“Diète numérique”en Flandre: fin de l’ordinateur individuel gratuit en primaire

Pour la ministre de l’Enseignement, prendre des notes avec du papier et un crayon est de loin préférable à la multiplication, dès le primaire, des ordinateurs personnels.
Le mieux est quelquefois l’ennemi du bien. En 2020, le confinement imposé par l’arrivée soudaine du coronavirus met cruellement à nu le retard accusé par l’enseignement flamand en matière d’informatisation, tant au niveau du matériel que de l’encadrement pédagogique. Voyant dans ce handicap une opportunité, Ben Weyts, alors ministre en charge de l’Éducation, décide de frapper un grand coup et lance le “Digisprong” (bond en avant numérique) avec pour point de départ, la cinquième année de l’enseignement primaire, celle au cours de laquelle chaque enfant de Flandre disposera gratuitement de son propre ordinateur portable.
Même partiellement apporté par l’Europe, le budget engagé, 375 millions d’euros, est énorme. À titre de comparaison, l’année précédente, 32 millions d’euros seulement avaient été investis dans la numérisation de l’enseignement.
Mais à trop mettre l’accent sur le côté matériel du problème, ce plan en arrivait à oublier l’humain. Une enquête menée l’année dernière par la Cour des comptes auprès de 58 écoles primaires et secondaires a ainsi fait apparaître qu’un tiers à peine de celles-ci estimait son équipe suffisamment compétente en matière numérique, que 40% des coordinateurs-TIC sont titulaires d’un diplôme non relié aux techniques de l’information et de la communication, que les critères didactiques ou pédagogiques l’emportent rarement sur le prix dans le choix d’un appareil et que seuls quatre établissements sur dix disposent d’un plan TIC actualisé. Lorsqu’ils existent, poursuit la Cour des comptes, ces plans sont souvent incomplets, trop généraux, manquent d’objectifs et ne comportent pas d’aperçu des coûts.
“Diète numérique”
“Où est la plus-value”, interroge Zuhal Demir, nouvellement en charge de l’Enseignement et particulièrement consternée par les mauvais résultats obtenus par la Flandre dans la récente enquête (2023) TIMSS – Trends in International Mathematics and Science Study – qui, tous les quatre ans, mesure dans une soixantaine de pays les acquis en mathématiques et en sciences des élèves de 4e année primaire et 2e année secondaire. Le recul enregistré par rapport à 2015 y est en effet important et d’autant plus agaçant que, durant la même période, nos trois voisins – France, Allemagne et Pays-Bas – ont amélioré leur score. Trop d’écran nuit à la concentration ainsi qu’aux prestations scolaires des enfants, affirme la ministre, qui veut une “diète numérique”.
Trop d’écran nuit à la concentration ainsi qu’aux prestations scolaires des enfants, affirme la ministre Zuhal Demir.
Au “Digisprong” succédera donc un “Digiplan“, avec pour mesure phare l’abandon de l’ordinateur individuel gratuit en primaire ainsi qu’un retour aux fondamentaux : lire, écrire, calculer. Ce dernier avait déjà été amorcé fin de l’année dernière lorsque la ministre avait exigé, au grand dam des éditeurs, la disparition, dans le primaire, des livres à compléter. Apprendre à écrire correctement lui paraît important, ne serait-ce que pour pouvoir, plus tard, rédiger des lettres d’amour, a-t-elle lyriquement expliqué, voici quelques jours, au Parlement flamand.
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