La reprise post-Covid n’a pas profité à tous les jeunes
Le nombre de jeunes qui n’ont pas d’emploi mais ne sont pas non plus engagés dans une trajectoire d’éducation ou de formation est “préoccupant”, met en garde lundi l’Organisation internationale du travail (OIT).
L’Organisation internationale du travail (OIT) publie un nouveau rapport qui s’intéresse à l’emploi et aux perspectives des jeunes de 15 à 24 ans. L’emploi a repris après la pandémie de Covid-19, et le taux de chômage des jeunes a baissé, à l’échelle mondiale, mais ces bonnes nouvelles ne concernent pas certaines régions du monde ainsi que de nombreuses jeunes femmes.
En 2023, le taux de chômage des jeunes était de 13%, soit 64,9 millions de personnes. Ce taux est “le plus bas depuis 15 ans“, note l’OIT. Et on s’attend à ce qu’il baisse encore à l’échelle mondiale cette année et en 2025 baisse encore à l’échelle mondiale cette année et en 2025. En Europe du Nord, du Sud et de l’Ouest, il était de 14,4% en 2023 et devrait remonter.
Cette reprise du marché du travail a davantage profité aux jeunes hommes qu’aux jeunes femmes, note l’OIT. Avant la pandémie, elles étaient systématiquement moins touchées par le chômage, mais cet écart a disparu et la reprise ne l’a pas rétabli.
Certaines régions du monde n’ont pas non plus profité de cette relance post-pandémie en matière d’emplois pour les jeunes. “Dans les États arabes, en Asie de l’Est ainsi que dans la sous-région Asie du Sud-Est et Pacifique, le taux de chômage des jeunes en 2023 était supérieur à son niveau de 2019“, peut-on lire dans le rapport. Pour ce qui est des États arabes (28%), la hausse avait déjà débuté avant la pandémie: elle est constante sur les deux dernières décennies.
En dehors du taux de chômage, la proportion de NEET (pour “Not in Employment, Education or Training”) est également un important indicateur de l’exclusion des jeunes du marché du travail. 20,4% des jeunes étaient sans emploi et ne suivaient ni formation ni éducation en 2023. Parmi ceux-ci, deux sur trois étaient des femmes, une “source de préoccupation“. Au total, 28% des jeunes femmes sont “NEET”.
Anxiété croissante quant à l’avenir
Les perspectives se sont considérablement améliorées sur le marché du travail pour les 15-24 ans, mais ceux-ci “montrent des signes d’anxiété croissante quant à leur avenir“, observe avec inquiétude l’organisation: crainte de perdre son emploi, crainte de ne pas être indépendant financièrement, etc.
Dans certains pays, ces craintes sont, au moins en partie, fondées: dans les pays à faible revenu, cela reste un problème pour les “jeunes adultes” d’obtenir un boulot “sûr”, c’est-à-dire salarié et avec un contrat de plus d’un an. Sur les 25-29 ans, seul un sur cinq y parvient, une situation qui n’a quasi pas évolué depuis le début du siècle, observe l’OIT. Cette proportion est bien plus élevée dans les pays à revenu élevé (76% en 2023), mais ceux-ci sont malgré tout touchés par la tendance mondiale à la précarisation du travail: la part de jeunes adultes en emploi temporaire augmente.
“La capacité des jeunes à participer avec succès ou non au monde du travail (et à la vie citoyenne de manière générale) va fortement déterminer la direction du progrès mondial. Si les jeunes reçoivent le soutien dont ils ont besoin pour garder espoir et s’épanouir dans un emploi décent, l’option d’une croissance productive et inclusive pourrait l’emporter”, rappelle l’OIT.