Pour le chef de l’agence de l’énergie atomique, il est “irréaliste” de vouloir se passer du nucléaire
Il serait “irréaliste” d’espérer limiter le réchauffement de la planète sans recourir à l’énergie nucléaire, a insisté jeudi le patron de l’Agence internationale de l’énergie atomique lors d’un entretien avec l’AFP, reconnaissant toutefois que ce n’était pas une “baguette magique“.
Avec la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine, l’atome connaît un regain d’intérêt. “Ce n’est pas un raz-de-marée, mais c’est un signe clair que les pays regardent l’énergie nucléaire avec intérêt, et certains d’entre eux investissent ou réinvestissent dans le nucléaire“, commente Rafael Grossi lors de la COP27 en Egypte où le lobby nucléaire est présent de façon bien visible pour vanter cette énergie décarbonnée.
“Nous ne disons pas que le nucléaire est indispensable, ou une baguette magique pour résoudre ce problème“, note-t-il. Mais “enlever de l’équation” cette source d’énergie “serait irréaliste“. “La question est: combien en plus ? A quelle vitesse ? Et peut-on le faire?“, lance-t-il, soulignant l’intérêt dans de nombreux pays du monde, de la France aux Etats-Unis, de la Chine à l’Inde, de l’Afrique du Sud à l’Europe de l’Est.
“Donc c’est un phénomène mondial et c’est là que l’AIEA entre en jeu: comment le faire en toute sécurité“. Alors que de nombreux opposants au nucléaire, y compris dans la communauté des défenseurs du climat partagée sur ce sujet, mettent en avant les risques d’accidents, il a rejeté ces arguments, soulignant le “solide bilan sécuritaire” du nucléaire civil comparé aux autres technologies.
Réduire de 45% les émissions de GES
“Je ne veux pas que ce soit mal interprété ou vu comme une banalisation de ce qui s’est passé à Tchernobyl en 1986 ou à Fukushima en 2011“, insiste Rafael Grossi, soulignant que “nous n’évitons pas cette discussion” et “tirons les leçons” de ces “deux accidents traumatisants qui n’auraient pas dû se produire“.
Face à la science qui dit clairement qu’il faut réduire de 45% les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030, M. Grossi a également rejeté les arguments disant qu’avec le délai de construction des centrales, le recours à cette énergie arriverait trop tard.
“Il y a eu des cas, assez scandaleux, de débordement dans la durée de construction de centrales nucléaires”, note-t-il, mais “en moyenne“, “c’est plutôt sept ou même six ans“.
Mais “le nucléaire n’est pas la seule solution“, estime-t-il, mettant en avant les énergies renouvelables. “Dans l’optique de l’AIEA, il faut une combinaison heureuse entre les meilleures technologies disponibles à long terme“.
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