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Que nous enseigne le vivant sur la créativité ?
Innovation et créativité sont aujourd’hui plus que jamais au coeur des préoccupations de la plupart des entreprises.
Innovation et créativité sont aujourd’hui plus que jamais au coeur des préoccupations de la plupart des entreprises. L’innovation, c’est la capacité de changer la réalité ; la créativité, celle de changer notre perception de la réalité. Les deux sont intimement liés, même si l’on peut innover sans créativité (comme en améliorant les caractéristiques d’un produit sans en changer fondamentalement l’usage).
Or, aujourd’hui, nous sommes beaucoup à sentir que “le” système est à ce point en crise qu’il ne suffira pas d’innover ici ou là : il faut repenser ses fondements, en profondeur. Et cela requiert, à tous les niveaux, de la créativité.
Pourtant, la plupart des entreprises font-elles vraiment ce qu’il faut pour stimuler la créativité en leur sein ? Elles mettent en place des processus rigides, des contrôles, des KPI, des reportings, des départements spécialisés pour la stimuler et s’étonnent que “la” créativité tant désirée ne soit pas au rendez-vous. Pourquoi ?
Le philosophe Nicolas de Rauglaudre observe que la créativité est inhérente aux organismes vivants. Cette créativité leur est en effet nécessaire pour survivre. Ces derniers siècles, nous avons fait des progrès considérables dans notre compréhension du vivant mais, paradoxalement, nous l’avons fait le plus souvent en disséquant des cadavres. Résultat : la vie elle-même est trop souvent absente des concepts dualistes (processus/événement ; organisation/autonomie ; etc.) qui aident à nous représenter le monde. Or la vie traverse toutes les dualités. Ainsi dans le vivant, l’ordre se nourrit du désordre et réciproquement. De même, le vivant utilise le hasard pour se construire comme existence autonome, alors que la vision mécanique oppose hasard et nécessité. Nicolas De Rauglaudre nous aide ainsi à comprendre pourquoi la tendance actuelle, présente dans de nombreuses entreprises, à éliminer le hasard, à vouloir tout contrôler, y compris la créativité, est probablement le meilleur moyen de tuer la créativité.
Partageant ces considérations philosophiques, Gaëtan Dartevelle, fondateur de la société Greenloop, s’inspire du vivant pour formuler des principes capables de stimuler notre créativité et guider nos innovations technologiques et organisationnelles. Nous les avons regroupés ci-dessous :
1. Rien ne se perd mais tout se dissipe. La vie s’organise, bottom-up, autour d’un petit nombre de composants chimiques simples (carbone, oxygène, hydrogène et azote représentent à eux seuls 96 % de la matière vivante). Les composants du vivant s’assemblent et se désassemblent facilement. La qualité, temporaire, d’un organisme réside dans la concentration et la structure des matières qui le composent.
2. La vie optimise sa survie en diversifiant les formes à partir d’un nombre restreint de thèmes. La vie ne maximalise pas ; elle optimise ses formes eu égard à la fonction ou multifonctions qu’elle poursuit. Elle innove par essais et erreurs, générant de nombreuses variations, ses formes s’adaptant continuellement aux changements de l’environnement. La concurrence et la lutte des individus pour les ressources s’opère au sein d’un cadre où la collaboration prédomine pour assurer la survie et la reproduction de l’espèce. La survie et la reproduction des différentes formes de vie constituent à leur tour une “panarchie” (un emboîtement de systèmes) dont émerge un objectif commun : la perpétuation de la vie elle-même.
3. La vie se développe en exploitant une énergie gratuite. L’augmentation de la qualité matérielle des formes de vie sur terre est générée presque entièrement par le processus de photosynthèse alimenté par le soleil. Bien que la terre soit un système fermé en ce qui concerne la matière, elle est un système ouvert en ce qui concerne l’énergie. C’est ce flux permanent qui permet de renouveler structure et ordre à partir du désordre.
Force est de constater que nous oublions ou négligeons souvent ces principes : ainsi, les produits fabriqués par l’homme sont encore trop souvent composés d’éléments chimiques rares qu’il est difficile de désassembler ; nous avons tendance à maximiser plutôt qu’optimiser. En être conscient et intégrer les principes du vivant dans la conception de toutes les activités humaines n’est-il pas le premier pas vers une créativité humaine, susceptible d’assurer la survie de notre espèce ?
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