La grève historique chez bpost enfin finie? Avant un chaos sur le rail, une grève générale…: ce n’est pas raisonnable

La grogne social est partie pour durer.
Olivier Mouton
Olivier Mouton Chef news

La distribution du courrier était perturbée depuis plus de deux semaines. Fumée blanche, après de derniers soubresauts. Mais des syndicats du rail évoquent une “bataille kamikaze” jusqu’à l’été, les profs grognent, une grève générale est programmée le 31 mars… Se rend-on compte que le monde est en plein bouleversement?

Est-ce enfin la fin de la galère? Des entreprises malmenées en raison des retards de livraison de pièces ou de documents importants. Des citoyens ennuyés par des commandes non livrées ou des colis attendus. Des producteurs de service ou des huissiers en mal de factures livrées. Voilà ce que l’on a vécu depuis plus de deux semaines.

La grève chez bpost s’est éternisée, du côté francophone surtout, et l’on est bien en droit de se demander pourquoi une telle durée historique? Un accord aurait été trouvé ce mercredi, enfin, mais que de dégâts! L’accord trouvé doit encore être soumis aux facteurs: vont-ils l’accepter, cette fois?

“Une balle dans le pied”

La sortie de crise est laborieuse. CGSP a encore quitté la table mardi, après que la “base” ait refusé un premier compromis en fin de semaine dernière. Pourquoi une telle guérilla? Est-ce la volonté de “faire mal à l’économie pour se faire entendre” exprimée par Thierry Bodson, président de la FGTB? Est-ce, osons poser la question, l’infiltration de plus en plus large par le PTB?

Car on ne parlait pas d’une longue bataille rangée pour acquérir les congés payés ou lutter contre un plan de restructuration dont le menace est réelle. Non, on évoquait une modification du plan “géoroute”. Bien sûr, la pénibilité du métier est réelle et des discussions étaient légitimes. Mais une telle cessation d’acitivité préjudiciable pour la crédibilité de l’entreprise, non, franchement. Chris Peeters, son CEO arrivé il y a un an, a affirmé à juste titre que les “syndicats se tiraient une balle dans le pied”.

Vous êtes soulagés par cet accord? Attendez, si vous avez aimé ces désagréments, ce n’est que le début.

Des grèves à n’en plus finir

Des syndicats du rail ont annoncée une grève de cinq jours à la SNCB, un autre de neuf jours, puis une “bataille kamikaze” jusqu’à l’été. Les uns et les autres se divisent, donc on ne sait pas encore vraiment. Mais cela va débrailler, c’est sûr.

“Il est primordial de ne pas tomber dans une action isolée et désordonnée qui affaiblirait le mouvement syndical, avertit Pierre Lejeune, président national de la CGSP Cheminots. Concrètement, des alternatives seront discutées au sein des instances syndicales, mais un minimum de deux jours de grève par mois est d’ores et déjà prévu jusqu’en juillet.” Une nouvelle guérilla, donc. Object du courroux? Le fait que l’on touche à des statuts spéciaux permettant le départ à la pesion à 55 ans.

Après la manifestation contre les pensions, puis celle contre le gouvernement, le front commun syndical a, par ailleurs, déposé un préavis de grève générale pour le 31 mars. La colère gronde chez les militaires également. Les enseignants ont déjà entamé une fronde contre la fin des nominations définitives. Des aéroports ont été affectés.

Cela grince de partout, surtout du côté francophone, et l’opposition en rajoute une couche. Que l’on se rassure, il ne s’agit “pas de faire tomber le gouvernement De Wever”. Mais de quoi s’agit-il, alors?

Les travailleurs impactés

Outre les désagréments insupportables que cela génère, ces grèves et manifesations sont d’autant plus regrettables qu’elles affectent aussi des travailleurs dont on peut assurer qu’ils voient leur métier changer de façon tout aussi considérable.

Surtout, faut-il être aveugle sur les changements du monde? La compétitivité européenne et belge est en lambeaux. Le bousculement géopolitique risque de heurter nos pays de plein fouet. Le vieillissement de la population rend notre système social plus fragile que jamais. Notre taux d’emploi, du côté francophone surtout, est indigne.

Quand le courrier n’arrive pas, que les trains ou les avions s’arrêtent, que l’on prolonge le combat de façon déraisonnable ou que l’on arrête le travail de façon purement préventive, les acteurs de l’économie s’irritent en silence. Aussi, est-ce possible de le dire? Faire mal à l’économie, voilà bien une attitude irresponsable.

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