Grèves à répétition: la stratégie syndicale de l’usure exaspère les usagers et inquiète les entreprises


Le marathon syndical a fait le choix de l’usure pour suivre le tempo de l’Arizona et dénoncer ses choix. Le résultat, c’est un agacement citoyen et une angoisse économique. Mais n’est-ce pas le but recherché? Et jusqu’où tiendront-ils?
Le “marathon syndical” est une stratégie d’usure. Assumée. Délibérée. La grève nationale de ce 29 avril succède à une autre, en mars, à des manifestations et à des mouvements dans les services publics et certains secteurs. C’est voulu.
Si cela a tendance à exaspérer les usagers et à inquiéter les entreprises, c’est… voulu également. Thierry Bodson, président de la FGTB, ne disait-il pas qu’il faut faire mal à l’économie pour être entendu.
Une stratégie à quatre étages
Marie-Hélène Ska (CSC) et Thierry Bodson justifient cette stratégie pour au moins quatre raisons.
Premièrement, cela permet de ne pas épuiser les troupes alors que le combat contre l’Arizona fédérale s’annonce de longue durée. L’indemnité d’un travailleur par jour de grève est de 40 euros, rappellent-ils, ce qui créerait un manque à gagner important en cas de grève illimitée, par exemple.
Deux: cette dynamique permet de mener un travail d’information à l’encontre des travailleurs sur l’impact des réformes, appuient-ils. C’est tellement vrai que cette contestation politique… a débuté avant que le gouvernement De Wever n’entre en fonction.
Trois: c’est un bruit de fond permanent qui accompagne les décideurs et est susceptible de peser sur l’aile plus à gauche de la majorité: Vooruit en premier lieu, mais aussi le CD&V et les Engagés. Même si la CSC a perdu son contact “unique” avec les partis chrétiens, l’interaction demeure.
Enfin, quatrièmement, cela permet d’épouser le rythme des réformes. En mai, la CGSP mène des actions dans les services publics, une manifestation du non-marchand est organisée, avanrt une concentration à Bruxelles. En septembre, manifestation nationale contre l’ensemble des mesures.
Irritations et inquiétudes
De là à savoir si cette stratégie paie… Dans le rail, on voit déjà l’épuisement d’une contestation nourrie alors que les ministres Crucke (Engagés, Mobilité) et Jambon (N-VA, Pensions) entrouvrent la voie du dialogue.
Le patronat, lui, moque par moments des mouvements qui ne sont guère suivis.
Les entreprises, cela dit, s’inquiètent de l’impact de ces mouvements qui entravent l’activité: si les travailleurs de débraient pas forcément, ils sont bloqués dans les transports, retenus par les barrages filtrants ou découragés par une dynamique générale… que n’aide pas le découplage des congés entre Flandre et Communauté française donnanrt l’impression d’une apathie prolongée.
L’inquiétude est d’autant plus vive que le climat international est anxiogène entre menaces de droits de douane et impact géopolitique.
Les citoyens, eux, sont un certain nombre à se féliciter de ces moments suspendus, a fortori cette semaine alors que le soleil brille. Mais les irritations dominent et ce n’est pas fini car les examens arrivent et les étudiants se font déjà un sang d’encre.
La stratégie de l’usure est une forme de guérilla qui semble oublier, aussi, que ce pays a besoin de réformes pour protéger les générations à venir. C’est le discours gouvernemental. Passe-t-il autant ou davantage que ce bruit de fond syndical?
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