d’une allocation de travail mensuelle versée au travailleur et déduite du salaire net payé par l’employeur, pour une durée maximale de 36 mois.
Cependant, la mesure a manqué sa cible, analyse les deux instituts. Elle n’a permis de relever ni le taux de retour à l’emploi, ni la durée passée en emploi des chômeurs peu scolarisés de moins de 25 ans. “Les subsides n’ont donc pas incité les employeurs à recruter davantage ces travailleurs et génèrent des effets d’aubaine”, résume l’équipe de recherche.
Pour les deux organismes, une entrée ou un retour rapide au travail pour ces jeunes s’appuie d’abord sur un socle de compétences suffisant via des formations professionnelles ciblées.
Trois causes
Le duo cite ainsi trois causes pouvant expliquer que les aides “Impulsion -25 ans” ne portent pas leurs fruits. Outre le manque de qualification de la personne ou d’attractivité du métier à prendre en compte, la mesure devrait être mieux ciblée notamment en offrant un subside plus généreux sur une période plus courte, estime l’équipe de recherche. Cela augmenterait l’effet incitatif auprès des entreprises, relève-t-elle. “Si une expérience d’emploi peut suffire à relancer le jeune sur le marché du travail, il n’est peut-être pas nécessaire de le subsidier pendant trois ans.”
Enfin, le manque de visibilité du dispositif et sa trop grande complexité administrative constituent également un frein. Par ailleurs, depuis le 1er juillet, l’employeur doit proposer un contrat de travail de minimum deux mois ou un CDI pour pouvoir prétendre à l’aide “Impulsion -25 ans”. Cette mesure exclut de facto les agences de travail intérimaire, qui ne proposent que des contrats de courte durée. Gros consommateurs de ces aides, ces intermédiaires bénéficiaient du subside en le déduisant du salaire net du travailleur, au lieu de l’entreprise où le travailleur accomplit ses heures. Néanmoins, “rien ne permet d’affirmer que les effets d’aubaine disparaîtront”, préviennent l’Iweps et l’IRES/LIDAM. S’ils sont contraints de garder ce personnel au moins deux mois, les employeurs pourraient en effet se montrer plus frileux à l’embauche. “S’ils ont peur de recruter quelqu’un qui ne convient pas”, pour deux mois “ils ont plus intérêt à engager les personnes qu’ils auraient embauchées sans aide.
L’effet incitatif d’une réduction du coût du travail de 500 euros pour deux mois est en effet très limité”. La mesure devrait donc uniquement se traduire par une économie budgétaire, conclut le rapport.
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