Après 6 mois, la semaine de 4 jours ne fait toujours pas l’unanimité
Cela fait maintenant six bons mois que la semaine de 4 jours, issue du « deal pour l’emploi », à débarquer dans la vie de certaines entreprises. Cette nouvelle formule séduit-elle les employés ? Et les patrons ? Petit tour d’horizon.
Depuis le 20 novembre 2022, les travailleurs belges ont la possibilité d’exécuter un contrat de travail à temps plein en quatre jours. Cette mesure avait été adoptée dans le cadre du « deal pour l’emploi » et ce afin d’augmenter le nombre de personnes au travail (le fameux 80% de taux d’emploi à l’horizon 2030), et encourager une plus grande flexibilité entre vie professionnelle et vie privée.
En Belgique, cette semaine de 4 jours comme décrite dans le pacte emploi ne s’apparente pas à un travail à temps partiel ou à une réduction de la charge de travail. Il s’agit bien d’un travail à temps plein, mais la charge de travail de 5 jours est répartie sur 4 jours (avec un allongement de l’horaire journalier). Cet aménagement du travail se fait sans perte de salaire. Il ne s’agit donc pas d’un mécanisme de réduction du temps de travail, mais de compression de celui-ci.
La question divise
Si tout travailleur à temps plein peut en faire la demande à son employeur, ce dernier n’est pas obligé d’introduire cette mesure dans son entreprise. « Pour les PME qui luttent pour trouver des talents rares, il peut s’avérer payant de l’utiliser comme facteur de différenciation, bien que cela nécessite un certain travail de la part du département des ressources humaines » explique Jordane Houdart, conseillère PME chez SD Worx.
Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette semaine de 4 jours divise et partage les employeurs du pays… Six mois après son entrée en application, SD Worx a réalisé un sondage auprès de 481 chefs d’entreprise de PME, afin d’avoir un aperçu des défis auxquels ils sont confrontés. « Six mois après son introduction, 7 % des PME bruxelloises (et 3 % en Wallonie), soit une proportion limitée, ont déjà pris le train » souligne encore Jordane Houdart.
Des différences selon les régions
Si on prend Bruxelles pour commencer, seulement 7% des PME bruxelloises ont mis en place cette nouvelle forme de flexibilité du travail, alors qu’elles sont 30% à penser que l’initiative peut fortement contribuer à attirer et à retenir les employés, tout en estimant qu’un tiers des travailleurs (33%) sont intéressés par cette mesure.
En Wallonie, le pourcentage d’adoption de cette mesure au sein des PME est encore moindre, puisqu’il s’agit d’à peine 3%, et elles estiment à 21% les travailleurs intéressés par ce système. Pourtant, parmi les PME wallonnes, 41% s’attendent à des avantages provenant de cette forme de travail flexible, même si 34 % n’y croient pas.
En Flandre, souligne l’étude de SD Worx, le rapport est inversé : une PME sur cinq pense que la semaine de travail de quatre jours contribuera à attirer ou à retenir les travailleurs, 45% ne sont pas convaincus, et 35 % y sont neutres. Pour les PME du nord du pays, 18% des travailleurs seraient intéressés par cette mesure.
« Les PME les plus petites (<5 employés) ont les attentes les plus positives concernant l’initiative, précise la spécialiste de SD Worx. Néanmoins, la semaine de travail de quatre jours ne sera pas la solution idéale pour tout le monde. »
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La formule plaît plus aux jeunes
Une autre étude, menée par Acerta et Stepstone et publiée au mois de juin, démontrait, elle, que la plupart des Belges n’étaient pas attirés par la semaine de travail de quatre jours.
Ainsi, selon les chiffres d’Acerta, seul 0,5 % des travailleurs travaillaient de cette manière et près de six Belges actifs sur dix ( 57,4%) n’étaient pas favorables à la semaine de travail de quatre jours. Sans trop de surprise, c’étaient les jeunes de la vingtaine les plus séduits par cette nouvelle formule : 47,6 % des travailleurs âgés de 20 à 30 ans souhaiteraient cesser de travailler cinq jours complets. Et c’étaient les plus de 60 ans qui y prêtaient l’intérêt le plus faible (35,1 %).
Les principales raisons pour lesquelles les Belges souhaiteraient travailler moins de jours par semaine sont les suivantes : investir davantage dans sa vie personnelle (77,6 %), réduire la charge de travail globale (36,5 %) ou passer plus de temps avec ses enfants (29,3 %).
« La flexibilité en termes d’horaires de travail joue certainement un rôle dans la guerre des talents, conclut Jordane Houdart. N’oublions pas que nos employeurs belges ont souvent déjà introduit d’autres formes de flexibilité, telles que les horaires variables et la possibilité de travailler à domicile. Une partie du besoin de flexibilité des travailleurs est donc déjà satisfaite. »
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