Pourquoi la nouvelle licorne d’eFounders n’est pas belge
La start-up française Spendesk vient d’être couronnée du statut de licorne, ces entreprises de la tech valorisées à 1 milliard. Un cocorico bleu-blanc-rouge pourtant initié depuis un studio belge de création de start-up…
Bien que tout le monde sache que les licornes n’existent pas, on commence (très doucement) à en voir en Belgique ou tout proche de nous. Si dans le numérique, on n’en compte que deux en Belgique (Collibra et Odoo), d’autres entreprises du digital valorisées à un milliard d’euros ont du sang belge dans les veines. Et c’est le cas de Spendesk officiellement devenue la “26e licorne française” en début de semaine suite à un tour de table de 100 millions d’euros. La fintech spécialisée dans la gestion des dépenses professionnelles est installée à Paris mais est active un peu partout dans le monde. Elle compte des bureaux à Paris, Londres, San Francisco, Berlin et Hambourg.
Techniquement, donc, Spendesk n’est pas belge: boîte française, dirigée par un CEO de l’Hexagone et investie par de l’argent majoritairement non belge. Pourtant, la nouvelle licorne n’est pas totalement étrangère au marché noir-jaune-rouge. Elle émane en effet du start-up studio à succès eFounders lancé il y a 11 ans à Bruxelles par le duo franco-belge Thibaud Elzière (le Français) et Quentin Nickmans (le Belge). Les deux multi-entrepreneurs ont depuis initié un véritable écosystème d’une trentaine de boîtes prometteuses dont Spendesk est la deuxième licorne (Aircall est la première). Une trajectoire parfaite pour le start-up studio qui, sur base d’idées originales de logiciels ( software as a service), développe des entreprises en recrutant les CEO, en les encadrant, puis en les laissant prendre leur “envol”, tout en constituant ainsi un portefeuille de participations.
Un certain retard belge
Chez eFounders, toutefois, on n’a jamais vraiment pensé en termes de pays. Le lieu de développement est choisi sur base de certains critères. D’abord le lieu où ils dénichent les talents qui porteront l’idée de boîte et en feront un succès. Ensuite, là où les entreprises ont le plus de chances d’être développées et de devenir un succès. “Il y a des talents en Belgique, observe Quentin Nickmans. Mais il faut reconnaître que notre marché enregistre toujours un certain retard sur l’ampleur du développement numérique et qu’il y a encore trop peu d’exemples de grandes réussites de start-up et scale-up. Or, on constate que c’est de premières grandes réussites de start-up et scale-up que naissent les écosystèmes et les talents capables de mener de nouvelles boîtes digitales vers la réussite. Là où sont nés de gros succès, on constate une force entrepreneuriale qui trouve plus facilement accès à des capitaux et à des environnements de recrutement des talents. Ces aspects-là sont clés dans la réussite de projets entrepreneuriaux.” Et Quentin Nickmans évoque les “mafias” (terme désignant les écosystèmes autour d’une start-up en vue) issues de projets ayant soit connu le succès, soit une croissance phénoménale… La “mafia eFounders”, quant à elle, se constitue plutôt pour le moment à Paris où le start-up studio dispose de sa plus grosse communauté. C’est là qu’elle va puiser l’essentiel de ses fondateurs de start-up. Aujourd’hui, parmi les projets les plus matures, aucun des fondateurs n’est belge. L’apparition de Belges à la tête de Cycle et Canyon, deux projets récents au sein d’eFounders, marque-t-elle l’amorce d’un changement?
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