Des milliers de manifestants du non marchand dans les rues de Bruxelles
La manifestation en front commun syndical à Bruxelles du secteur non marchand a pris fin peu avant 13h00, mardi, à proximité de la gare du Midi. Après quelques discours, la foule, partie peu avant 11h00 des abords de la gare du Nord, s’est en effet rapidement disloquée.
Les syndicats, réunis en front commun national et présents par milliers dans les rues de la capitale, entendent dénoncer la pénurie structurelle de personnel et les conditions de travail des infirmiers, aides-soignants, aides à domicile ou du personnel des crèches ou des institutions d’aide à la jeunesse.
Les secteurs de la santé et du bien-être manifestent une seconde fois cette année déjà et à nouveau tant aux niveaux fédéral que régional (les revendications étant les mêmes). Les affiliés dénoncent les bas salaires, les contrats instables, les conditions d’exercice épuisantes et la pénurie de personnel constatés au sein des corps de métiers concernés.
Après un premier rassemblement de masse fin janvier, les syndicats attendaient entre 10.000 et 20.000 personnes ce mardi. Ils étaient finalement 10.000 à 11.000 à répondre présents, selon les estimations des syndicats. De son côté, la zone de police de Bruxelles-Capitale/Ixelles en a compté quelque 7.000.
La plus faible participation de mardi n’est pas une surprise, explique-t-on du côté syndical. Le mois de juin est en effet une période plus difficile, car c’est à ce moment-là qu’un premier groupe de personnes part en vacances. S’ajoute à cela du personnel qui a préféré, face aux pénuries rencontrées, rester auprès des patients et des bénéficiaires plutôt que de se rendre à Bruxelles pour manifester.
Moins de personnel sur le terrain
Il y a en effet de moins en moins de personnel sur le terrain, regrettent la CNE, le Setca, la CGSLB, la CSC Services publics et la CGSP: collègues en incapacité de travail en raison de problèmes physiques ou psychiques, passage au temps partiel pour tenir le coup, fuite vers d’autres secteurs, … S’ajoutent à cela des difficultés de recrutement, les professions n’étant plus attractives.
Les rues de la capitale étaient noirs de monde, ou plutôt multicolores puisqu’aux couleurs rouge, vert et bleu, des syndicats CNE, Setca, CSC Services publics, CGSP et CGSLB et de leurs équivalents flamands. La manifestation devrait s’achever aux alentours de 13h00 à la Gare du Midi.
“Plus d’applaudissements, mais de l’action cette fois”, “Nos soins sont au top, mais notre patience s’épuise”, “Les soins tirent la sonnette d’alarme. Au secours, nous nous noyons”, pouvait-on notamment lire sur les affiches portées par les manifestants. Ceux-ci souhaitent en effet “plus de collègues pour des soins de qualité”. “Soignants en pénurie, au péril de vos vies”, “soignants fatigués, patients en danger”, justifiaient-ils. “Travaïe, ça suffit!”, “Soins de santé en danger, des mains, du temps et de l’humain”, “L’amour du métier ne paie pas ma facture”, dénonçaient d’autres. Des acteurs des soins de santé, “qualifiés hier (lors de la crise du Covid, NDLR) de héros, aujourd’hui de 0”, se demandaient “qui soignera les patients demain” et quel sera l’avenir de ces derniers.
De nombreux slogans déploraient “des déclarations, des engagements, et, au bout du compte, rien que du vent”. “Nous avons besoin de mains, pas de promesses qui ne sont jamais tenues”, abondaient des manifestants, dont le métier est “formidable”, et non “fort minable”.
Des métiers qui n’attirent plus comme avant
Les secteurs de la santé et du bien-être, déjà fragilisés avant même la pandémie de Covid-19, traversent en effet actuellement une crise profonde: métiers trop épuisants (physiquement et psychologiquement), exigeants et peu considérés, ils ne parviennent plus à attirer des jeunes qui doivent pourtant se former des années durant pour y accéder.
La pénurie de personnel n’affecte pas que les infirmiers, aides-soignants et aides à domicile, mais aussi la qualité des soins proposés. Les secteurs de l’aide à la jeunesse, de l’accueil de la petite enfance ou des entreprises de travail adapté sont également touchées.
Les syndicats estiment ne pas avoir été entendus malgré les avertissements répétés depuis fin 2022. Dans un communiqué commun, ils pointent notamment du doigt les budgets pour les années 2023-2024, qui ne prévoient aucune mesure de soutien aux secteurs sociaux et de santé. Outre une réduction collective du temps de travail, le front commun réclame de meilleures conditions d’exercice, davantage de soutien et une meilleure rémunération.
De son côté, le cabinet du ministre fédéral de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), a fait savoir qu’il recevra les syndicats la semaine prochaine.